llme ANNEE. — N° 840
PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO
14 août 1881.
RÉDACTION
81, ' ne des Petits-Champ?, 81
PARIS
ABONNEMENTS
PABIS ET DEPARTEMENTS
8 fr. »
4 »
2 »
Un an.......
Six mois.....
Trois mois...
ADRESSER
Lettres et Mandats à M. Madré
directeur-gérant
81, Tue des Petits-Champs, 81
ADMINISTRATION
81, rue des Petits-Champt', 81
PARIS
ABONNEMENTS
PAYS DE L'UNION POSTALE
Un an....... ÎO fr. »
Six mois..... 5 »
Trois mois... 18 50
L'Agence lîwig, rue d'Amboise, 9
est seule chargée
de recevoir les annonces
pour le journal
PRIME GRATUITE
a tous les abonnés dbs journaux parisiens
Toute personne de la Province ou de l'un des
Pays de l'Cnion postale qui s'abonne par l'entre-
mise de M. Madré, directeur-gérant du Grelot, à
l'un des journaux désignés ci-après, a droit a un
abonnement gratuit au journal le Grelot, savoir :
Pour un abonnement d'un an : 6 mois au Grelot.
_ — de six mois : 3 mois —
_ — de 3 mois : l mois 1/2 —
L'abonnement à plusieurs journaux doublera,
triplera la durée de l'envoi gratuit du GRELOT.
MM. les Gérants de Cercles, Casinos, Cafés,
Hôtels, et généralement tous ceux qui s'abonnent
à de nombreux journaux, peuvent obtenir, outre
l'abonnement gratuit au GRELOT, certains avan-
tages qui leur seront indiqués sur demande.
PRIX D'ABONNEMENT
Aulx différents Journaux
Charivari............. 80 » 40 » 20 »
Civilisation........... 40 » 20 » 10 »
Constitutionnel....... 64 » 32 » 16 »
Défense............... 39 » 20 » lg »
Dix-Neuvième Siècle. 62 » 32 » 16 »
Droit.................. 64 » 32 » 16 »
Événement............ 64 » 32 » 16 »
Estafette.............. 48 » 25 » 13 »
pisaro................. 78 » 39 » 19 50
Français.............. 58 » 31 » 16 »
France................ 48 » 24 » 12 »
Gazette «e France,... 66 » 35 » 18 »
Gaulois................ 64 » 32 » 16 »
Gaz des Tribunaux. 72 » 36 » 18 »
Globe................. 48 » 24 » 12 »
Gil Blas............... 60 , 32 . 16 »
Illustration........... 36 » 18 » 9 »
Illust. London News. 45 » là » \l »
intransigeant......... 40 » 20 » 10 »
Journal des Débats .. 80 » 40 » 20 »
Justice................ 48 » 24 » 12 »
Liberté............... 48 » 25 » 13 »
Marseillaise........... 36 » 19 » 10 »
Moniteur universel... 72 » 38 » 20 »
Monde................. 45 » 23 » 12 »
Monde Illustré........ 24 » 13 » 7 . »
Mot «"Ordre.......... 36 » 19 » 10 »
Nouvelle Bévue....... 56 . 29 . 15 .
Parlement........... 60 » 30 » 15 »
Paris-Journal........ 48 » 25 » 13 50
Patrie................ 64 » 61 » lb »
Pays.................. 64 » 32 » 16 »
Presse ................ 48 » 25 » 13 »
Rappel................ 54 » 27 » 13 50
République française 64 » 32 » 16 »
Kevue des Dcux-Mon. 56 » 29 » 15 »
Siècle................. 64 » 32 . 16 »
Soir................... 30 » 16 » 8 »
Télégraphe........... 48 » 24'» 12 »
Temps................ 68 » 34 » 17 »
Times, de Londres---- 140 » 72 » 36 »
Univers................ 55 » 28 50 15 »
Union................. 68 » 35 » 18 »
Vérité................. 36 ■ 18 ■ 9.
Voltaire............... 60 » 30 » 15 »
Les prix qui précèdent sont ceux de la province.
Pour 1étranger, les demander par carte postale.
Pris par Z entremise du Grelot, les abonnements
à tous les autres journaux de Paris donnent éga-
lement droit à la Prime pendant un temps plus ou
moins long.
Les demandes d'abonnements ainsi que les
mandats ou chèques doivent être au nom de
M. MADRE, gérant du Grelot, 81, rue Neuve-des-
Petits-Champs, à Paris.
le réunion électorale
L'Electeur.
Monsieur...
COCARDEAU, député sortant, mais ayant
le plus vif désir de rentrer.
Un Electeur. Salle absolument vide.—
Cocardeau entre et regarde.
Personne !.. c'est singulier. J'avais convo-
que mes électeurs pour sept heures et demie...
il en est onze. Et je brûle du gaz... C'est bien
singulier !.. très singulier... Je dirai même
que ces gens-là se conduisent comme des pi-
gnoufs!.. enfin!., attendons... on dîne si
tard à présent !.. C'est égal, je commence a
me faire visux ici, moi.
[La forte s ouvre. Entre un monsieur qm
semble un peu paf et qui salue en se cognant à
toutes les chaises.)
Cocardeau atàCC enthousiasme.
Ali !.. voilà qu'on arrive ... ce n'est pas en-
core la foule... mais c'est déjà un très joli
commencement. (Aumonsieur.) Monsieui...
Cocardeau souriant.
Donnez-vous donc la peine d'entrer...
Le Monsieur, bafouillant un peu.
C'est. . ce que... je fais... trop bon... mille
fois... car ce sacré Duriveau vous a un Cham-
bertin !..
Cocardeau, à part.
Il est saoûl... bonne affaire U je ne le per-
suaderai que plus facilement, (haut) Si nous
ouvrions la séance, cher monsieur ?.. Mon-
sieur?..
L'Electeur.
Filoselle.
' Cocardeau.
Oh ! le joli nom !.. élégant !.. facile à rete-
nir... et bien porté !..
(Le monsieur orné de ce vocable finit par
trouver une chaise sur laquelle il s'affaisse.)
Cocardeau.
Nous sommes encore en bien petit nombre...
mais si nous ouvrions la séance tout de même
hein ?.. qu'en pensez-vous, cher monsieur
Filoselle ?
L'Electeur.
Ça me va... oui... autantçaqu'autrechose...
dans l'état où je suis, du reste !.. m'embêter
d'une façon ou d'une autre !..
(Cocardbau rougit, mais se contient.)
Allons-y
Cocardbau, à part.
Quel muffle !.. (haut.) Messieurs...
(L'Electeur regarde autour de lut avec iton-
nement.)
Oh ! — continue Cocardeau, —- affaire de
convention... l'habitude delà tribune... mes-
sieurs... vous comprenez ?.. c'est une for-
mule.
L'Electeur
Bon... bon... allons-y!..
Cocardeau.
J'ai l'honneur de venir à nouveau solliciter
celui de vous représenter ; et laissez-moi vous
dire, malgré ma modestie bien connue, que
je crois le mériter par la façon dont j'ai ac-
compli le mandat que vous m'aviez confié.
L'Electeur (rentrant peu à peu dans sa rai-
son. Effet produit parla douche oratoire
que lui administre Cocardeau!)
Ah ! ah 1 voyons.
Cocardeau
Vous m'aviez chargé de demander la révi-
sion de notre code civil.
L'Electeur
Oui.
Cocardeau
La séparation de l'Eglise et de l'Etat?
L'Electeur
Eu effet.
Cocardeau
L'amovibilité de la magistrature ?
L'Electeur
Je me le rappelle.
Cocardeau
Le divorce ?
L'Electeur
Parfaitement.
Cocardeau (avec orgueil. )
Eh bien... je n'ai rien demandé de tout
ee!a... (l'Electeur fait un bond) et j'ai voté
contre le reste ! (l'Eletceur pousse un cri
de fureur.)
L'Electeur
Et vous osez venir !...
Cocardeau (souriant avec calme)
Sans doute. J'ai même l'assurance qu'en me
dérobant à toutes les obligations que m'im-
posait mon mandat, j'ai servi au mieux les
intérêts de ma circonscription.
L'Electeur (absolument abruti.)
Mais alors... à quoi avez-vous passé vo-
tre temps ?
Cocardeau (avec fierté.)
J'ai touché mes appointements !
L'Electeur
Et après ?
Cocardeau
J'ai placé toute ma famille... un tas d'in-
trigants qui m'assommaient et qui me pre-
naient tout le temps que je devais à l'Etat et
à mes électeurs.
L'Electeur (froidement.)
Continuez.
Cocardeau
J'ai distribué des bureaux de tabacs, j'ai
encombré les administrations publiques de
tous les fils, neveux et cousins de ceux de
vous qui ont de l'influence ; j'ai, pour cela,
fait aux différents ministres toutes les con
cessions qu'ils m'ont demandées... J'ai exé'
cuté des courbettes à rendre jaloux les clowns
du Cirque ; j'ai voté contre ma conscience
enfin il n'est platitudes que je n'aie accomplies
à la seule fin de garder vos voix.
Et vous me demandez quels sont les droits
que je viens invoquer auprès de vous, mes
sieurs ?... ces droits, les voilà !... et j'ose
me flatter que, si vous me continuez votre
confiance, je serais à cette prochaine session
aussi inutile, aussi muet, aussi indifférent aux
grandes réformes sociales que je l'ai été jus-
qu'à présent.
(Sur cette conclusion, Cocardeau, enchanté,
avale d'un trait son verre d'eau sucrée.
Pendant la péroraison de son discûurs,
Filoselle, complètement dégrisé est allé
tout doucement prendre un balai oublié
dans un coin de la salle. Le dernier mot
de Cocardeau lâché, le digne électeur saute
à la tribune et exécute avec son candidat
la scène de Polichinelle avec le Commis-
saire.)
Cocardeau (hurlant)
Aïe !... aïe 1... oh !... ah !... hi 1...
L'Electeur
Tiens pitre 1... farceur !... saltimbanque!...
la voilà, ma voix I... la sens-tu hein?... (Co-
cardeau tombe évanoui.)
Et si tous les républicains de Fraace sont
comme m<5i... on vous en donnera du balai...
à toi et à tes semblables !.. • et vous ne l'au-
rez pas volé...
Nicolas Flammèche.
BLAGUES ET GNONS
La population de l'Irlande est aujourd'hui,
d'après le dernier recensement, de o,14&,849
habitants.
Elle a diminué de 3 millions depuis 40 ans.
— Et, grâce au nouveau Land-Bill, me disait
cyniquement un banquier anglais, on espère
poursuivre plus hativemect encore l'amortis-
sement de la population irlandaise.
X
Aleur tir fédéral, tenucétleannée àFribourg,
les Suisses ont déclaré qu'ils m rêvaient point
de conquête.
Si la Belgique, le Luxembourg, le prince de
Monaco et la république d'Andorre avaien t la
généreuse pensée de faire solennellement une
semblable déclaration, quel essor prendrait
notre commerce, ainsi rassuré contre Ljs plus
menaçantes des complications extérieures
éventuelles.
X
S. M. hawaïenne Kalakana vient de pronon-
cer un discours dans lequel elle déclare que
les îles Honolulu ont été éclairées par la truelle
du maçon.
Quel" malheur que cette truelle lumineuse
munque à l'exposition d'électricité l
X
A Bruxelles, à partir de la mi-août (pardon I)
grand exposition de chats.
Le duc d'A... se refusera certainement à
payer les vingt sous d'entrée.
Il est trop rat pour cela.
Buridan.
ZIG-ZAGS
calme plat
A part quelques rares circonscriptions, on
ne se doute réellement pas que nous sommes
en pleine période électorale.
Dans les trois quarts des arrondissements,
les députés sortants n'ont pas de concurrents,
ou en ont du genre peu redoutable de Bertron,
le fameux humanitaire et de feu l'archi-père
Gagne, ce roi des fumistes.
Aussi nos aimables 363 en prennent-ils à
leur aise avec leurs électeurs : telles ces com-
pagnies jouissant d'un monopole écorchent
leurs clients leur disant d'un air gogue-
nard :
— Si vous n'êtes pas contents, allez vous
adresser au voisin.
On ne se donne même plus la peine de faire
un programme.
On pose des affiches multicolores avec son
nom, voilà tout.
Quant à la manière dont on rend compte de
son mandat aux électeurs, elle est absolument
réjouissante.
exorde
Electeurs, leur dit-on,
Bons électeurs,
Brillants électeurs,
Huileux électeurs.,
argumentation
Je ne vous dirai pas au juste ce que j'ai fait
dans l'intérêt général.
Je n'en sais rien moi-même.
Mais en revanche, comme j'ai travaillé dans
l'intérêt particulier de l'arrondissement et
de tous ceux de vous qui se sont adressés à
moi.
Trifouilly-les-Pucerons a eu un pont ;
Ramolliville, un clocher réparé et haussé de
deux étages, alors que le candidat officiel
sous l'Empire ne l'avait fait exhausser que
d'un.
Crétigny-les-Chaussettes, une belle mai-
rie;
Idiotcourt, un chemin vicinal ;
Bètinard-la-Bonneboule, un canal ;
Châteaucrétin un chemin de fer.
J'ai fait créer cinq nouveaux bureaux de
poste ;
Placé onze facteurs ruraux ;
Obtenu du ministre de l'instruction publi-
que six cent trente-trois palmes d'officiers
d'Académie ;
Appuyé sept mille demandes de sursis pour
des gens valides que cela embêtait de faire
leurs vingt-huit jours ;
Placé dans diverses administrations cent
vingt-deux de mes électeurs ;
Fait obtenir à trois cent cinquante-sept de
ceux-ci des faveurs auxquelles ils n'avaient
aucun droit :
Et payé sept cent soixante-quatre fois à dé-
jeuner et à diner à des compatriotres de pas-
sage à Paris.
péroraison
Ce sont là des titres sérieux à votre recon-
naissance, j'imagine.
Aussi je ne doute pas que vous allez vous
empresser de me renommer cette fois encore.
Je suis au mieux avec Gambetta,
Je tutoie Duhamel,
Je paie la goutte à Trompette,
Gomme je suis un tantinet moins fort au
billard et aux échecs que Grévy, celui-ci adore
jouer avec moi,
C'est vous dire que je puis vous rendre
d'excellents services.
PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO
14 août 1881.
RÉDACTION
81, ' ne des Petits-Champ?, 81
PARIS
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PABIS ET DEPARTEMENTS
8 fr. »
4 »
2 »
Un an.......
Six mois.....
Trois mois...
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Lettres et Mandats à M. Madré
directeur-gérant
81, Tue des Petits-Champs, 81
ADMINISTRATION
81, rue des Petits-Champt', 81
PARIS
ABONNEMENTS
PAYS DE L'UNION POSTALE
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Six mois..... 5 »
Trois mois... 18 50
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est seule chargée
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pour le journal
PRIME GRATUITE
a tous les abonnés dbs journaux parisiens
Toute personne de la Province ou de l'un des
Pays de l'Cnion postale qui s'abonne par l'entre-
mise de M. Madré, directeur-gérant du Grelot, à
l'un des journaux désignés ci-après, a droit a un
abonnement gratuit au journal le Grelot, savoir :
Pour un abonnement d'un an : 6 mois au Grelot.
_ — de six mois : 3 mois —
_ — de 3 mois : l mois 1/2 —
L'abonnement à plusieurs journaux doublera,
triplera la durée de l'envoi gratuit du GRELOT.
MM. les Gérants de Cercles, Casinos, Cafés,
Hôtels, et généralement tous ceux qui s'abonnent
à de nombreux journaux, peuvent obtenir, outre
l'abonnement gratuit au GRELOT, certains avan-
tages qui leur seront indiqués sur demande.
PRIX D'ABONNEMENT
Aulx différents Journaux
Charivari............. 80 » 40 » 20 »
Civilisation........... 40 » 20 » 10 »
Constitutionnel....... 64 » 32 » 16 »
Défense............... 39 » 20 » lg »
Dix-Neuvième Siècle. 62 » 32 » 16 »
Droit.................. 64 » 32 » 16 »
Événement............ 64 » 32 » 16 »
Estafette.............. 48 » 25 » 13 »
pisaro................. 78 » 39 » 19 50
Français.............. 58 » 31 » 16 »
France................ 48 » 24 » 12 »
Gazette «e France,... 66 » 35 » 18 »
Gaulois................ 64 » 32 » 16 »
Gaz des Tribunaux. 72 » 36 » 18 »
Globe................. 48 » 24 » 12 »
Gil Blas............... 60 , 32 . 16 »
Illustration........... 36 » 18 » 9 »
Illust. London News. 45 » là » \l »
intransigeant......... 40 » 20 » 10 »
Journal des Débats .. 80 » 40 » 20 »
Justice................ 48 » 24 » 12 »
Liberté............... 48 » 25 » 13 »
Marseillaise........... 36 » 19 » 10 »
Moniteur universel... 72 » 38 » 20 »
Monde................. 45 » 23 » 12 »
Monde Illustré........ 24 » 13 » 7 . »
Mot «"Ordre.......... 36 » 19 » 10 »
Nouvelle Bévue....... 56 . 29 . 15 .
Parlement........... 60 » 30 » 15 »
Paris-Journal........ 48 » 25 » 13 50
Patrie................ 64 » 61 » lb »
Pays.................. 64 » 32 » 16 »
Presse ................ 48 » 25 » 13 »
Rappel................ 54 » 27 » 13 50
République française 64 » 32 » 16 »
Kevue des Dcux-Mon. 56 » 29 » 15 »
Siècle................. 64 » 32 . 16 »
Soir................... 30 » 16 » 8 »
Télégraphe........... 48 » 24'» 12 »
Temps................ 68 » 34 » 17 »
Times, de Londres---- 140 » 72 » 36 »
Univers................ 55 » 28 50 15 »
Union................. 68 » 35 » 18 »
Vérité................. 36 ■ 18 ■ 9.
Voltaire............... 60 » 30 » 15 »
Les prix qui précèdent sont ceux de la province.
Pour 1étranger, les demander par carte postale.
Pris par Z entremise du Grelot, les abonnements
à tous les autres journaux de Paris donnent éga-
lement droit à la Prime pendant un temps plus ou
moins long.
Les demandes d'abonnements ainsi que les
mandats ou chèques doivent être au nom de
M. MADRE, gérant du Grelot, 81, rue Neuve-des-
Petits-Champs, à Paris.
le réunion électorale
L'Electeur.
Monsieur...
COCARDEAU, député sortant, mais ayant
le plus vif désir de rentrer.
Un Electeur. Salle absolument vide.—
Cocardeau entre et regarde.
Personne !.. c'est singulier. J'avais convo-
que mes électeurs pour sept heures et demie...
il en est onze. Et je brûle du gaz... C'est bien
singulier !.. très singulier... Je dirai même
que ces gens-là se conduisent comme des pi-
gnoufs!.. enfin!., attendons... on dîne si
tard à présent !.. C'est égal, je commence a
me faire visux ici, moi.
[La forte s ouvre. Entre un monsieur qm
semble un peu paf et qui salue en se cognant à
toutes les chaises.)
Cocardeau atàCC enthousiasme.
Ali !.. voilà qu'on arrive ... ce n'est pas en-
core la foule... mais c'est déjà un très joli
commencement. (Aumonsieur.) Monsieui...
Cocardeau souriant.
Donnez-vous donc la peine d'entrer...
Le Monsieur, bafouillant un peu.
C'est. . ce que... je fais... trop bon... mille
fois... car ce sacré Duriveau vous a un Cham-
bertin !..
Cocardeau, à part.
Il est saoûl... bonne affaire U je ne le per-
suaderai que plus facilement, (haut) Si nous
ouvrions la séance, cher monsieur ?.. Mon-
sieur?..
L'Electeur.
Filoselle.
' Cocardeau.
Oh ! le joli nom !.. élégant !.. facile à rete-
nir... et bien porté !..
(Le monsieur orné de ce vocable finit par
trouver une chaise sur laquelle il s'affaisse.)
Cocardeau.
Nous sommes encore en bien petit nombre...
mais si nous ouvrions la séance tout de même
hein ?.. qu'en pensez-vous, cher monsieur
Filoselle ?
L'Electeur.
Ça me va... oui... autantçaqu'autrechose...
dans l'état où je suis, du reste !.. m'embêter
d'une façon ou d'une autre !..
(Cocardbau rougit, mais se contient.)
Allons-y
Cocardbau, à part.
Quel muffle !.. (haut.) Messieurs...
(L'Electeur regarde autour de lut avec iton-
nement.)
Oh ! — continue Cocardeau, —- affaire de
convention... l'habitude delà tribune... mes-
sieurs... vous comprenez ?.. c'est une for-
mule.
L'Electeur
Bon... bon... allons-y!..
Cocardeau.
J'ai l'honneur de venir à nouveau solliciter
celui de vous représenter ; et laissez-moi vous
dire, malgré ma modestie bien connue, que
je crois le mériter par la façon dont j'ai ac-
compli le mandat que vous m'aviez confié.
L'Electeur (rentrant peu à peu dans sa rai-
son. Effet produit parla douche oratoire
que lui administre Cocardeau!)
Ah ! ah 1 voyons.
Cocardeau
Vous m'aviez chargé de demander la révi-
sion de notre code civil.
L'Electeur
Oui.
Cocardeau
La séparation de l'Eglise et de l'Etat?
L'Electeur
Eu effet.
Cocardeau
L'amovibilité de la magistrature ?
L'Electeur
Je me le rappelle.
Cocardeau
Le divorce ?
L'Electeur
Parfaitement.
Cocardeau (avec orgueil. )
Eh bien... je n'ai rien demandé de tout
ee!a... (l'Electeur fait un bond) et j'ai voté
contre le reste ! (l'Eletceur pousse un cri
de fureur.)
L'Electeur
Et vous osez venir !...
Cocardeau (souriant avec calme)
Sans doute. J'ai même l'assurance qu'en me
dérobant à toutes les obligations que m'im-
posait mon mandat, j'ai servi au mieux les
intérêts de ma circonscription.
L'Electeur (absolument abruti.)
Mais alors... à quoi avez-vous passé vo-
tre temps ?
Cocardeau (avec fierté.)
J'ai touché mes appointements !
L'Electeur
Et après ?
Cocardeau
J'ai placé toute ma famille... un tas d'in-
trigants qui m'assommaient et qui me pre-
naient tout le temps que je devais à l'Etat et
à mes électeurs.
L'Electeur (froidement.)
Continuez.
Cocardeau
J'ai distribué des bureaux de tabacs, j'ai
encombré les administrations publiques de
tous les fils, neveux et cousins de ceux de
vous qui ont de l'influence ; j'ai, pour cela,
fait aux différents ministres toutes les con
cessions qu'ils m'ont demandées... J'ai exé'
cuté des courbettes à rendre jaloux les clowns
du Cirque ; j'ai voté contre ma conscience
enfin il n'est platitudes que je n'aie accomplies
à la seule fin de garder vos voix.
Et vous me demandez quels sont les droits
que je viens invoquer auprès de vous, mes
sieurs ?... ces droits, les voilà !... et j'ose
me flatter que, si vous me continuez votre
confiance, je serais à cette prochaine session
aussi inutile, aussi muet, aussi indifférent aux
grandes réformes sociales que je l'ai été jus-
qu'à présent.
(Sur cette conclusion, Cocardeau, enchanté,
avale d'un trait son verre d'eau sucrée.
Pendant la péroraison de son discûurs,
Filoselle, complètement dégrisé est allé
tout doucement prendre un balai oublié
dans un coin de la salle. Le dernier mot
de Cocardeau lâché, le digne électeur saute
à la tribune et exécute avec son candidat
la scène de Polichinelle avec le Commis-
saire.)
Cocardeau (hurlant)
Aïe !... aïe 1... oh !... ah !... hi 1...
L'Electeur
Tiens pitre 1... farceur !... saltimbanque!...
la voilà, ma voix I... la sens-tu hein?... (Co-
cardeau tombe évanoui.)
Et si tous les républicains de Fraace sont
comme m<5i... on vous en donnera du balai...
à toi et à tes semblables !.. • et vous ne l'au-
rez pas volé...
Nicolas Flammèche.
BLAGUES ET GNONS
La population de l'Irlande est aujourd'hui,
d'après le dernier recensement, de o,14&,849
habitants.
Elle a diminué de 3 millions depuis 40 ans.
— Et, grâce au nouveau Land-Bill, me disait
cyniquement un banquier anglais, on espère
poursuivre plus hativemect encore l'amortis-
sement de la population irlandaise.
X
Aleur tir fédéral, tenucétleannée àFribourg,
les Suisses ont déclaré qu'ils m rêvaient point
de conquête.
Si la Belgique, le Luxembourg, le prince de
Monaco et la république d'Andorre avaien t la
généreuse pensée de faire solennellement une
semblable déclaration, quel essor prendrait
notre commerce, ainsi rassuré contre Ljs plus
menaçantes des complications extérieures
éventuelles.
X
S. M. hawaïenne Kalakana vient de pronon-
cer un discours dans lequel elle déclare que
les îles Honolulu ont été éclairées par la truelle
du maçon.
Quel" malheur que cette truelle lumineuse
munque à l'exposition d'électricité l
X
A Bruxelles, à partir de la mi-août (pardon I)
grand exposition de chats.
Le duc d'A... se refusera certainement à
payer les vingt sous d'entrée.
Il est trop rat pour cela.
Buridan.
ZIG-ZAGS
calme plat
A part quelques rares circonscriptions, on
ne se doute réellement pas que nous sommes
en pleine période électorale.
Dans les trois quarts des arrondissements,
les députés sortants n'ont pas de concurrents,
ou en ont du genre peu redoutable de Bertron,
le fameux humanitaire et de feu l'archi-père
Gagne, ce roi des fumistes.
Aussi nos aimables 363 en prennent-ils à
leur aise avec leurs électeurs : telles ces com-
pagnies jouissant d'un monopole écorchent
leurs clients leur disant d'un air gogue-
nard :
— Si vous n'êtes pas contents, allez vous
adresser au voisin.
On ne se donne même plus la peine de faire
un programme.
On pose des affiches multicolores avec son
nom, voilà tout.
Quant à la manière dont on rend compte de
son mandat aux électeurs, elle est absolument
réjouissante.
exorde
Electeurs, leur dit-on,
Bons électeurs,
Brillants électeurs,
Huileux électeurs.,
argumentation
Je ne vous dirai pas au juste ce que j'ai fait
dans l'intérêt général.
Je n'en sais rien moi-même.
Mais en revanche, comme j'ai travaillé dans
l'intérêt particulier de l'arrondissement et
de tous ceux de vous qui se sont adressés à
moi.
Trifouilly-les-Pucerons a eu un pont ;
Ramolliville, un clocher réparé et haussé de
deux étages, alors que le candidat officiel
sous l'Empire ne l'avait fait exhausser que
d'un.
Crétigny-les-Chaussettes, une belle mai-
rie;
Idiotcourt, un chemin vicinal ;
Bètinard-la-Bonneboule, un canal ;
Châteaucrétin un chemin de fer.
J'ai fait créer cinq nouveaux bureaux de
poste ;
Placé onze facteurs ruraux ;
Obtenu du ministre de l'instruction publi-
que six cent trente-trois palmes d'officiers
d'Académie ;
Appuyé sept mille demandes de sursis pour
des gens valides que cela embêtait de faire
leurs vingt-huit jours ;
Placé dans diverses administrations cent
vingt-deux de mes électeurs ;
Fait obtenir à trois cent cinquante-sept de
ceux-ci des faveurs auxquelles ils n'avaient
aucun droit :
Et payé sept cent soixante-quatre fois à dé-
jeuner et à diner à des compatriotres de pas-
sage à Paris.
péroraison
Ce sont là des titres sérieux à votre recon-
naissance, j'imagine.
Aussi je ne doute pas que vous allez vous
empresser de me renommer cette fois encore.
Je suis au mieux avec Gambetta,
Je tutoie Duhamel,
Je paie la goutte à Trompette,
Gomme je suis un tantinet moins fort au
billard et aux échecs que Grévy, celui-ci adore
jouer avec moi,
C'est vous dire que je puis vous rendre
d'excellents services.