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JOURNAL DES BEAUX-ARTS.

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obscur nous apercevons la tête d'une
laide vieille femme, comme le maître en
place si souvent dans ses tableaux ; elle
tourne des yeux méchants vers Herodias
et tient un drap pour fermer la compo-
sition. A côté de la princesse, sur le
premier plan, se tient un page vu de
profil que nous avons également déjà
rencontré chez le même artiste. Nous
croyons cette belle toile authentique,
mais nous ignorons si D. Daulby en fait
mention dans son catalogue descriptif
des ouvrages de Rembrandt.

L'administration de notre ville a pris
pour devise à ce qu'il parait : Hâte-toi
lentement ; la lenteur avec laquelle mar-
che la bâtisse de notre nouveau musée
est devenue proverbiale; si cette mar-
che de tortue continue , il faut craindre
que le généreux fondateur, M. Richartz
n'aura pas la joie de voir achevé ce mo-
nument de sa munificence.

M. Richartz a donné également 400,000
francs pour la fondation d'une école po-
lytechnique. Ce don patriotique a été
reçu avec la plus vive reconnaisance et
pourtant l'affaire a été traitée avec une
nonchalance sans pareille. Aussi l'ad- 1
ministration colonaise a été sur le point
de se voir supplantée par la ville d'Aix-
Îa-Chapelle et M. Richartz a failli retirer
sa promesse. Enfin, pressé par les cir-
constances, le conseil communal a voté,
outre 800,000 francs pour l'édifice et
les premiers arrangements, un subside
annuel de 60,000 francs. Il faut encore
la ratification de la régence et malgré
tous nos sacrifices nous ne sommes pas
encore sûrs de l'obtenir, grâce au sys-
tème de centralisation.

La province Rhénane va ériger un
monument à feu notre roi Frédéric Guil-
laume III et Cologne sera assez heu-
reuse pour le voir s'élever sur une de
ses places publiques. On parle d'une
statue équestre, mais on ignore si la
commission directrice ouvrira un con-
cours pour le modèle ou si elle a déjà
choisi l'artiste auquel ce travail sera
confié. La voix publique avait déjà dé-
signé M. Gustave Rlaeser né à Cologne,
et sans contredit un des élèves les plus
distingués de feu le professeur Rauch,
l'auteur du monument des monuments
modernes , celui de Frédéric-le-Grand
qui est un des plus beaux ornements
de Berlin. M. Blaeser est un statuaire
accompli; il serait à désirer qu'on le
choisît pour exécuter ce monument qui
doit orner sa ville natale; du reste la
province a contribué d'une manière si
libérale que l'on peut ériger un monu-
ment grandiose et du premier ordre.
On a aussi ouvert l'avis d'employer la
somme contribuée à augmenter les fonds
de la nouvelle école polytechnique; vous

voyez que nous commençons à devenir
pratiques. Un tel établissement, indis-
pensable par les exigences du temps *
serait un souvenir de feu notre roi plus
digne qu'une statue. Dans toute l'Alle-
magne il n'y a que trois écoles poly-
techniques, celle de Vienne, celle de
Carlsruhe, celle de Hanovre et l'école
des métiers, Geicerbe-Inslilut, à Berlin.

Le transept du midi de notre Cathé-
drale, nouvellement bâti, est achevé
dans toute la richesse de ses propor-
tions, de ses tympans richement tracés,
de ses contreforts et de ses sveltes pi-
nacles. On a déjà ôté tout l'échafaudage,
de sorte que l'on peut jouir de l'aspect
de cette belle construction dans tous ses
détails. Mais ne nous abusons pas: la
cathédrale nous parait de ce côté plus
petite, elle a perdu de son effet gran-
diose; les proportions se montrent trop
en raccourci de quelque point de vue
que l'on contemple le majestueux édi-
fice. Nous sommes convaincu que le
dernier architecte de la cathédrale a
pressenti cet effet d'entassement et voilà
pourquoi il n'a pas même commencé les
transepts que Zvvirner a achevés bien
exactement d'après les proportions et
les motifs donnés. Pour nous, il nous
est impossible de nous défendre du
sentiment pénible que l'effet de cette
partie de la cathédrale nous inspire;
mais nous ne voulons pas préjuger la
question ; peut-être l'envisagera-t-on
d'une autre manière.

Dans une de nos prochaines corres-
pondances , nous donnerons un compte-
rendu exact des travaux exécutés dès
le commencement de l'achèvement de la
cathédrale et les sommes employées
dans ce but, si toutefois telle chose
intéresse les lecteurs du Journal des
Beaux-Arts.

La ville de Cologne possédera dans
quelques semaines un vrai bijou de l'art
d'ornementation monumentale. M. Mi-
chel Welter met la dernière main à l'or-
nementation de l'abside orientale et du
chœur de l'église St. Cunibert, basili-
que en piliers de la première moitié du
XIIIe siècle, bénite en 1248, l'année
même où notre fameux archevêque,
Conrad de Hochstaden, jeta la première
pierre de la cathédrale, en présence du
comte Guillaume de Hollande, élu roi
d'Allemagne à Voringen (diocèse de Co-
logne). M. Welter a déployé dans cette
ornementation qui est due à la munifi-
cence d'une dame et qui coûtera plus
de 16,000 francs, tout ce luxe de for-
mes et de couleurs qui nous enchantent
dans les plus belles miniatures de l'é-
poque même de la construction de l'é-
glise. II n'y a aucune ligne, aucune for-
me qui n'appartienne -à cette époque et

pourtant rien ne dénote une froide co-
pie ou une simple imitation ; c'est une
œuvre d'art sérieuse, conçue sous l'in-
fluence des études les plus profondes
par l'âme d'un véritable artiste qui réu-
nit au goût le plus pur la plus grande
sévérité, qui est passé maître en son
genre et qui a produit ici un nouveau
chef-d'œuvre.

Si l'on en croit les on dit, le chapitre
de la cathédrale a l'intention de faire
nettoyer et restaurer le fameux tableau
à volets connu sous le nom du Dombild.
Avant l'occupation de notre ville par les
Français, en 1794, ce tableau ornait le
maître-autel de la chapelle de l'hôtel de
ville, où le sénat allait à la messe avant
d'entrer en séance. Pour le sauver des
réquisitions des commissaires de la Ré-
publique française, on le cacha, et, en
1810, il lut placé dans une des petites
chapelles qui entourent le chœur de la
cathédrale. L'année passée la ville l'a
réclamé, mais elle a été déboutée de sa
demande. Le grand panneau du milieu
du tableau représente l'adoration des
mages et, à l'intérieur des volets, nous
voyons les patrons de la ville : Ste.
Ursule et ses compagnes d'un côté et
de l'autre St. Géréon entouré de guer-
riers, peints à l'huile sur fond d'or.
Nous n'exagérons point en appelant
cette peinture la perle des tableaux de
la deuxième moitié du XVe siècle, soit
allemands, soit flamands. La composi-
tion, le dessin, l'expression des tètes,
la fraîcheur et la force du coloris, tout
est unique pour son temps. Et l'on ne
connaît pas l'auteur d'un tel chef-d'œu-
vre! même dans nos archives, nous ne
trouvons rien de positif; les noms de
la célèbre école de Cologne auxquels on
l'a attribué sont tous hypothétiques.
Les chances les plus probables sont
pour Stephan Lochner qui vivait an mi-
lieu du XVe siècle et qui occupait même
la place de sénateur de la ville. (Voir :
Die meister der altkolnischen malerschule,
par J. J. Merlo,pag. 108 ss.) Mais qu'im-
porte le nom? admirons et vénérons le
génie créateur du grand artiste dans son
œuvre incomparable pour l'époque à
laquelle elle appartient.

Dieu veuille que le tableau ne tombe
pas dans les mains d'un de ces écor-
cheurs qui se disent restaurateurs; il
n'y a pas de musée en Europe qui n'ait
à se plaindre de leurs forfaits. Notre
tableau a déjà assez souffert d'un de ces
soi-disant nettoyages pour que le cha-
pitre soit on ne peut plus circonspect
dans le choix du restaurateur. Nous
croyons de notre devoir d'exprimer hau-
tement notre crainte car si le tableau
périt par une main sans conscience, la
perte sera irréparable. Que l'on pèse
 
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