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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 3.1910

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Nr. 3
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Meier-Graefe, Julius: L' exposition d'art français du XVIIIe siècle à Berlin: correspondance d'Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0284

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CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE

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même chose se produise pour les maîtres français : je croirais volontiers qu’il
restera quelque chose du léger 'murmure, de la petite flamme brillante qui
animent ces salles. Le Berlinois, il est vrai, s’enthousiasme très vite et se désil-
lusionne de même. L’Académie est contiguë à un grand hôtel, et à Berlin tout
est un peu conforme à la vie d’hôtel; Berlin est une auberge confortable, où
affluent des voyageurs qui ne font que passer; peu restent plus de trois jours.
Je ne veux rien garantir, mais peut-être cette fois pourrait-il en être autrement.
D’abord, on ne renverra à l’étranger qu’une partie des œuvres exposées : les
principales resteront en Allemagne, car elles y sont depuis un siècle et demi,

LA DANSE, PAR NVATTEAU
(Collection de S. M. l'Empereur d’Allemagne.)

depuis une époque où les frontières entre l'Allemagne et la France n’étaient pas
aussi fermées, où la langue et les mœurs étaient les mêmes chez les deux nations,
pour leur plus grand bien. IL ne s’agit donc pas d’étrangers. Les étrangers,
c’étaient les Anglais : ces productions d’une société ploutocratique ne pouvaient
être, pour nous autres Allemands, qu’un avertissement de ce qui pourrait nous
advenir si nous ne songions qu’à l’argent et autres choses extérieures. Les
Français, au contraire, nous sont familiers : ils sont l’ornement de la plus belle
époque de la Prusse, alors qu’à Potsdam résidait le plus grand de nos princes,
qui, ausoird’une bataille gagnée ou perdue, rimait des odes qu’il envoyait ensuite
à Voltaire. Le plus précieux des tableaux exposés ici, La Danse, une petite tille
blonde en vêtement argenté qui, assise sur le sol, regarde un trio de trois petits
musiciens, appartient à l’héritier du Grand Frédéric. « Des poupées! » dira un
grincheux. — Oui, certes, des poupées : il n’y a ici aucune intention réaliste.
 
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