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JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

La tête de Marie', d'une beauté re-
marquable , est empreinte de la virgi-
nité la plus pure : elle n'inspire que
le respect et le recueillement. Son ty-
pe est le flamand idéalisé. Elle paraît
avoir à peu près vingt ans. Son enfant
aux cheveux dorés est doué d'une beauté
divine et d'un regard Vraiment céleste.
On n'a pas de peine à reconnaître en lui
le Messie annoncé par les prophètes pour
le salut des hommes.

Quant à l'abbé Van Maelbeek, il offre
une physionomie où l'on remarque cette
distinction à l'aide de laquelle l'artiste
sait ennoblir jusqu'aux types les plus
vulgaires. Il parait avoir de 50 à 60 ans.
Sa tète est chauve et grisonnante, et
son regard exprime une joie respec-
tueuse.

La couleur de ce tableau est portée à
une gamme des plus brillantes. Elle est
forte, harmonieuse; et, sous ce rapport,
aucun artiste du XVe siècle n'a atteint
le mérite des frères Van Eyck. Mais ce
qui frappe le plus le spectateur, c'est le
prodigieux fini et l'extrême délicatesse
d'exécution dont ce chef-d'œuvre est un
si parfait modèle.

La pièce principale du triptyque est
entièrement achevée; elle est de la plus
belle conservation.

Malheureusement il n'en est pas de
même des volets dont nous nous occu-
perons tout à l'heure.

Le cadre, qui entoure le tableau cen-
tral et qui est de l'époque même où cette
peinture fut exécutée, porte l'inscrip-
tion suivante:

« Sancta Maria, succurre miseris, juva
pusillanimes, refove jkbiks, ora pro po-
pulo , interverti pro clero, intercède, pro
devoto feemineo sexu , senliant omnes
tuum Juvamen, quicumque célébrant
tuam commemorationem Ilœc Virgo Ma-
ria, ex semine Abrahœ or ta, ex tribu
Juda, virga de radice Jesse, ex stirpe
David, filia Jérusalem, Stella Maris an-
cilla Domini, regina gentium, sponsa Dei
mater Christi, condiloris sancli spiritûs
sacrarium. »

Cette inscription commence à droite
au bas du cadre et, remontant autour
du centre, finit au bas du cadre, à gau-
che, de manière à laisser entièrement
libre, le bas de la bordure qui est pla-
te, et le pourtour des volets dont cha-
cun est divisé en deux compartiments à
l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur.

Si le tableau principal est, comme
nous venons de le dire, du fini le plus
achevé, il n'en est guère de même des
deux vantaux, qui sont restés en partie
à l'état d'ébauche.

Dans le compartiment supérieur du
volet qui se présente à la gauche du
spectateur, l'artiste a représenté le Buis-

son ardent. L'Églantier mystique est
planté au premier plan d'un paysage
parsemé de châteaux et de maisons, et
il occupe les deux tiers de la hauteur, et
toute la largeur du panneau. Du sommet
du Buisson ou plutôt du milieu des flam-
mes qui le couvrent, on voit sortir une
figure à mi-corps ; c'est celle de l'Eter-
nel qui lient la main droite levée en signe
de bénédiction, et qui porte de la main
gauche le globe de la terre surmonté
d'une croix.

A l'exception de la figure de l'Eternel,
qui est due au pinceau de Jean Van
Eyck, tout le reste de ce panneau ap-
partient à une main étrangère qui aura,
plusieurs années après la mort de cet
artiste, essayé de terminer cette pein-
ture restée en partie à l'état d'ébauche.
Sur le bord qui sépare le compartiment
supérieur de celui d'en bas, on lit ces
mots.

Rubus ardens et non comburens (1).

Dans le compartiment inférieur du
même panneau, on voit Gédéon à qui
l'ange apparaît pour lui dire : l'Etemel
est avec toi (2). Cette composition sur
laquelle se trouvent écrits ces mots :
Vellus Gedeonis, est de la main même
de J. Van Eyck, mais elle est simple-
ment ébauchée.

Le volet opposé est également divisé
en deux compartiments. Dans celui d'en
haut est représentée la porte fermée
d'Ezéchiel (5). Elle est de forme ogiva-
le, chargée d'ornements, et surmontée
d'une frise où l'on remarque cinq sta-
tues. Celle du milieu ligure le synagogue,
les yeux couverts d'un bandeau ; les qua-
tre autres sont celles des évangélistes.
De chaque côté de la porte sont dépo-
sées, les unes au dessus des autres, une
suite de niches dans lesquelles sont pla-
cées des statuettes qui représentent les
douze apôtres.

Enfin, tout au haut et au-dessus des
évangélistes, se trouve une ligne d'au-
tres niches peuplée de figurines, dont il
n'est guère possible de déterminer le
caractère , car tout ce panneau, à l'ex-
ception de la porte mystique et de trois
apôtres, est simplement ébauché.

La porte occupe presque toute la lar-
geur du panneau. Dans l'angle supé-
rieur, on aperçoit Adam et Eve, près de
l'arbre de science. Au dessous, sur le
bord qui sépare le compartiment supé-
rieur de celui d'en bas, on lit ces mots:
» porta clausa. »

Dans le compartiment inférieur du
même volet, l'artiste a représenté, pour

(1) Exod, Chap. III, f 2.

(2) Juges, Chap. VI. f 12, 36.-38.

(3) Ezéchiel, Chap. XL1V. fi. et 2.

servir de pendant à Gédéon , l'image
d'Aaron, se tenant debout, qui est
également à peine ébauchée. Sous cette
figure sont tracés ces mots : » Virga
Aaron /lorens (4).

Le côté extérieur des volets est aussi
divisé en deux compartiments dont cha-
cun présente une composition différente.

Héris.
(la fin au prochain n").

NÉCROLOGIE.

— M. Joseph Geirnacrt, peintre distingué, est
mort ce mois-ci à Gand. Il naquit à Eecloo en
1791 et eut pour mailre J. Paelinck. On cite de
Geirnaert plusieurs bons tableaux parmi lesquels
on remarque : le retour du Marin; la liquidation
d'une mortuaire; Van Dyek; la vente judiciaire ;
Marie-Thérèse ; Marie-Antoinette ; le médecin hon-
grois etc.

Geirnacrt a fait quelques bons élèves. On trou-
vera dans le livre d'Immerzeel une notice inté-
ressante sur ce peintre ainsi que son portrait
assez ressemblant.

C'est le 22 qu'ont eu lieu les obsèques de cet
homme de bien généralement estimé. Un grand
nombre de notabilités ont suivi le convoi jusqu'au
cimetière; nous avons remarqué dans la foule les
autorités communales , Bourgmestre et Ëchevins
en tête, des professeurs de l'université, le corps
professoral de l'académie, tous les artistes de la
ville et bon nombre d'élèves du maitre, venus de
Bruxelles et d'ailleurs.

M. Canneel, directeur de l'académie, a pro-
noncé au nom de cet établissement où le défunt
était professeur, quelques paroles éloquentes et
vivement senties. M. Schcpens, secrétaire du
Kunstgenootschap, a également prononcé un dis-
cours d'adieu au nom du cercle.

— M. Duprcssoir peintre de marines et de
paysages, né à Paris en 1800, est mort ce mois-ci
à Montmartre.

NOUVELLES D'ATELIER.

Chronique de la quinzaine. — Variétés.

BELGIQUE.

— M. Slingeneyer est chargé d'exé-
cuter des peintures colossales pour un
des grands châteaux du pays. Ce sont
cinq immenses toiles représentant des
sujets grandioses; la naissance du chris-
tianisme en Belgique; la suppression de
l'esclavage ; la renaissance des arts; un
sujet allégorique qui nous échappe et
enfin le plus vaste de tous, l'affranchis-
sement des Gaules. Ce dernier sujet, déjà
esquissé sur la toile, est d'un effet re-
marquable. Clodion, porté sur le pa-
vois, est acclamé par ses troupes et salué
par le peuple. M. Slingeneyer a trouvé

(i) Nombres, Chap. XVII. f 8.
 
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