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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 11.1881

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https://doi.org/10.11588/diglit.6800#0067
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44»* ANNEE. — N* «23

PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO

17 avril 1881.

RÉDACTION

81, r. Neuve-des-Petits-Champs

PARIS

ABONNEMENTS

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Un an....... 8 fr. »

Six mois..... 4 i

Trois mois... S »

adresser

Lettres et Mandats à M. Madré

directeur-gérant
81, r Neuve-des-Petits-Champs

ADMINISTRATION

81, r. Neuve-des-Petits-Champs

PARIS

ABONNEMENTS

PAYS DE L'UNION POSTALE

Un an....... ÎO fr. »

Six mois..... 5 »

Trois mois... S KO

annonces

Au bureau du Journal
et chez

M. Baudouin, 9, pl. de la Bourse

Jîn vente chez tous les correspondants du
Grelot. Carte comique pour suivre les opéra-
tions de la guerre de Tunisie, 10 centimes.

Macaroni aux Enfers

Il Signor Macaroni, premier ministre de S.M.le
roi d'Italie, est dans son cabinet, occupé à
déchiffrer des dépèches. Il sembic, ce qu'on
appelle dans le langage familier, légèrement '
mai miteux.

Macaroni.

Ma parole d'honneur, c'est incroyable!., et il
faut avouer que ces Français sont épatants !..
les voilà maintenant qui se mettent à vouloir
'demander raison des canailleries qué leur font
les sujets de notre bon ami le bey de Tunisl..
eux qu'on était en droit de croire si complète-
ment ruinés!., c'est fantastique!..

[Entre un majordome.)

Ah! c'est toi, Camemberti?.. Quelles hou-
velles ?

Camemberti.
Mauvaises, Excellence, mauvaises!

Macaroni.
Pour qui, mauvaises?

Camemberti.
Pour nous, per Dio !.. la France arme !..
Macaroni.

Pas possible !..

Camemberti.
Lisez, Excellence.

{Il remet à Macaroni une dépêche que celui-ci
parcourt en donnant les signes d'un violent
dépit. )

[Camemberti s"apercevant qu'il commence à dé-
tenir indiscret, se donne de l'air.)

Macaroni.

Il n'y a qu'un homme qui puisse me tirer
de là... c'est celle vieille canaillede Machiavell..
allons le consulter... ça me donnera une occa-
sion de visiter les enfers que je ne connais que
pour avoir vu Orphée à la Gailé... ce qui ne me
parait pas suffisant. Allons!..

(// frappe du pied, et disparaît dans une trappe
pratiquée sous son bureau.)

AUX EKFERS.

MACARONI, MACHIAVEL.
Macaroni.

Seigneur Machiavel, j'ai l'honneur de vous
présenter mes hommages... et çà va toujours
bien?

Machiavel.
Merci, pas mal... et vous ?

Macaroni.
Euhl.. euh!., la tête un peu lourde...

Machiavel.

C'est le printemps... quelques sangsues à
l'anus et il n'y paraîtra plus.

Macaroni, levant les bras au ciel.

Quel homme 1 il sait tout ! j'en userai, je
vous le promets'.... Mais j'étais venu pour
vous consulter sur un point délicat.
. Machiavel.

Parlez, mon cher Macaroni... je suis tout à
vous... surtout s'il s'agit de faire une petite
•turpitude.

Macaroni.

C'est cela précisément, seigneur Machiavel.
Machiavel.

Alors, allez-y !

Macaroni .

Voici la chose : vous n'ignorez pas que les
Français nous ont rendu les plus immenses
services.

Machiavel.
Je l'ai ouï dire.

Macaroni.

Us ont fait l'unité de l'Italie ; ils ont versé
pour nous leur sang sur viDgt champs de ba-
taille ; enfin, si nous sommes quelque chose,
c'est à eux que nous le devons. En revanche,
quand l'Allemagne les a écrasés en 18/0, nous
les avons lâchés, mais là... comme des verres
à bière !

Machiavel.
C'était déjà pas mal.

Macaroni.

Oui, mais il s'agirait maintenant de leur
prouver encore une fois notre reconnaissance
par la plus noire ingratitude.

Machiavel.

Très bien... et avez-vous un prétexte ?

Macaroni .

Macaroni.

Les sujetsdu bey de Tunis ont volé et assas-
siné quelques Français en Algérie. La France
part de là pour demander satisfaction au sus-
dit bey.

Machiavel.
C'est assez naturel.

Macaroni.
Oui, mais nous, ça nous embête.

Machiavel.

Pourquoi ?
Parce que.

Machiavel.
Voilà une raison.

Macaroni.
Est-ee que cela vous parait suffisant?

Machiavel.

Absolument. Il faut donc continuer sur ce
terrain-là... tâchez de vous adjoindre l'Alle-
magne et quand le moment sera venu, tomber
à bras raccourcis sur ces imbéciles qui vous
ont rendu tant de services.

Macaroni.

Oui, mais... si l'Allemagne vous lâche?.,
comme ça en a assez l'air, du reste.

Machiavel.
Et bien ? l'Italie Farà da se.

Macaroni.

Farà da se!... farà da sel.
flanquer une pile !..

Machiavel.

Allons donc... et puis, une pile de plus ou
de moins dans votre histoire !.. ça n'est pas ça
qui paraîtra beaucoup... D'ailleurs, les Fran-
çais sont si bons enfants, que je les crois en-
core capables de vous rendre un nouveau ser-
vice en couvrant votre emprunt de six cents
millions»

Macaroni, se roulant.

Ah ! ça, ce serait un comble I !

Machiavel.

Mon cher Macaroni, il y a tout à espérer des
gens honnêtes, sachez-le.

Macaroni.
Alors, il faut continuer à faire les malins?

, Machiavbl.
Continuez, mon cher, continuez... mais
pourtant... un dernier conseil... ne vous y fiez
pas trop !.. ils n'auraient qu'à être devenus
moins bêtes qu'autrefois ?..

Macaroni.

Enfin, nous allons toujours essayer... Si ça
passe, ça passera !

Nicolas Flammèche.

nous nous ferons

plir l'agrandissement du bâtiment, projeté et
en suspens depuis si longtemps.

Allons! chez nous, on'fera toujours tout à
demi ou tout en double.

X

A partir du 20 avril, on va reprendre les
visites bi-mensualles dans les égoûts.

Les personnes qui veulent y prendre part
sont libres de demander des cartes au préfet
de la Seine.

Si elle ont soin de dire qu'elles se nomment
sir Archibald Beatifol ou el serior Pablo y
Herman y Alvarez de Blagal'orte, il y a gros à
parier qu'on satisfera de suite à leur demande.

Au cas où elles si signaleraient simplement
comme faisant partie de la presse française
elles doivent s'attendre à ce qu'on ne leur
réponde même pas.

X

Le Figaro donne des détails sur le frère de
Paul Dé'rouîède, frère qui vient d'être envoyé
en Tunisie.

Afin de ne pas nous laisser distancer par
notre confrère, nous donnerons, dans notre
prochain numéro, la biographie du neveu du
cousin de là bru du parrain du frère delà tante
à la mode de Bretagne de Pancrace Poireau,
le meilleur valseur de l'Elys' Montml

X

Fin d'un couplet trissé à la première des

Poupées de VInfante:

Quand à son luxe il est notoire:
Son cuisinier est excelient,
Et chez lui tout est en argent,
Tout... même jusqu'à sa baignoire!
Prière de ne voir nulle allusion!

légende. Eh bien je vous donne ma parole des
dimanches que rien n'est plus vrai.

Rendez la chemise, M. Grévy, si vous ne
voulez pas remporter une veste j

X

• devinette

A l'instar des journaux sérieux qui abrutis-
sent leurs lecteurs en leur proposant des de-
vinettes saugrenutes, le Grelot qui ne recule
devant aucun sacrifice offre à ses abonnés du
monde savant une petite version latine dont
nous donnerons la solution dans notre pro-
chain numéro.

S eu quo templa Cybella curiosi te appellave-
runt oves Tibulli mobile Solido post Similiter
causaque ego ambro te fumant quum de Suis. Si
Sol dat qui nunquam angelum lœtorum. Secum
saxa fini.

Lesdevineurs recevront... l'assurance de
nos compliments les plus distingués.

X

tout ce qu'on voudra

— Pardon , Medemoiselle , pourriez-vous
m'indiquer la rue Condorcet ?

— Monsieur je ne connais que le quai !...

i Montretout.

X

On va élever à Aueh une statue à Villaret-
Joyeuse, l'héroique marin du Vengeur.

Guibollard eût préféré que ce bronze com-
mémoratif fut coulé sur le lieu même de la
catastrophe.

X

Du 1b avril au iS juin, la pêche est fermée
dans les cours d'eau du département de la
Seine.

Les poissons de mer seuls continuent donc
à affluer aux balles... et même un peu partout,
surtout aux environs des bals des barrières.

X

S M. Tiseot, comme il en avait donné sa parole,
î est retourné en Allemagne purger une con-
\ damnation à trois ans de prison dont l'a frappé
j un conseil de guerre prussien,
j C'est payer trop cher le plaisir de jouer au I
i Régulus avec des gens aussi peu scrupuleux j
I que nos bons voisins.
I Ne pas user un peu de foi punique en pareille !
i occurance est impardonnable.

Oh! ce Tissot... est-il sot (pardon! je mets
I les volets pour être sûr de ne pas recommen-
" cer!)

Gbjngoibjs.

Nous vivons, en vérité, dans un temps où
\ le septicisme deviendra rapidement la reli-
: gion de tous, tant il nous faut de plus en plus
: douter de tout.

Quelle vérité apparaissait plus, incontestable
j que celle-ci :

\ « La presse est entièrement, idéalement li-
i bre, en Angleterre ».

Et voici qu'aujourd'hui, on procède, à Lon-
dres même, à des poursuites contre une ga-
\ zette allemande die Freiheil. Le mal est
\ peu grand, au demeurant. Le journal sera
I sans aucun doute acquitté. Au pis aller, une
\ condamnation lui ferait de la réclame et lut
i procurerait des lecteurs dont il n'a pas foison,
i En cas de suspension, il en serait quitte pour
; passereaux États-Unis et continuer de plus bel-
\ le à prêcher tout ce qui lui plairait.

BLAGUES ET GNONS

GAZETTE DE MONTRETOUT

Le Times nous reproche beaucoup de porter
atteinte à l'intégrité de l'empire ottoman.

Eh! que diable! c'est aux Ottomans d'abord,
ce me semble, de commencer à être intègres.

X

Le bey est, paraît-il, forcé de battre mon-
naie avec le nom du sultan.
Le pauvre homme !

X

La mobilisation des troupesdeslinees a châ- j
lier les Kroumirs, marche avec une lenteur J
inouie.

Cette opération si simple et si peu impor-
tante, a suffi à troubler au-delà de toute me- j
sure les bureaucrates empêtrés du ministère ;
de la guerre. :

On est, là, tout ef...faré de se voir contraint S
de sortir du doux et habituel Farre-nientc.

X

Nos cuirassés sont toujours tranquillement ,
à l'ancre à Toulon. .

Attendent-ils donc que la baie de la Gou-
lette soit pleine de torpilles pour aller se faire
voir de celui de Tunis ?

Décidément, je vois que ces lourdes et inu-
tiles machines nous flouent et trouve de plus
en plus superflu qu'on les renfloue.

X

On va installer l'Académie des sciences au

Luxembourg.

Les sciences de la Sorbonne étant dès lors
bien moins nombreuses, on va illico accom-

JLa Chemise du Prophète

Le Bey ou plutôt le Bébé de Tunis le prend
de bien haut avec nous. Un de nos amis qui
revient de Tunis, m'affirme que cet estimable
souverain a juré une haine mortelle à la
France parce que____

Mais c'est une histoire.

Or donc il paraîtrait que nous avons volé la
chemise du prophète Sheik El Mosehem.

Ce prophète était un personnage bien ex-
traordinaire.

Depuis cinquante ans il n'avait pas changé
de chemise. De là sa sainteté. Ilavait l'étrange
manie de dormir sur le toit de sa maison. De
temps en temps, il se promenait dans lesrues
armé d'une barre de fer. Quand une maison
lui convenait, il en brisait un carreau et en
prenait possession au nom de Mahomet. Les
habitants s'empressaient de déguerpir et le
Bey les indemnisait de son mieux, c'est-à-
dire pas du tout.

Sheik El Mosehem inspirait partout une ter-
reur superstitieuse. Il est mort il y a quel-
ques mois en léguant sa chemise crasseuse au
Bey. Cette chemise précieuse a été placée
dans une boite d'or et les fidèles, moyennant
finances, étaient admis à embrasser la clef.

Il y a quinze jours ou trois semaines, cette
boite a disparu.

— Ce sont les Français qui ont fait le coup,
s'est écrié le Bey. Guerre aux Français !

Et voilà comment la guerre sainte a été pro-
clamée et résolue en principe.

Tant que la chemise de Sheik El Mosehem
n'aura pas été retrouvée les Tunisiens nous
combattront sans pitié !

Je vous vois d'ici hausser les épaulas et me
taxer de simplicité pour avoir reproduit cette

X

Mais pourquoi,quand on se dit libéral, comme
le tcigkt Gladstone, commettre cette gaffe de
se mettre inutilement en contradiction avec
les principes libéraux, respectés même par
les tories 1

On ne s'arrête pas, sur le chemin des con-
cessions, Castelar en est une preuve, lui qui
vient de pousser l'opportunisme jusqu'à faire
l'éloge de Canovos del Castillo ! Ayant obtenu
de Gladstone qu'il poursuive les socialistes,
Bismarck et Louis Mélikoff vont sans aucun
doute lui demander sous peu de les expulser,
— qui sait même, peut-être de les incarcérer
et de les pendre sans trop de procès, comme
cela se passe sur les rives de la Sprée et de la
Néva ?

X

En semblable occurence, Gladstone refu-
serait sans doute bien haut de céder, et trou-
verait, en sous-main, un moyen de satisfaire
ses bons confrères internationaux.

Il faut s'attendre à tout avec ce diable
d'homme. Sa paix, si généreusement octro-
yée au Transvaal après la victoire des héroï-
ques Boers, doublement dans leur droit, n'é-
tait-elle même qu'un leurre. Admirateurs
de ce juste et intègre lord-chie] de l'Echiquier,
lisez pour vous éclairer, les lignes suivantes,
découpées dans un petit journal Belge, l'Eu-
rope, fort bien renseignée ma foi, sur les affai-
res internationales :

« La Grande-Bretagne s'est engagée dans
une voie fatale : la crainte de ses hommes
politiques était de voir la ville de Pretoria, ca-
pitale de Transvaal, reliée comme il est ques-
tion, par un chemin de fer avec la côte de la
baie Delagoo, d'où les Boers pouraient répan-
dre les produits de leur sol dans le monde en-
tier sans passer par les comptoirs anglais.»

Aujourd'hui, l'Angleterre sent ses craintes
diminuer par le projet du gouvernement por-
tugais de céder aux anglais les possessions du
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