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32

JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

dans la distribution de la lumière. L'avant-plan
est traité avec une puissance de vérité extraordi-
naire cl une grande liberté de pointe. Morceau
Irès-recbercbé des amateurs. H. 256. — L. 552.

LITTÉRATURE.

L'intérieur bourgeois en Belgique

1850-1859.

la maison de mon cousin.
1859. (Suite).

Les appartements de Monsieur et de
Madame sont de très bon goût, ce qu'on
appelle d'un goût raffiné. Chez Mada-
me, une fine mousseline blanche tuyau-
tée sur un fond bleu, sert de tapisserie;
les garnitures du lit et des fenêtres sont
en mousseline et soie bleue, — le tapis
en Toumay brun à fleurs bleues, — le
meuble en palissandre et damas bleu.
Deux grandes glaces, plus une énorme
psyché, permettent à Madame de s'admi-
rer suffisamment. Sur la cheminée on
voit une charmante pendule rococo,
deux vases de beau Sèvres et deux grou-
pes en Saxe représentant.... à quoi bon
l'explication; vous savez mieux que moi
ce que représentent les groupes en Saxe.
Le cabinet de toilette attenant renferme
tous les parfums connus, toutes les eaux,
toutes les poudres, tous les cosmétiques
qui font la gloire de la chimie moderne.
C'est dans la chambre aux robes que le
progrès se montre le plus sensible; le
fourreau de soie puce de ma grand'mère
est remplacé par... Une robe en po-
peline à double jupe garnie de ruches.

— Une robe en taffetas broché à deux
hauts volants garnis de franges. — Une
robe en brocart de six mètres de large.

— Une robe en droguet avec tablier à
dispositions. — Une robe d'argent. —

Une robe d'or. — Une robe........Mais

je scrute avec effroi les profondeurs de
la chambre et.... je m'arrête. Tant pis
si j'ai négligé la robe couleur de soleil.
Et les chapeaux, et les simples, dou-
bles et triples voilettes, et les manches
de visite, de diner et de soirée, et les
jupons, les jupons!!! et les coiffures, et
les jolis souliers à talons et à rosettes et
les bas de soie blanche à coins brodés
et... Oh! grand'mère, grand'mère, tu ne
m'as pas donné autant de mal que cela.

N'espérez pas que je prenne la même
peine pour mon cousin; les modes
d'homme m'inspirent une trop grande
horreur; contentons-nous de savoir que
Monsieur est digne de Madame.

Dans la maison de mon cousin, les
domestiques se lèvent à sept heures, en
grognant un peu et en réclamant contre
la tyrannie des maîtres. Il y a Marie-

Josèphe, la cuisinière, espèce d'auto-
crate, à laquelle Monsieur lui-même se
garderait de faire une observation. —
Il y a Octavie, la femme de chambre,
qui porte un chapeau, des bottines, des
manches brodées, une cage, et qui est
myope. — H y a Molly, la bonne Anglai-
se, demi garde d'enfants.... Ah! mon
Dieu ! j'ai oublié de vous dire que mon
cousin a deux jolies petites filles ; com-
ment cela m'a-t-il échappé? C'est peut-
être parce qu'au second, une chambre
très reculée, remplit si bien la condition
qu'on attend d'elle en cachant le bruit
des jeux de ces gentilles enfants, qu'on
oublie tout-à-fait leur présence dans la
maison.

11 y a donc Molly, demi bonne et de-
mi gouvernante : c'est une anglaise ap-
partenant à une grande famille déchue;
elle consent à laver et à habiller les en-
fants, à les élever en anglais et à les
promener deux heures par jour ; elle a
les mains fines et dort dans un peignoir
blanc garni de Valenciennes. « Quelle
chance j'ai eue, dit mon cousin, d'avoir
rencontré un pareil trésor! » — H y a
Clément, le cocher, le plus favorisé de
tous, car, comme il y a presque tou-
jours un cheval malade ou un petit ac-
cident à la voiture, Monsieur et Madame
sortent en remise. Clément occupe pres-
que une sinécure. Il y a enfin Obtat» le
valet de chambre, énorme dégingandé,
à l'air endormi et insolent. Voilà cinq si
je compte bien.

0 Nelle, ô Kato, pauvres filles, quels
grands yeux vous ouvririez si vous pou-
viez voir vos successeurs; mais il y a
longtems que vos bons yeux fidèles et
point myopes se sont doucement fermés
pour se rouvrir, espérons-le, dans une
sphère meilleure où vos fatigues d'au-
trefois vous seront payées au centuple.

Les domestiques se lèvent donc à sept
heures, le maître à neuf, (il a ses affai-
res) la maîtresse à dix et elle trouve que
c'est très tôt. A onze heures on déjeûne
à la fourchette, puis on s'habille; cela
nous mène à deux heures. Monsieur pas-
se quelques instants à son bureau par-
ticulier, puis il se rend à celui de son
beau-père où il apprend toujours quel-
que bonne nouvelle, car ce beau-père est
poursuivi par le bonheur comme d'au-
tres par la mauvaise chance. De là, Mon-
sieur va lire les journaux. Pendant ce
temps, Madame lait des visites ou des
emplettes. A cinq heures on dîne : il est
bien entendu que les enfants prennent
leurs repas dans leur chambre ; c'est si
fatiguant, à table, les enfants, et puis on
ne peut rien dire quand ils sont là...
Mon cousin reçoit un jour par semaine
et donne deux bals ; toutes les soirées
d'ailleurs sont occupées : quand en voit

beaucoup de monde, il faut satisfaire
chacun. A ceux qui me diraient que ma
cousine ne travaille guère, je répon-
drais en leur montrant ce métier sur le-
quel s'assemblent, un peu lentement il
est vrai, les nuances les plus vives,
chefs-d'œuvre de la tapisserie; puis,
im peu plus loin, ces feuilles légères
de toutes couleurs qui prouvent qu'on
s'est occupé de fleurs artificielles. —
Puis ce piano encombré des dernières
musiques parues, un morceau de Quen-
tin Durward encore ouvert sur le pupi-
tre. — Puis cette bourse commencée et
destinée à une tombola de charité,
puis... Mais je n'en finirais pas si je de-
vais citer tous les travaux ébauchés par
la gracieuse maîtresse de la maison.
Vous n'oseriez plus dire qu'elle perd
son temps. Après des journées si bien
remplies, on se couche vers minuitpour
recommencer le lendemain.
Ne trouvez-vous pas ce ménage-là bien

heureux et ne voudriez-vous pas?.......

J'allais terminer ces pages par une ques-
tion peut-être indiscrète, lorsqu'on me
remit une lettre. Cette lettre contient
des choses si incroyables et répond
d'une manière si péremptoire à ce que
j'allais vous demander, qu'elle m'oblige
à un troisième article. Je tâcherai, par
égard pour vous, de l'abréger un peu
plus que celui-ci.

(La fin au prochain numéro.)

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