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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 11.1881

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https://doi.org/10.11588/diglit.6800#0099
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LE GRELOT

beau que vous, plus brave, j'ai eu plus d'ar-
gent à ma disposition et j'ai joui du prestige
des héros. Eh bien, grâce aux fils de Loyola,'
pour malheureux, je l'ai toujours été plus que
n'importe qui.

J'étreins vos deux mains dans la meilleure
des miennes.

Giuseppe Garibalm.
*

A Victor Hugo

Illustre Maître,

Le pôle du génie littéraire n'aura pas écrit
inutilement à celui qu'il appelle si flatteuse-
ment le pôle du génie militaire.

Oui l'Italie continuera à aimer toujours la
grande et généreuse Fiance, qui produit des
monuments comme Notre-Dame de Paris et
des poètes pour chanter ces tours, l'H de son
nom.

Si jamais la ville de lumière était en danger,
— qui sait, les disciples de Loyola ont de si
perfides rancunes ! — faites-moi signe, je
frapperais du pied, et à ce mot, des millions
d'hommes accouraient pour la secourir.

Giuseppe Garibaldi.

:Y Louise Michel

Grande citoyenne.

Oui, la misère est grande en Fiance, mais
elle est plus grande encore ici, en ce pauvre
pays, plus dévoré encore par le phylloxéra
noir. C'est pourquoi, la fraternité fait un
devoir au prolétariat français de souscrire à
l'emprunt italien.

Dis-le dans ton journal, qu'on n'achète pas
assez, ô Charlotte Corday de l'avenir!

Ah! si je t'avais connue à l'époque où je
jouissais de toute ma puissance corporelle.
Commenos deux âmes étaient faites pour s'en-
tendre et nos mains pour s'entrelacer. Hélas !
il est trop tard. Je ne puis même t'en dire
plus long, âme sœur, ma femme vient.

Giuseppe Garibaldi.

*

» *

Au roi llumbert.

Sire,

Tu es bien inspiré en ne te mêlant en rien à
la politique active. Continue à ne servir et à
ne gêner à rien et tu resteras le meilleur des
présidents de la République sous le titre de
roi. N'obéis pas surtout à la sinistre clique du
Vatican.

Autrement, sois persuadé que je n'accepte-
rais pas une pension de 100.000 francs d'un
haïssable tyran.

Pour te renverser, je n'aurais qu'à dire un
mot. Continue à bien servir la chère patrie et
la petite pension et je continuerai à ne pas le
dire.

Giuseppe Garibaldi.
*

* *

Au signor l'hapardini.

Frère,

Oui, tu as raison, le rapt brutal est partout.
Souvent même, avec les sectaires du Gésù, la
brutalité est morale. Hypocrisie qui n'est qu'un
comble d'immoralité. L'Autriche détenant
Trente est aussi coupable que toi qui détiens
des cautionnements extorqués d'une façon
moins brutale que l'Allemagne n'a fait de l'Al-
sace-Lorraine, cette province que je chéris
avec des entrailles fraternelles.

Si quelque chose est capable d'excuser la
faute de l*un, c'est le crime des autres. Quant
à la fainéantise c'est vraiment une tradition
nationale.

Je t'absous.

Giuseppe Garibaldi.

# *

Au sigmor Fubrïzzi.

C'est vrai, j'aime la France, mais je suis Ita-
lien avant tout. Prendre Tunis et songer à con-
quérir la Sardaigne, c'est insulter ma patrie.
Je ne crois pas que la France pense à y songer
ni songe à y penser, mais il faut prévoir
l'affaire et nous tenir sur nos gardes. Il nous
faut donc avoir :

80.000 hommes et 80 millions en Sicile.

80.000



50

D

en Sardaigne.

80.000

»

80

i

à Tabarca.

80.000



50

»

à Caprera.

S0.000

»

50

X

à nié d'Elbe.

50.000

K

50

»

à Reggio.

80.000

D

50

»

à Tarente.

50.000

»

50



à Ancône.

500.000

» ■

500

»

à Venise.

500.000



500

»

dans le quadri-









latère.

803.090

»

500



à Turin et A-









lexandrie.

800.000



500



à bord d'autres









flottes.

803.010

»

800

»

pour surveiller

les agissements des jésuites.

Si besoin en élait, je n'aurais qu'à dire un
mot et ces millions surgiraient. Mais je crois
l'heure prématurée, je ne le dirai pas.

Néanmoins, bien que mon médecin m'ait
recommandé le sommeil, je veille 1

Giuseppe Garibaldi.

Pour copie prématurément conforme.
Gringoire.

Petit Scrutin k Liste

VIT ENCORE!

J'ai un ami qui est médecin.
Ce qui fait que je ne vais jamais le voir
pour le consulter.
Sentiment de pudeur bien naturel , n'est-ce

pas?

Venir trouver un monsieur et lui prendre
une heure de son temps, ce qui, au prix où
sont les consultations à l'heure qu'il est, équi-
vaut à lui emprunter une dixaine de louis
qu'on ne lui rendra jamais, me paraît d'une
délicatesse douteuse.

Cependant, il y a quelques jours, pris par
un malaise des plus violents après la leclure
d'une séance du Sénat, je me résolus à aller
trouver mon Esculape.

Une fois assis dans son cabinet :

— Ah! mon cher ami!... lîs-je en soupi-
rant.

-- Eh bien, quoi?... voyons .. ça ne va donc
pas ? me répond le docteur.

— Pas du tout.

— Qu'est-ce que vous éprouvez?

— Plus d'appétit.

— Bon.

— Pas de sommeil.

— Bien.

— Des coliques furibondes .. comme si
j'avais mangé des moules empoisonnées.

— Parfait !

— Des envies de battre tout le monde.

— A merveille.

— Un énervement général... un agacement
perpétuel...

— Exquis!

Je crus que mon homme devenait fou.
Mais lui, le plus tranquillement du monde:

— Je sais ce que c'est, dit-il.

— Bah!...

— Absolument.

— Ainsi donc, j'ai...

— Vous avez ce que nous appelons \&scru-
tin de liste.

— Le scrutin de liste!... grand Dieu!...
mais en ce cas je suis fricassé, docteur?

— Pas encore... heureusement... mais je
ne vous dissimulerai pas que c'esttrès grave.
Cette maladie, toute nouvelle, semblait de-
puis quelque temps être entrée dans une pé-
riode de décroissance qui tendait à faire pré-
voir sa disparition prochaine, quand, tout à
coup, sous l'influence d'un fort vent du sud-
sud-est, venant du Sénat, elle a repris de
plus belle.

— Miséricorde !

— Oui... Oh! j'ai beaucoup étudié cette
nouvelle névrose... et j'en soigne de nom-
breux cas... je connais de cette façon tous les
symptômes de ce mal redoutable... vous étiez
bien tranquille, songeant à vos affaires ou à
vos plaisirs, vous disant : enfin la chose s'est
arrangée... la Chambre l'a votée... nous voilà
débarrassés de ce rasoir qui se promenait
depuis de si longs mois sur notre menton en
nous écorchant si cruellement.

— C'est cela, c'est bien cela ?

— On va respirer un peu... on va pour
quelque temps laisser la politique tranquille
et s'occuper d'un tas de questions sociales de

premier ordre, de lois, d'affaires indispensa-
bles, en attendant le grand Ira la la la des
élections générales.

— Vous y ê es.

— Tout est au mieux... les Kroumirs sont
ratiboisés. . Le bey de Tunis s'est remis à
fumer tranquillement sa pipe... Le signor
Maccio a remporté sa veste!... tout va bien

et l'on va pouvoir boucler paisiblement sa
valise pour aller faire un petit tour sur une
plage quelconque.

— C'était en effet le vœu le plus cher de la
majorité des Français !

— Quand tout à coup, crac!... tout est re-
mis en question, grâce aux bons vieillards
qui siègent au Luxembourg et qui, à leur
ordinaire, ne trouvent rien de mieux, pour
bien faire voir qu'ils ne sont pas empaillés,
que de taquiner leurs petits camarades de la
Chambre basse. — Ah ! vous voulez le scrutin
de liste? Eh bien, vous ne l'aurez pas ! nous
ne le voterons pas, na !... — Mais.. — Et
nous allons recommencer la discussion jus-
qu'à ce que nous ayons bien prouvé au pays,
qui n'a pas l'air de s'en douter, que nous ne
sommes purement et simplement que des em-
pêcheurs de danser en rond !... ça l'embêtera
beaucoup, ce brave pays... mais nous nous en
fichons absolument... si de temps en temps
nous ne faisions pas un tantinet les méchants,
nous autres de la grande classe, on ne se
douterait pas que nous existons.

— Le fait est que...

— Et puis il faut bien faire plaisir à ce
pauvre bénisseur de Jules Simon... et lui
fournir une occasion d'y aller de ces tartines
lartuffo-politiques qu'il débite d'une voix si
onctueuse. Donc, pas de scrutin de liste!...
ou plutôt, si!... vive le scrutin de liste!...
puisque c'est un nouveau moyen qui nous est
offert de faire parler de nous et de bassiner à
nouveau ces pauvres contribuables, gogos
dévoués, petits manteaux bleus sublimes dont
les écus servent à sucrer les verres d'eau du
séraphique Chesnelong ou du farouche Buf-
fet.

— Vous avez parfaitement raison, docteur
Mais cela ne me dit pas...

— Ce qu'il faut faire pour vous guérir ?

— Dame !

— Ah! la chose n'est pas commode! Ce
satané scrutin de liste, quand il s'est emparé
de quelqu'un, voyez-vous!... Cependant je
crois qu'avec un peu de patience nous en
verrons bientôt la fin...

— Vous croyez?

— Un bon vote du Sénat... le fera passer
comme une lettre à la poste.

— Mais vous disiez tout à l'heure?...

— Eh! oui... le Sénat se fâche... le Sénat
crie... et finalement le Sénat vote... Ce qui
prouve...

— Son incontestable utilité.

— J'allais vous le dire. Cela est aussi ridi-
cule... que constitutionnel. Qu'est-ce qu'il
vous faut déplus?

NICOL&S FLAMMÈCHE,

BLAÛUEStl GNONS

Il y a actuellement 3.838.427 déposants à la
Caisse d'épargne, ayant un total de livrets de
1.280 millions.

Lisant cela sur un bout du Petit Journal
trouvé au coin d'une borne, un pauvre gueux,
digne d'être chanté par Riehepin, s'est em-
pressé de murmurer avec orgueil :

— Sjmmcs-nous riches 1

X

On assure que M. Léon Say, pour maintenir
la tradition de Jean-Baptiste, prépare un vo-
lume intitulé r'Economie impolitique.

Toute une conversion.

X

La consommation générale du café a doublé
depuis 1875.

Depuis la même époque, celle de la chicorée
a presque décuplé.

Et nmc erudimini, génies.

X

Les ministres voyagent.

Dieu de l'abbé qui 'dirigea jadis le Télégra-
phe, protège le train qui les porte.

Et que nous n'ayons point à enregistrer de
nouveaux déraillements ministériels!

X

Comme Ilubertine Auclert a dû tressaillir
de joie en voyant Mme Fargueil réclamer si

justement le droit pour les femmes d'ensei-
gner la déclamation aux artistes femelles du
Conservatoire 1

Lesdites artistes, suivant le mot fameux
d'Auber, arriveraient peut-èire ainsi davan-
tage par le charme de leur voix et moins par
la voie de leurs charmes.

X

A Marseille, le tribunal correctionnel a con-
damné pjusieurs braillards à différentes pei-
nes, pour cris séditieux.

Lusini a eu trois mois de prison.

Mme Paule Minck n'a eu qu'un mois.

Sage arrêt.

Les juges se seront sans doute dit : « Une
femme, ça crie moins fort. »
Nos compliments.

X

Les calotins exultent :

Le grand chef des positivistes, Littré, s'est
laissé baptiser avant de mourir.

Eh bien ! mais je ne vois pas le miracle, moi.
On le baptise et il meurt.

De ca?

Pas "fort!

X

Les Albanais se révoltent.
Le télégraphe de Prisread ajoute que c'est
pour ne pas payer l'impôt.
Le contraire nous eût étonné.

X

L'ordonnance relative aux baigneurs en ri-
vière vient d'être affichée.

Ea dehors des endroits qu'elle indique, les
personnes qui se noieront seront passibles
d'amende.

X

Calino est venu hier m'apprendre gravement
la nouvelle suivante que, du reste, je sais
fausse :

— Craignant d'être condamné à mort par les
nihilistes, Alexandre III se déciderait à entrer
dans la voie de la clémence.

Il débuterait par remettre à tous les con-
damnés à perpétuité dix ans de leur peine.

BURIDAN

GAZETTE DE MQNTRET0UT

liïtti'é en Ëfai'ttdis.

La scène représente le Paradis. — Chérubins,
Séraphins, Archanges et Anges sont en train
de biûler de l'encens sous le nez du Père
Eternel. Un orphéon, trié sur le volet, chante
en sourdine « La sœur de l'Emballeur ».
Sur un nuage apprivoisé Monseigneur
Dupanloup fait un whist avec Jeanne d'Arc
et Marie Stuart. Saint Pierre distribue le
courrier qui vient d'arriver « par colombes
V03rageuses ».

Mgr Dupanloup. — Rien pour moi, porlier?

St-Pierre. — Vous pourriez bien dire con-
cierge. Tenez voilà une lettre qui sent rude-
ment mauvais, ça doit être de votre ami
Veuillot.

Mgr Dupanloup. — Donnez vite. Mais, tenez
voilà pour vous. C'est le denier de Saint-
Pierre !

St-Pierre.— Deu sous 1 Eh va donc, pané.

Mgr Dupanloup. — Je me plaindrai au pro-
priétaire, méchant pipelet! (il lit) «Dupan-
loup, paradis restant. Grande nouvelle. Le
Grand Bénédictin du XIX0 siècle, l'illustris-
sime Littré, ce saint qui ne croyait pas à
Dieu, ce génie universel qui avait pour devise:
Paix aux vérités, guerre aux hypothèses, a été
baptisé in extremis par l'abbé Thévelin, vicaire
de Saint-Augustin. En dépit du D1' Galopin,
de WyroubofT et de Caubet nous ferons un
enterrement religieux. Quelle gloire pour la
Sainte Eglise Catholique, Apostolique et
Romaine. Rigolons. Votre fidèle, Louis Veuillot. »

Jeanne d'Arc — Qu'y a-t-il? vous semblez
tout chose...

Mgr Dupanloup [ahuri]. — Littré!.. Lui!.,
cet homme! Toujours cet homme I Académie'..'
Paradis !... ouf !... Couic ! (il s'évanouit)

Une voix en dehors. — Cordon s. v. p.

Saint-Pierre. — Par ici jeune homme par
ici. Fauteuil d'orchestre n° 93... Vous n'auriez
rien dont vous voulussiez vous débarrasser ?..
N'oubliez pas le concierge s'il vous plait.

Littré. — [Il est transfiguré, il a laissé au
vestiaire son masque simiesque et ses quatre
vingts ans et paraît presque aussi bea u que Paul
de Cassagnac.) Où suis-je ? D'où viens-je ?
D'où sors-je? Où vais-je?

Pie IX. — Jeune adolescent, si mes ser-
vices...

Littré. — Où diableai-je vu celte trompette-
là?

Pie IX. — L'ex-pape Pie IX, pour vous ser-
vir.

Littré.— Vieux farceur!... c'est toi qui m'as
excommunié en 1873 quand je me suis fait
initier aux sublimes bagatelles de la franc-
maçonnerie, en compagnie de mon ami Jules
Ferry.

Mgr Dupanloup {reprenantses esprits).— Jules
Ferry! qui est-ce qui a parlé de Jules Ferry!
qui est-ce qui a osé prononcer son fichu nom
ici?

Littré. — Moi, Monseigneur... Mais vous ne
semblez pas me reconnaître. Nous sommes
pourtant de vieilles connaissances.

Mgr Dupanloup. — Ciel 1 cette voix!

Pie IX. — C'est cet excellent Littré... sans
rancuuê, n'est-ce pas?

Mgr Dupanloup. — Mort de ma vie !. Vie de
ma mort 1 L'un de nous est de trop ici, Mon-
sieur. Jamais je ne consentirai à siéger auprès
d'un positiviste.
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