11- ANNEE. — N*
PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO
20 novembre 1881.
RÉDACTION
8t, me des PetUs-Ohampt, 81
PARIS
ABONNEMENTS
PARIS ET DÉPARTEMENTS
Un an....... 8 fr. >
Six mois..... 4 »
Trois mois... * »
adresser
ettres et Mandats à M. madré
directeur-gérant
81, me des Petits-Champs, 81
ADMINISTRATION
81, rue des Petits-Champs, 81
PARIS
ABONNEMENTS
PAYS DE LUNION POSTALE
Un an....... ÎO fr. »
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LAgence Ewig, rue dAmboise, 9
est seule chargée
de recevoir les annonces
pour le ;ournal
PRIME GRATUITE
a. tous les abonnés des journaux parisiens
Toute personne de la Province ou de l'un des
Pays de l'Union postale qui s'abonne par l'entre-
mise de M. Madré, directeur-gérant du Grelot, à
l'un des journaux désignés ci-après, a droit à un
abonnement gratuit au journal le Grelot, savoir :
Pour un abonnement d'un an : 6 mois au Grelot.
— — de six mois : 3 mois —
— — de 3 mois : 1 mois 1/j —
L'abonnement à plusieurs journaux doublera,
triplera la durée de l'envoi gratuit du GRELOT.
MM. les Gérants de Cercles, Casinos, Cafés,
Hôtels, et généralement tous ceux qui s'abonnent
à de nombreux journaux, peuvent obtenir, outre
l'abonnement gratuit au GRELOT, certains avan-
tages qui leur seront indiqués sur demande.
PRIX D'ABONNEMENT
Aux différents Journaux
Charivari.............
Civilisation ...".......
Constitutionnel.......
Défense...............
Dix-Neuvième Siècle.
Droit..................
Événement............
Estafette..............
Figaro.................
Français..............
France................
Claeette de France,...
Gaulois................
Gaz. des Tribunaux
Globe................
Gil UUs ............
Illun.rulion...........
Illust. I,»ndon News
Intransigeant.........
Journal des Débat*..
Justice................
Liberté...............
Marseillaise..........
Moniteur universel...
Monde..............
Monde Illustré........
Mot f-'Drdre..........
.\ "nivelle Hevue.......
Parlement...........
Paris.................
Pnri»-Affiches........
Paris-Journal ..
Patrie................
Pays.................
• Presse................
Rappel................
République française
Hevue des Deux-Mon.
Siècle................
Soir...................
Télégraphe..........
Temps...............
Times, de Londres....
Univers...............
Union .....
Union Républicaine..
Vérité................
Voltaire..............
Les prix qui précèdent sont ceux de la province.
Pour 1 étranger, tes demander par carte postale.
Pris par iemtrrmise du Grelot, (es abonnements
à tous les autres journaux de Paris donnent éga-
Itment droit à la Prime pendant un temps plus.ou
moins long.
Les demandes- d'abonnements ainsi que les
mandats ou, chèques doivent être au nom de
M. MADRE, garaDt du Grelot, 8U rue Neuve-des-
Petits-ChampB, à Paris.
Le Grand Ministère
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Faut-il en croire ceux qui soutiennent la
thèse de la perpétuelle reproduction des
mêmes faits, et dresser des cycles d'événe-
ments politiques,comme on a établi les cycles
astronomiques, lunaire et solaire V
Nous nous sentons d'invincibles dispositions
à nous ranger à cette opinion. *
Il y a quatre ans, en effet, après une écla-
tante manifestation de la volonté nationale, et
avec des difficultés inouïes, Mac Mahon finis-
sait par accoucher d'un ministère Rochebouët,
composé en écrasante majorité d'inconnus.
Aujourd'hui, le peuple ayant eu de nouveau
la parole,et la Chambre t'étant montrée encore
plus plate que sa devancière, à la suite d'une
laborieuse gestation, Gambetta finit par accou-
cher d'un ministère.
X
Et quel ministère 1
Depuis qu'il a pressenti ses hautes des-
tinées,
At home, entre Clémentine et Laurier,
A l'estaminet, entre une pipe et un bock,
Au Palais-Bourbon, entre un cent de moules
et une bourriche d'Arnand de l'Ariège et de
Reinach,
Avait-il dû souvent rêvasser des ministères,
d'une fabuleuse homogénéité et d'une invrai-
semblable durée.
Toutes les illustrations de la fin de ce siècle
s'y rencontraient.
Et tous, animés d'un égal désintéresse-
ment,
Doués de talents aussi transcendants,
Travaillaient avec une pareille ardeur à la
prospérité de leur pays, qu'ils portaient à un
suprême degré.
X
Puis, apriw avoir caressé bien amoureuse-
ment ce rêve,
Et, de parti pris, s'être donné l'indicibfe
jouissance d'en reculer le plus possible l'ac-
complissement,
Au moment où il a voulu enfin passer du
domaine spéculatif à celui de la réalisation,
Il est tombé de son haut,
Dégringolant du radieux azur à la plus pro-
saïque des crottes.
O tilanesque culbute !
S'être toujours cru sous la main des collabo-
rateurs dévoués, dont la notoriété eût épaté le
client, tels que Challemel-Lacour, Floquet,
Ranc, voiremême Naquet, et au moment criti-
que, voir ceux-ci, — éclairés peut-être par
l'exemple de Freycinet, — refuser de faire
partie de votre maison,
Et en être réduit à p-rendre pour larbins des
Waldeck-Rousseau, des Campenon, des Gou-
geard, des Raynal, des Develle, des Lesguiller,
desBlandin, des Caze et des Faure (du Havre,
et non de l'Opéra)!
Avoir pour pierres angulaires du temple de
sa fortune le vivisecteur Paul Bert, l'avocat
Allain-Targé, qui s'y connaît en finances com-
me l'aveugle du pont des Arts er> astronomie,
le mari de Mme Claude Vignon, et la barbe
couleur de choucroute de Spuller,
Quelle' prodigieuse dégringolade !
X
Ah ! je sais bien ce que vont répondre les
opportunistes :
— Gambetta-est) un malin, mais un malin
pacifique. S'il n'a pas pris des gens d'une
notoriété plus b rayante que celle de Devès,
c'est uniquement p our ne pas faire du pet.
Mais, du moins, il aura Ja haute main, sur
tous ces hommes nouveaux. Son ministère
jouira, sur tou.s les précédents, de cet avan-
tage: être hoDaogône.
Homogénéité qui rappellera celles d'une
fournée de machabées occupant les dalles de
la morgue o u d'un clan de futurs fusiliers du
4° zouaves ftn train d'exécuter les manœuvres
réglementaires du peloton de chasse.
Certes, h la tête du Ministère, il y aura M.
Gambetta., — avantage douteux, même pour
M. Gambetta.
Mais il n'y aura dans le Ministère que M.
Gambetta, — désavantage évident, surtout
pour M. Gambetta.
J'ai beaucoup connu un fort représentant de
l'industrie épicière, qui en usa de la même
manière que notre cadurcien.
Il avait, pour diriger les divers rayons de
son établissement, et pour gérer ses succur-
sales, un certain nombre d'employés.
Ceux-ci étaient intelligents.
Mais ils se permettaient une certaine initia-
tive.
Ils n'obéissaient pas comme des machines,
nor, ils critiquaient 1
Ces esclaves, même non en état d'ivresso
avaient un libre-arbile une volonté !
— Pas de ça, Lisette, a dit nôtre homme 1
Il ne faut pas que l'on tire à hue et l'autre à
Riu. 11 ne faut qu'un maître : Bih. Ergo.
• X
Ergo, l'épjcier, flanqua tous ses employés
intelligents à la porte et les remplaça par une
série d'abrutis, ramollis, endormis, mais d'une
incomparable fidélité à la consigne.
Résultat :
Chaque fois qu'une besogne nécessita quel-
que intelligence, force fut au patron de la
remplir lui-même.
Pour avoir voulu êjre trop autocrate, il finit
par devenir le factotum de ses serviteurs.
Il est permis de préjuger qu'un pareil sort
attend le César-Coclès nouvellement élevé sur
le pavois.
Au lieu de se choisir des associés, il a em-
bauché des larbins .
Eh bien ! comme ceux-ci seront incapables
de travailler un peu proprement en rien de
temps, il sera leur bonne à tout faire et, de
plus, le gérant responsable de toutes leurs bé-
vnes.
Et, pour s'être entouré de trop d'hommes de
paille, vous le verrez, sous peu, proclamé
digne de souper d'une botte de foin !
Gbingoire.
BLAGUES ET GNONS
L'almanach légitimiste de St-Chéron vient
do paraître, avec le portrait de Chambord eo
général.
La chanson des plongeurs à cheval eût fort
bien fait comme légende.
C'est, je crois, le seul corps que l'Enfant du
Miracle puisse jamais aspirer à commander.
L'impuissant boiteux peut appeler tant qu'il
voudra le ban et Y arrière-ban de ses troupes, je
le mets au défi de réunir autre chose qu'un
petit banc !
X
Une jolie interruption d'un ministériel, que
nous avons oublié de relever la semaine der-
nière, lors du discours Le Faure:
— Bah 1 Trois décès'de plus ou de moins !
Le fait est que s'il s'agissait de trois êtres
du genre du ventru qui a prononcé cette infa-
mie d'un ton léger, ce serait peu de chose 1
X
A. Bordeaux, de bons jeunes -classes-diri-
geants désœu.vrés se sont iDgéniés à occuper
leurs nuils en-cassant des carreaux et forçant
des portes.
Nous ne voyons qu'un moyen pratique dr
faire cesser Ces scandales: annexer le Maroc et
le Soudan, les diviser en départements, et y
expédier ces .jeuïes gens en qualité de sous-
préféts.
X
Un nommé. M. de Ste-Croix fut condamné,
il y a huit ans, à six mois de prison, pour
avoff-tenté, à la gare de l'Ouest, de giffler M.
Gambetta, lequel n'était pas, alors, premier
ministre.
Ce Monsieur vient, dit le Courrier du Havre,
de se rendre coupable d'une semblable agres-
sion sur un avocat havrais, — opportuniste.
Vu le cas de récidive — et indépendamment
de la montée or: grade de Léon, il est probable
que, cette fois, le nommé Ste-Croix n'en sera
pas quitte pour si peu.
X
Une école normale secondaire de femmes a
été constituée, à Sèvres.
Directrice : Mme veuve Jules Favre.
Approuvons, tout en formulant, en guise de
réserve, le vœu de voir la directrice faire une
conférence sur le droit civil et traiter, dans le
courant d'icelle, la question des responsabilités
des conjoints au sujet des falsifications d'actes
de l'Elat Civil.
X
Tout le monde s'occupe maintenant des
affaires étrangères, misesàla mode, depuis que
le lion du jour en a fait sa proie.
Et tout le monde nous annonce que :
On vient de voler la statue de la Madone qui
était élevée sur la place Costacuti de Rome.
Les malfaiteurs ont fracturé la grille de fer
qui protégeait l'image de la Vierge et l'ont
emportée avec tous les ornements précieux
dont elle était décorée.
Si cette Vierge avait été plus simple dans
sa mise, elle aurait évité l'accident qui lui
arrive.
C'est bien fait pour elle.
X
Ne restons pas la-dessus — ou là-dessous—
et finissons par quelques extraits des Cahiers
de Notes inédites de Gavarni :
• X
« L'esprit public est un composé de la bê-
tise de chacun multipliée partout le monde. »
X
« Quelle bibliothèque, que celle des livres
qui ne sont pas faits, pensés ou projetés! Li-
vres tous écrits dans une langue dont la pa-
role est si loin. »
Oh ! qu'ici Gavarni a parfaitement raison,
Certes je serais mal venu à dire, dans ces colon-
nes, que la collection de Grelot n'a pas de prix,
mais combien en aurait davantage la série
d'articles que notre fainéantise nous a empê-
chés d'écrire et les millions de dessins que feu
dame Anastasie nous a contraints à nous con-
tenter de rêver I
Buridan.
UN
M. Gambetta, couché sur une chaise longue,
pâle et la sueur au front, semble, comme
autrefois la Bourbonnaise, être fort mal à son
aise. Les docteurs Ranc, Spuller et Coquclin
l'entourent.
M. Gambetta, d'une voix affaiblie, à M. Ranc.
Docteur ?
Le docteur Ranc.
Plaît-il, maître?
M. Gambetta.
Est-ce que -ça va commencer bientôt?
Le docteur Ranc.
Mais oui... mais oui...
M. Gambetta.
Oh ! sapristi, je n'en serais pas fâché... Au
diable soit l'animal qui m'a fait ce ministère-
là ! je voudrais bien le lui voir mettre au
monde à ma place. Oui', aïe... qu'est-ce que
c'est que cela ?
Le docteur Coquelin.
Les premières douleurs, maître.
M. Gambetta.
Figurez-vous, mes enfants, que c'était pen-
dant mon dernier voyage dans l'Eure... je ne
songeais pas à mal... et je sommeillais tran-
(1) Nous aimerions mieux Saint Antoine,
N. D. L. R.
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PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO
20 novembre 1881.
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Pays de l'Union postale qui s'abonne par l'entre-
mise de M. Madré, directeur-gérant du Grelot, à
l'un des journaux désignés ci-après, a droit à un
abonnement gratuit au journal le Grelot, savoir :
Pour un abonnement d'un an : 6 mois au Grelot.
— — de six mois : 3 mois —
— — de 3 mois : 1 mois 1/j —
L'abonnement à plusieurs journaux doublera,
triplera la durée de l'envoi gratuit du GRELOT.
MM. les Gérants de Cercles, Casinos, Cafés,
Hôtels, et généralement tous ceux qui s'abonnent
à de nombreux journaux, peuvent obtenir, outre
l'abonnement gratuit au GRELOT, certains avan-
tages qui leur seront indiqués sur demande.
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Aux différents Journaux
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Civilisation ...".......
Constitutionnel.......
Défense...............
Dix-Neuvième Siècle.
Droit..................
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Estafette..............
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France................
Claeette de France,...
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Vérité................
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Les prix qui précèdent sont ceux de la province.
Pour 1 étranger, tes demander par carte postale.
Pris par iemtrrmise du Grelot, (es abonnements
à tous les autres journaux de Paris donnent éga-
Itment droit à la Prime pendant un temps plus.ou
moins long.
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mandats ou, chèques doivent être au nom de
M. MADRE, garaDt du Grelot, 8U rue Neuve-des-
Petits-ChampB, à Paris.
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Faut-il en croire ceux qui soutiennent la
thèse de la perpétuelle reproduction des
mêmes faits, et dresser des cycles d'événe-
ments politiques,comme on a établi les cycles
astronomiques, lunaire et solaire V
Nous nous sentons d'invincibles dispositions
à nous ranger à cette opinion. *
Il y a quatre ans, en effet, après une écla-
tante manifestation de la volonté nationale, et
avec des difficultés inouïes, Mac Mahon finis-
sait par accoucher d'un ministère Rochebouët,
composé en écrasante majorité d'inconnus.
Aujourd'hui, le peuple ayant eu de nouveau
la parole,et la Chambre t'étant montrée encore
plus plate que sa devancière, à la suite d'une
laborieuse gestation, Gambetta finit par accou-
cher d'un ministère.
X
Et quel ministère 1
Depuis qu'il a pressenti ses hautes des-
tinées,
At home, entre Clémentine et Laurier,
A l'estaminet, entre une pipe et un bock,
Au Palais-Bourbon, entre un cent de moules
et une bourriche d'Arnand de l'Ariège et de
Reinach,
Avait-il dû souvent rêvasser des ministères,
d'une fabuleuse homogénéité et d'une invrai-
semblable durée.
Toutes les illustrations de la fin de ce siècle
s'y rencontraient.
Et tous, animés d'un égal désintéresse-
ment,
Doués de talents aussi transcendants,
Travaillaient avec une pareille ardeur à la
prospérité de leur pays, qu'ils portaient à un
suprême degré.
X
Puis, apriw avoir caressé bien amoureuse-
ment ce rêve,
Et, de parti pris, s'être donné l'indicibfe
jouissance d'en reculer le plus possible l'ac-
complissement,
Au moment où il a voulu enfin passer du
domaine spéculatif à celui de la réalisation,
Il est tombé de son haut,
Dégringolant du radieux azur à la plus pro-
saïque des crottes.
O tilanesque culbute !
S'être toujours cru sous la main des collabo-
rateurs dévoués, dont la notoriété eût épaté le
client, tels que Challemel-Lacour, Floquet,
Ranc, voiremême Naquet, et au moment criti-
que, voir ceux-ci, — éclairés peut-être par
l'exemple de Freycinet, — refuser de faire
partie de votre maison,
Et en être réduit à p-rendre pour larbins des
Waldeck-Rousseau, des Campenon, des Gou-
geard, des Raynal, des Develle, des Lesguiller,
desBlandin, des Caze et des Faure (du Havre,
et non de l'Opéra)!
Avoir pour pierres angulaires du temple de
sa fortune le vivisecteur Paul Bert, l'avocat
Allain-Targé, qui s'y connaît en finances com-
me l'aveugle du pont des Arts er> astronomie,
le mari de Mme Claude Vignon, et la barbe
couleur de choucroute de Spuller,
Quelle' prodigieuse dégringolade !
X
Ah ! je sais bien ce que vont répondre les
opportunistes :
— Gambetta-est) un malin, mais un malin
pacifique. S'il n'a pas pris des gens d'une
notoriété plus b rayante que celle de Devès,
c'est uniquement p our ne pas faire du pet.
Mais, du moins, il aura Ja haute main, sur
tous ces hommes nouveaux. Son ministère
jouira, sur tou.s les précédents, de cet avan-
tage: être hoDaogône.
Homogénéité qui rappellera celles d'une
fournée de machabées occupant les dalles de
la morgue o u d'un clan de futurs fusiliers du
4° zouaves ftn train d'exécuter les manœuvres
réglementaires du peloton de chasse.
Certes, h la tête du Ministère, il y aura M.
Gambetta., — avantage douteux, même pour
M. Gambetta.
Mais il n'y aura dans le Ministère que M.
Gambetta, — désavantage évident, surtout
pour M. Gambetta.
J'ai beaucoup connu un fort représentant de
l'industrie épicière, qui en usa de la même
manière que notre cadurcien.
Il avait, pour diriger les divers rayons de
son établissement, et pour gérer ses succur-
sales, un certain nombre d'employés.
Ceux-ci étaient intelligents.
Mais ils se permettaient une certaine initia-
tive.
Ils n'obéissaient pas comme des machines,
nor, ils critiquaient 1
Ces esclaves, même non en état d'ivresso
avaient un libre-arbile une volonté !
— Pas de ça, Lisette, a dit nôtre homme 1
Il ne faut pas que l'on tire à hue et l'autre à
Riu. 11 ne faut qu'un maître : Bih. Ergo.
• X
Ergo, l'épjcier, flanqua tous ses employés
intelligents à la porte et les remplaça par une
série d'abrutis, ramollis, endormis, mais d'une
incomparable fidélité à la consigne.
Résultat :
Chaque fois qu'une besogne nécessita quel-
que intelligence, force fut au patron de la
remplir lui-même.
Pour avoir voulu êjre trop autocrate, il finit
par devenir le factotum de ses serviteurs.
Il est permis de préjuger qu'un pareil sort
attend le César-Coclès nouvellement élevé sur
le pavois.
Au lieu de se choisir des associés, il a em-
bauché des larbins .
Eh bien ! comme ceux-ci seront incapables
de travailler un peu proprement en rien de
temps, il sera leur bonne à tout faire et, de
plus, le gérant responsable de toutes leurs bé-
vnes.
Et, pour s'être entouré de trop d'hommes de
paille, vous le verrez, sous peu, proclamé
digne de souper d'une botte de foin !
Gbingoire.
BLAGUES ET GNONS
L'almanach légitimiste de St-Chéron vient
do paraître, avec le portrait de Chambord eo
général.
La chanson des plongeurs à cheval eût fort
bien fait comme légende.
C'est, je crois, le seul corps que l'Enfant du
Miracle puisse jamais aspirer à commander.
L'impuissant boiteux peut appeler tant qu'il
voudra le ban et Y arrière-ban de ses troupes, je
le mets au défi de réunir autre chose qu'un
petit banc !
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Une jolie interruption d'un ministériel, que
nous avons oublié de relever la semaine der-
nière, lors du discours Le Faure:
— Bah 1 Trois décès'de plus ou de moins !
Le fait est que s'il s'agissait de trois êtres
du genre du ventru qui a prononcé cette infa-
mie d'un ton léger, ce serait peu de chose 1
X
A. Bordeaux, de bons jeunes -classes-diri-
geants désœu.vrés se sont iDgéniés à occuper
leurs nuils en-cassant des carreaux et forçant
des portes.
Nous ne voyons qu'un moyen pratique dr
faire cesser Ces scandales: annexer le Maroc et
le Soudan, les diviser en départements, et y
expédier ces .jeuïes gens en qualité de sous-
préféts.
X
Un nommé. M. de Ste-Croix fut condamné,
il y a huit ans, à six mois de prison, pour
avoff-tenté, à la gare de l'Ouest, de giffler M.
Gambetta, lequel n'était pas, alors, premier
ministre.
Ce Monsieur vient, dit le Courrier du Havre,
de se rendre coupable d'une semblable agres-
sion sur un avocat havrais, — opportuniste.
Vu le cas de récidive — et indépendamment
de la montée or: grade de Léon, il est probable
que, cette fois, le nommé Ste-Croix n'en sera
pas quitte pour si peu.
X
Une école normale secondaire de femmes a
été constituée, à Sèvres.
Directrice : Mme veuve Jules Favre.
Approuvons, tout en formulant, en guise de
réserve, le vœu de voir la directrice faire une
conférence sur le droit civil et traiter, dans le
courant d'icelle, la question des responsabilités
des conjoints au sujet des falsifications d'actes
de l'Elat Civil.
X
Tout le monde s'occupe maintenant des
affaires étrangères, misesàla mode, depuis que
le lion du jour en a fait sa proie.
Et tout le monde nous annonce que :
On vient de voler la statue de la Madone qui
était élevée sur la place Costacuti de Rome.
Les malfaiteurs ont fracturé la grille de fer
qui protégeait l'image de la Vierge et l'ont
emportée avec tous les ornements précieux
dont elle était décorée.
Si cette Vierge avait été plus simple dans
sa mise, elle aurait évité l'accident qui lui
arrive.
C'est bien fait pour elle.
X
Ne restons pas la-dessus — ou là-dessous—
et finissons par quelques extraits des Cahiers
de Notes inédites de Gavarni :
• X
« L'esprit public est un composé de la bê-
tise de chacun multipliée partout le monde. »
X
« Quelle bibliothèque, que celle des livres
qui ne sont pas faits, pensés ou projetés! Li-
vres tous écrits dans une langue dont la pa-
role est si loin. »
Oh ! qu'ici Gavarni a parfaitement raison,
Certes je serais mal venu à dire, dans ces colon-
nes, que la collection de Grelot n'a pas de prix,
mais combien en aurait davantage la série
d'articles que notre fainéantise nous a empê-
chés d'écrire et les millions de dessins que feu
dame Anastasie nous a contraints à nous con-
tenter de rêver I
Buridan.
UN
M. Gambetta, couché sur une chaise longue,
pâle et la sueur au front, semble, comme
autrefois la Bourbonnaise, être fort mal à son
aise. Les docteurs Ranc, Spuller et Coquclin
l'entourent.
M. Gambetta, d'une voix affaiblie, à M. Ranc.
Docteur ?
Le docteur Ranc.
Plaît-il, maître?
M. Gambetta.
Est-ce que -ça va commencer bientôt?
Le docteur Ranc.
Mais oui... mais oui...
M. Gambetta.
Oh ! sapristi, je n'en serais pas fâché... Au
diable soit l'animal qui m'a fait ce ministère-
là ! je voudrais bien le lui voir mettre au
monde à ma place. Oui', aïe... qu'est-ce que
c'est que cela ?
Le docteur Coquelin.
Les premières douleurs, maître.
M. Gambetta.
Figurez-vous, mes enfants, que c'était pen-
dant mon dernier voyage dans l'Eure... je ne
songeais pas à mal... et je sommeillais tran-
(1) Nous aimerions mieux Saint Antoine,
N. D. L. R.
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