UN TABLEAU DE NICOLAS POUSSIN
AU MUSÉE DE TOULOUSE
e n’est pas un de ces tableaux qui attirent
dans un musée les premiers regards. II
est de dimensions moyennes1. II n’a ni
les avantages de la grandeur qui s’im-
pose de loin, ni ceux de la petitesse pré-
cieuse sur laquelle on se penche. Une
seule figure le remplit, vue à mi-corps
dans un paysage. Les proportions de cette
figure sont celles que les peintres appel-
lent « petite nature », qui ne sont pas
très logiques, qui ne furent jamais en
faveur auprès dupublic, et que les artistes habiles ont leplus souvent
évitées. La couleur est harmonieuse, mais elle n’a pas d’ëclat. Enfin,
la composition, très simple, nous montre le minimum de ce que fait
attendre un tel sujet : saint Jean-Baptiste, le Précurseur del’Homme-
Dieu, la voix clamant dans le désert, le dernier des Prophètes et
celui qui relie l’ancienne loi à la nouvelle, l’homme qui, par sa
pureté, son austérité, son ignorance de toute compromission, a
mérité le sublime éloge tombé des lèvres du Messie : <c De plus
grand que Jean-Baptiste, il n’en est pas parmi les hommes nés de la
femme ». Nous voyons ici un personnage qui semble assis et retourne
vers nous la tête comme pour nous adresser de's paroles qu’il appuie
d’un geste de son bras tendu. Ces paroles sont inscrites sur une
banderole blanche qui se déroule au bas du tableau à côté d’une
draperie rouge et d’une croix de roseau, On lit : ecce... dei qvi...
(Ecce Agnus Dei [ecce] qui tollit peccatum mundï)3. Celui qui efface
t. 62 centimètres de haut sur 45 de large.
2. Luc., VIII, 28.
3. Joan, I, 29.
45
XIV.
4’ PÉRIODE.
AU MUSÉE DE TOULOUSE
e n’est pas un de ces tableaux qui attirent
dans un musée les premiers regards. II
est de dimensions moyennes1. II n’a ni
les avantages de la grandeur qui s’im-
pose de loin, ni ceux de la petitesse pré-
cieuse sur laquelle on se penche. Une
seule figure le remplit, vue à mi-corps
dans un paysage. Les proportions de cette
figure sont celles que les peintres appel-
lent « petite nature », qui ne sont pas
très logiques, qui ne furent jamais en
faveur auprès dupublic, et que les artistes habiles ont leplus souvent
évitées. La couleur est harmonieuse, mais elle n’a pas d’ëclat. Enfin,
la composition, très simple, nous montre le minimum de ce que fait
attendre un tel sujet : saint Jean-Baptiste, le Précurseur del’Homme-
Dieu, la voix clamant dans le désert, le dernier des Prophètes et
celui qui relie l’ancienne loi à la nouvelle, l’homme qui, par sa
pureté, son austérité, son ignorance de toute compromission, a
mérité le sublime éloge tombé des lèvres du Messie : <c De plus
grand que Jean-Baptiste, il n’en est pas parmi les hommes nés de la
femme ». Nous voyons ici un personnage qui semble assis et retourne
vers nous la tête comme pour nous adresser de's paroles qu’il appuie
d’un geste de son bras tendu. Ces paroles sont inscrites sur une
banderole blanche qui se déroule au bas du tableau à côté d’une
draperie rouge et d’une croix de roseau, On lit : ecce... dei qvi...
(Ecce Agnus Dei [ecce] qui tollit peccatum mundï)3. Celui qui efface
t. 62 centimètres de haut sur 45 de large.
2. Luc., VIII, 28.
3. Joan, I, 29.
45
XIV.
4’ PÉRIODE.