Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
42

JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

ceux qui font de l'art un moyen d'aug-
menter la gloire nationale, à s'y donner
rendez-vous. Rien n'élève l'esprit, rien
ne conduit au beau comme la vue du
beau.

ADMINISTRATION DES BEAUX-ARTS.

projets a l'étude.

Une remarquable activité règne dans
les bureaux de l'administration des
Beaux-Arts, qui tient à justifier la con-
fiance que le Gouvernement a placée
dans la personne de son nouveau chef,
M. Romberg. Des projets très intelli-
gents et très heureux s'élaborent en ce
moment ; ils auront pour objet de sa-
tisfaire à des exigences manifestées de-
puis longtemps et à des besoins impé-
rieusement éprouvés. Les arts en Bel-
gique demandent à être soutenus par
un patronage éclairé, une volonté éner-
gique et une influence puissante. Espé-
rons que les Chambres finiront par com-
prendre cette vérité et qu'elles aideront
l'action du pouvoir dans des tentatives
qui ne sont après tout que l'application
rigoureuse d'une justice distributive
à laquelle en Belgique toutes les forces
vitales de la nation ont droit.

Plusieurs journaux ont énuméré les
travaux projetés; la périodicité de notre
publication nous force à en parler un
peu tardivement ; néanmoins, les nou-
veaux détails que nous sommes à même
de donner, compenseront la répétition
à laquelle nous sommes forcés.

A part l'exhibition des cartons dont
il a déjà été parlé, on projette la décora-
tion intérieure du palais de la nation.
Nous ne voyons dans cette enceinte que
deux panneaux susceptibles de recevoir
des peintures, ce sont ceux qui avoisi-
nent la tribune. Quant aux grisailles
et aux sculptures historiques, nous ne
voyons pas que ce soit là le lieu qui con-
vienne à de pareils travaux. La simpli-
cité actuelle de l'édifice convient infini-
ment mieux au caractère grave et so-
lennel de ses attributions et ce serait
alourdir cette enceinte qui n'est déjà
pas trop grande que d'en surcharger les
murs.

L'idée d'orner le parc de statues histo-
riques est très-heureuse ; si, comme nous
l'espérons, elle s'exécute, le parc aura
un caractère grandiose qui rappellera
d'un peu loin la cour de Versailles, et qui
n'en sera que plus remarquable. Il est à
présumer qu'un plan d'ensemble sera
adopté et que les détails d'exécution se-
ront minutieusementexaminés, car c'est
surtout dans l'harmonie de la masse que
résidera le cachet de grandeur à impri-
mer à cette galerie historique.

On projette aussi des peintures dans
les asiles réservés à l'enfance et à d'au-
tres catégories sociales. Nous avons l'in-
tention de consacrer plus tard quelques
réflexions sur ce grave sujet.

La peinture religieuse va recevoir
aussi son encouragement. De vastes
peintures murales vont être exécutées
par les premiers artistes du pays. L'égli-
se de Laeken, St°. Marie de Schaerbeeck
etl'églisede la Chapelle, vont offrir leurs
murailles aux inspirations de ceux de
nos artistes les plus habitués à ce genre
de peintures. L'un d'eux, connu par la
grandeur et l'originalité de ses compo-
sitions, aura de belles pages à remplir.

Le groupe des comtes d'Egmontet de
Horn occupe bien des imaginations.
Nous croyons devoir inviter ceux que
la chose concerne à examiner sérieuse-
ment la question d'emplacement. Cer-
tes, la grande place de Bruxelles où le
sang des martyrs a coulé, est l'endroit
désigné pour ce monument, mais alors,
si l'on veut que la poésie l'emporte sur
le réalisme de la vie, il faut que la ville
de Bruxelles prive cette place de la
moitié de ses attributions. Ce sera le
seul moyen d'éviter l'encombrement; ce
sera aussi enlever au monument un en-
tourage peu digne de lui.

Le palais des Beaux-Arts est décidé-
ment trouvé. Ce sera le palais ducal
agrandi de deux ailes : il servira aux ex-
positions triennales, à un musée moder-
ne, à l'Académie Royale de Belgique
aux concerts du Conservatoire, et à d'au-
tres usages dont la nécessité se produi-
ra. De tous les projets actuellement étu-
diés , celui-là nous paraît le plus heu-
reux et le plus urgent à exécuter.

Joignons à tout cela de sérieux pro-
jets pour l'encouragement de la gravure,
les commandes faites à MM. Soubre, Sa-
muel et Hymans, les peintures murales
à exécuter par MM. Lagye et De Taeye
à l'université de Gand et l'on ne pourra
que féliciter l'administration des Beaux-
Arts de la manière dont elle remplit ses
devoirs. Exprimons un vœu en finissant:
c'est que, parmi ces belles pages qu'on
nous promet, il yen ait une signée du
nom illustre de Callait.

ETAT ACTUEL

DE l'adoration Mi l'agneau pascal

des frères Van Eyck, à Gand.

On n'apprendra pas sans une pénible
impression que le fameux tableau des
frères Van Eyck, cette magnifique ado-
ration de l'agneau pascal qui peut être
considérée comme le premier chef-
d'œuvre en même temps que le point de
départ de l'école flamande, se trouve
dans un état de détérioration tel qu'il

réclame les réparations les plus urgen-
tes.

Nous venons d'examiner à l'église St.
Bavon ces précieux panneaux; on y re-
marque bon nombre de ces mortelles
souillures qui sont le signe précurseur de
la destruction; des écaillures se forment
en maint endroit et de légères parcelles
de couleur se détachent du fond au moin-
dre ébranlement du dehors; les cre-
vasses sont nombreuses et des hommes
compétents prétendent que le mal va
devenir irréparable !

Bappelons ici que MM. Ed. Fétis et
de Busschcr ont, l'année dernière, vers
le mois d'Avril, provoqué l'attention de
qui de droit, sur l'état fâcheux de l'œu-
vre des Van Eyck.

Dans l'intérêt de la gloire nationale,
nous adjurons ceux que la chose con-
cerne de mettre plus de zèle dans leur
sollicitude. Nous voulons bien être per-
suadés que personne n'est coupable,
mais en présence de la lente destruction
qui s'opère de ce joyau de l'art, nous
sommes amenés à demander d'où vient
l'obstacle et ce qui a été tenté pour le
faire disparaître.

CORBESPONDANCE ARTISTIQUE.

correspondances particulières

du Journal des Beaux-Arts.

Paris.

Nous avons vu récemment à Paris
une collection de photographies qui ne
peut manquer d'obtenir un légitime
succès. MM. Bardi, éditeurs à Florence,
viennent de publier deux-cent-vingt re-
productions des dessins de Raphaël qui
se trouvent à Vienne, à Venise et à
Florence. Jamais artiste ne fut plus
digne d'un travail de ce genre; jamais
peintre ne fut capable de rendre de plus
vrais services. Raphaël en effet, dont
le dessin, toujours pur et correct, re-
trace avec une fidélité admirable les
contours du modèle en lui donnant une
forme idéale puisée dans son génie
même, Baphaël peut apprendre bien
plus à l'artiste que la plupart des autres
maîtres. Dans ses dessins, où son talent
se montre à découvert et se laisse sur-
prendre, l'artiste retrouvera Baphaël
avec tout le charme de l'intimité; dans
ses études, il apprendra les procédés du
maître; dans tous ses croquis, il con-
naîtra que l'on n'arrive à une réputation
méritée et à une célébrité réelle qu'a-
près de longs et pénibles travaux.
Dans ce recueil de photographies, on
retrouvera sur une même feuille deux
académies saisissantes de caractère qui
furent envoyées à Albert Durer par
 
Annotationen