Le Grelot: journal illustré, politique et satirique (11.1881)

11™ ANNEE. — N* ÎS4C

PAHIS ET DEPARTEMENTS : 16 CENTIMES LE NUMERO

2b septembre 1881.

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ACTUALITÉ

J'ai vu la France eu deuil s jutejaut un C ulavre.

« Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre

-- '"riait-elle — devoir les corps de mes enfants

« Fumerie sol d'Afrique aux soleils étouffants!

« Eh ! quoi, c'est au moment tragique, où dans la nue,

« Mon étoile, petit à petit, diminue,

« Qu'on pousse, sabre au poing, mes fils à l'éehaudoir !

« Eh ! que m'importe, à moi, que 1 Arabe, en son douar,

« Rendisse, se relève, ou tombe sous mes armes!

« Pour de plus hauts tourments je réserve mes larmes.

« Oue me fait qu'à Tunis flottent les trois couleurs, \

<t Alors que mes soldais succombent loin des leurs !

« Ah ! je le dis bien haut : Meurent les colonies !

o ti'il faut Jes acheter avec tant d'agonies.

« O vous ! %ixi torturez mon grand peuple martyr,

< Dans vos rêves, la nuit, vous entendez sortir

« Des malédictions des bouches desblcssjres !

« Vous sentirez vos cœurs saigner sous leurs morsures !

« El pour vous accuser, Macaires et Pasquins !

« Des spectres surgiront des tomheaux africains! »

O France 1 de l'honneur en proie au crétinisme !

Tu ne compren I s donc point, mère, l'opportunisme 1

C'est bien simple, pourtant, voyons ! Monsieur Léon,

Ayant singé Rarras, singe Napoléon.

Cynique protégé de bas-bleus et de veuves,

Il cherche, dirp.iclole, à tarir tous les fleuves !

Décupler sa fortune est un besoin urgent.

A n'importe quel prix, il lui faut de l'argent.

Et pour avoir l'argent, il lui faut de la gloire !

Il veut te jouer, peuple I à la rouge ou la noire.

— La noire, c'est ton deuil. La rouge, c'est ton sang.
Devançant Grévy même, il marche au premier rang;
Haranguant les cités, parcourant les provinces,
Présidant les banquets et soupant chez les princes.
Il lui convient, sablant un tas de vins exquis,
De ripailler avec son copain, le marquis.
Il lui faut beaucoup d'or, pour qu'il solde la carte
De ses gueuletons, veufs du brouet noir de Sparte ;
Do l'or pour ses valets ; de l'or pour ses bouffons ;
De l'or pour ses lambris ; de For pour ses plafonds;
De l'or pour sa vaisselle et de l'or pour ses lustres.
C'est pour cela que Farre et d'autres chefs illustres,
De ce fils d'épicier remplissant le comptoir.
Mènent, au grand galop, l'armée à l'abattoir 1

A. Le Petit et J. Jouy.