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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 11.1881

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https://doi.org/10.11588/diglit.6800#0114
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H" ANNEE. — N« 835 PARIS ET DEPARTEMENTS j 15 CENTIMES LE NUMERO 10 juillet 1881

à

Mon cher bey,

Je vous appelle mon cher, parce que vous
savez que nous avons toujours été ensemble
sur un pied assez familier. Vous comprenez,
n'est-ce pas?

D'ailleurs, celte lettre n'étant pas destinée
à la publicité, je crois pouvoir la faire avec
vous à la bonne franquette.

Donc, vous me demande» mes impressions
sur cette bonne ville de Paris et sur ces non
moins bons Parisiens.

Je m'empresse d'obtempérer à ce désir.

Et je diviserai mou travail en trois par-
ties :

1" Partie. Les l'emmcs

Je commence naturellement parle sexe au-
quel nous vous devons, et qui et-t entouré ici
d'égards auxquels il m'est, je l'avoue, impos-
sible rte rien comprendre.

Je vous entend.- d'ici vous exclamer.

Les femmes, dites-vous, mais il n'y a que
ça !

D'abord, vous ne rensez pas un mot de ce
que vous dites — *aut' le respect que je vous
dois.

Et pu:s,ilfaulavouerque les Françaises sont
bien les plus extravagantes créatures du mon-
de.

J'en ai vu de toutes les espèces.

On m'a présenté à celles qui appartiennent
à ce que les Français appellent en anglais le
high-life.

Ahl c'est du joli!

Les plus huppées de ces dames s'exhibaient
dernièrement dans une fête publique intitu-
lée la Foire aux plaisirs.

Les plus chics, c'est-à-dire les femmes des
pachas, des beys et des effendis français, dé-
colletées comme les dernières de nos aimées,
s'écriaient, en bâillant comme des carpes au
soleil :

_Ah! mince de chaleurl... ici, c'est cre-
vant 1

Jamais mon interprète n'a pu m'expliquer
ce que voulait dire ce mot : milice.

Il a ouvert le dictionnaire d'un savant nom-
mé Littré et m'a appris que mince voulait
dire élancé, svelle.

Alors je n'ai plus rien compris du tout.

Le soir, je me suis rendu dans une sorte de
jardin nommé Mabille, où d'autres femmes,
beaucoup plus décemment mises que les fem-
mes de pachas que j'avais vues à la Foire aux
Plaisirs, m'ont assuré que si je voulais monter
chez elles, elles se montreraient à mon égard
d'une amabilité extrême.

Leurs yeux, en me disant cela, ne quittaient
pas ma chaîne de montre.

Je me le suis tenu pour dit et, au lieu de
monter chez elles, je suis monté chez mui, où
j'ai été dévoré par les puces.

Ça m'a rappelé Tunis et je me suis endormi
en rêvant au pays natal.

Voilà tout le souvenir que j'ai gardé des
Parisiennes.

*• partie. — Les Hommes.

On m'a présenté à une foule de personnages
politiques qui m'ont invité à diner et m'ont
affirmé, entre la poire et le fromage, que si un
leur donnait seulement cent sous de plu°, il«
lâcheraient immédiatement le gouvernement
qui les paye.

Ça m'a encore rappelé Tunis.

Mais je n'en ai pas cru un traître mot, vous
le pensez bien.

Des gens qui se disent à la tète de la civili-
sation ne sauraient se conduire comme des
sauvages de notre espèce.

Ça n'est pas possible.

Seulement, vous m'avez demandé un rap-
port fidèle, n'est-ce pas? je vous le fais.

8e partie. Les Enfants.

Ah ! ça, par exemple, très gentil !
Et vous gavez si nous sommes connaisseurs
à Tunis!

Je suis allé aux Tuileries pour juger par
moi-même de tous ces petits Français de l'a-
venir.

Je suis tombé au milieu d'un groupe de fu-
turs électeurs.

Il y en a un qui m'a regardé et qui, en me
désignant à ses petits camarades, s'est écrié :

— Dis-donc, hé, museau de singe, veux-tu
te sauver !... en v'ia un type !

Mon interprète, qui est un homme versé
dans les secrets les plus intimes de la langue
française, m'a affirmé que museau de singe était
un terme des plus affectueux.

J'ai immédiatement donné l'ordre du Ni-
cham de seconde classe à mon jeune ami, en
l'engageant à venir me voir à Tunis et en lui
assurant que je lui ferais un bel avenir.

Le petit n'a pas dit non.

Je l'attends.

Mais je vous avoue, mon cher bey, qu'il me
tarde de retourner là-bas... Ça n'est pas pour
vous, non... seulement il y a longtemps que je
n'ai bâtonné personne.

Et ça me manque.

Tout à vous,

Moustapha.

Pour copie conforme :
Nicolas Flammèche.

Ayez pitié de la pauvre Italie qui ne veut pas travailler!
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Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Actualité
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le Grelot: journal illustré, politique et satirique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
Sf 25/34

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Le Petit, Alfred
Entstehungsdatum
um 1881
Entstehungsdatum (normiert)
1876 - 1886
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Karikatur
Satirische Zeitschrift
Frankreich

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le Grelot: journal illustré, politique et satirique, 11.1881, Nr. 535, S. 535_1

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Erschließung

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
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