DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Jamot, Paul: Un tableau de Nicolas Poussin au Musée de Toulouse
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
parler plus exactement, au lieu de la scène, que ce lieu soit l’œuvre
de la nature ou celle des hommes, montagnes, bois, rochers, rives
d’un fleuve, place d’une ville, temple ou palais. En même temps, Ies
acteurs du drame se multiplient et leurs proportions diminuent.
La palette, assez claire, avec quelques touches de tons vifs, par-
ticulièrement de bleu, dansune harmonie générale fauve etambre'e,
semble aussi celle qui caractérise les œuvres peintes un peu avant
ou un peu après 1630, par exemple les Bacchanales ou l’Inspiration
du Poè/e : c’est l’époque où Poussin, depuis peu en Italie, rece-
vait avec un ardent et libre enthousiasme la révélation du génie de
Titien. Ne devons-nous pas nous féliciter qu’une confidence presque
involontaire, mais à peine voilée, nous fasse connaître le visage et
l’expression d’un si grand homme à une heure si décisive de sa vie?
Le musée de Dresde possède un portrait de Poussin attribué à Fer-
dinand van Elle1. Cette œuvre d’un portraitiste expérimenté, facile,
nous montre le profil d’un cavalier à la mode de Louis XIII, peint
à la mode de van Dyck. Les longs cheveuxsont bruns, la moustache,
brune ainsi que la mouche qui souligne le contour du menton. Le
visage est presque maigre. II n’est pas impossible de retrouver sous
cette élégance banale et cette énergie convenue lës traits graves et
sévères de Poussin. Pour ma part, si je veux me représenter Pous-
sin dans les premiers temps de sa résidence à Rome, temps. si
féconds en actes et si riches de promesses, ce n’est pas le portrait de
Dresde, c’estle Saint Jean-Baptiste de Toulouse que j’interroge avec
confiance et respect.
PATJL JAMOT
1. M. Émile Magne (p. 51) a reproduit cette toile. II en discute l’attribution à
Ferdinand van Elle. Quant au modèle, l'e doute n’est guère permis, puisque
sur ié carton qui sert d’emblème et de désignation on lit ces mots : Si Nomen |
a me quaeris \ N. Poussin | 1640. Ge portrait a été gravé.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
parler plus exactement, au lieu de la scène, que ce lieu soit l’œuvre
de la nature ou celle des hommes, montagnes, bois, rochers, rives
d’un fleuve, place d’une ville, temple ou palais. En même temps, Ies
acteurs du drame se multiplient et leurs proportions diminuent.
La palette, assez claire, avec quelques touches de tons vifs, par-
ticulièrement de bleu, dansune harmonie générale fauve etambre'e,
semble aussi celle qui caractérise les œuvres peintes un peu avant
ou un peu après 1630, par exemple les Bacchanales ou l’Inspiration
du Poè/e : c’est l’époque où Poussin, depuis peu en Italie, rece-
vait avec un ardent et libre enthousiasme la révélation du génie de
Titien. Ne devons-nous pas nous féliciter qu’une confidence presque
involontaire, mais à peine voilée, nous fasse connaître le visage et
l’expression d’un si grand homme à une heure si décisive de sa vie?
Le musée de Dresde possède un portrait de Poussin attribué à Fer-
dinand van Elle1. Cette œuvre d’un portraitiste expérimenté, facile,
nous montre le profil d’un cavalier à la mode de Louis XIII, peint
à la mode de van Dyck. Les longs cheveuxsont bruns, la moustache,
brune ainsi que la mouche qui souligne le contour du menton. Le
visage est presque maigre. II n’est pas impossible de retrouver sous
cette élégance banale et cette énergie convenue lës traits graves et
sévères de Poussin. Pour ma part, si je veux me représenter Pous-
sin dans les premiers temps de sa résidence à Rome, temps. si
féconds en actes et si riches de promesses, ce n’est pas le portrait de
Dresde, c’estle Saint Jean-Baptiste de Toulouse que j’interroge avec
confiance et respect.
PATJL JAMOT
1. M. Émile Magne (p. 51) a reproduit cette toile. II en discute l’attribution à
Ferdinand van Elle. Quant au modèle, l'e doute n’est guère permis, puisque
sur ié carton qui sert d’emblème et de désignation on lit ces mots : Si Nomen |
a me quaeris \ N. Poussin | 1640. Ge portrait a été gravé.