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artiste lin changement si soudain, si com-
plet, si heureux. Les deux tableaux du Sa-
lon, dus à cet artiste, prouvent ce que nous
avançons. Ce sont deux toiles qui ont été
vues avec plaisir et applaudies. lVI. Manet
est parvenu à mystifier le jury avec un
Combat maritime qui ne mérite pas même
le silence; il y a de par le monde des choses
exécrables qu’il est bon de flétrir en pas-
sant. -— M. Mois (R), presque un débutant,
a produit une Vue d’Anvers, un peu noire,
mais d’une touche magistrale et d’une ac-
centuation ferme et puissante. Belle toile
et peintre d’avenir ! — Les marines de M.
Wüst attirent l’attention par leur intime
accent de vérité et des témérités de des-
sin où se révèlent un maître et une école.
Ce peintre a de l’audace et du cœur. Après
certains paysages où il a fait résonner
haut les notes les plus poétiques de son
talent, il nous précipite en plein dans les
vagues d’une mer dont son pinceau nous
laisse voir les profondeurs sombres et
vastes. Il y a là une nature exceptionnelle
d’artiste relerée par une réelle originalité.
M. Lumley (Savile) a aussi une nature d’ar-
tiste, d’un genre différent mais également
exceptionnelle. Il recherche certains effets
de lumière et d’atmosphère dans l’inter-
prétation desquels il déploie une finesse
et une délicatesse peu ordinaires. Il s’at-
tache généralement à reproduire des scènes
de pèche d’un caractère très pittoresque.
Celle de cette année se passe à l’embou-
chure de la Néva et vous saisit par son
aspect aussi étrange qu’exact. Sa touche
a plus de précision que de spontanéité ;
il entend très-bien les fonds vaporeux qui
vont mourir dans l’immensité de la nuit et
sa perspective aérienne, toujours très-exacte,
donne à ses tableaux beaucoup d’air et de
lumière. Parmi les maiinistes étrangers,
citons principalement un artiste très-sé-
rieux et très-fin, M. Mesdag, et n’oublions
pas de mentionner MM. de Burbure et
de Beughem dont les progrès sont des plus
marquants.

Parmi les tableaux représentant des nues
de ville, notons en toute première ligne
MM. Stroobant et Van Moer. Dans ses deux
Vues de Bruges, M. Stroobant s’est élevé à
une puissance d’exécution vraiment magis-
trale. On serait tenté de croire que c’est le
dernier mot de ce talent si sûr de lui-même,
si l’on ne savait qu’à chaque exposition une
force nouvelle lui semble acquise. Dans sa
manière de choisir et d’éclairer ses points
de vue, le maître déploie un goûlet une
entente irréprochables et il imprime à son
œuvre un cachet de poésie archéologique
delà plus exquise saveur. Ce n’est donc
pas la fermeté seuledu dessin etde la touche
ni l’heureux et intelligent choix des sujets
qui donnent à M. Stroobant une valeur toute
spéciale dans la genre qu’il représente; c’est
aussi et surtout le sentiment de la gran-
deur du passé qu’il sait infuser aux monu-
ments qui posent devant lui. 11 y a là plus
que la forme extérieure de l’art, il y a la
poésie de l’histoire et sa philosophie, pro-
blème d’une difficulté inouïe queM. Slroo-

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hant a résolu avec une supériorité de ta-
lent que le public ne se fatigue pasd’applau-
dir. M. Van Moer, autre maître dans un
genre hérissé de difficultés, nous a donné
entre autres, cette année, une œuvre étran-
ge, toute pleine de surprises et traitée avec
un brio que les obstacles du sujet ont
positivement excité. Une succession de toits
rouges d’où jaillissent de ci de là les mo-
numents de la capitale, se perd au lointain
dans les vapeurs de l’horizon, tel est le
sujet qui représente Bruxelles en 1868. Ce
diorama saisit le spectateur un instant
troublé devant les audaces du premier
plan, mais bien vite, mis au courant de
la situation , puis émerveillé par l’éton-
nante souplesse avec laquelle le pinceau de
de l’artiste s’est promené dans le dédale
de bâtiments dont le tableau est constellé.
Cette œuvre affirme à nouveau un talent
brillant qui n’en n’est plus à faire ses preu-
ves et qui se montre ici sous un jour nou-
veau. Dans la Vue de Venise nous retrou-
vons les charmantes réminiscences des
sujets de ce genre dont M. Van Moer s’était
jusqu’ici constitué l’heureux spécialiste. —
M. Bossuet reste le même et se soucie
peu de varier sa manière. C’est un tortqu’on
lui a souvent reproché et que nous lui repro-
cherons encore ici.—M. Maswiens.dans ses
Cathédrales de Tolède et de Bruges, s’est en
quelque sorte transformé: sa manière s’est
élargie et ses jeux de lumière ont acquis
une allure très-grande, très-juste et des
tons d’une exquise tinesse. Le contingent
de cet artiste est important et nous l’avons
salué avec d’autant plus de plaisir qu’il se
trouve être à peu près le seul représentant
d’un genre dont l’abandon ne doit être
attribué qu’aux difficultés qui y sont in-
hérentes et avec lesquelles M. Maswiens se
joue comme à plaisir.— M. Carabain mar-
che à merveille, on le sent entraîné, sur-
tout dans son Hôtel de ville à Guslar, plein
d’effet, de lumière et d’une excellente tech-
nique. Encore un talent qui progresse, qui
annonce une intelligence de choix et dont
l’horizon est plein de radieuses promesses.

— M. Springer a été moins heureux cette
année, ainsi que M. Boulanger qui nous
paraît s’être imposé une tâche irréalisable
dans de telles proportions. — M. V. Ver-
vloet vise beaucoup plus à la vérité qu’à l’ef-
fet, aussi ses vues sont-elles recherchées de
ceux qui aiment l’exactitude,non-seulement
dans les parties architecturales d’un édifice
ou dans les lignes d’un paysage, mais dans
l’ensemble local d’une vue où la nature mor-
te et la nature vivante marchent de compag-
nie. C’est cet ensemble qui constitue le
mérite des œuvres de l’artiste malinois qui
compte plus d’un succès dans son genre.—
M. Walckiers a reproduit le dôme et l’église
de IV. I). d'Hanswych, dans des tons gais et
lumineux, œuvre réussie et d’une touche
primesautière des plus agréables. — M. V.
Kuhnen, dans ses deux vues de ville, sur-
tout dans son coin de rue, déploie une habi-
leté de pinceau incontestable et une pa!ette
qui recherche les tons sombres et hennés.

— M. V. Eeckhout, que nous sommes heu-

reux de rencontrer au Salon, a exposé une
Vue de Tanger, sans beaucoup d’importan-
ce, mais qui dénote une main exercée. Nous
avons vainement cherché la Mauresque du
même.

Dans les Fleurs et fruits, deux tableaux
délicieux de la reine du genre Melle Van de
Sande-Bakhuyzen ; des Robbe assez écla-
tants mais froids; un Capeinick, de grande
dimension, supérieur aux précédents du
même artiste, bien disposé, bien dessiné et
surtout peint avec une adresse sûre qui ré-
vèle l’intelligence de l’auteur et le style qui
sera désormais le sien ; deux L. Verboeck-
hoven, des Chrisanlhèmes d'un naturel
effrayant, légèrement dessinées et peintes
dans certains demi-tons du plus gracieux
comme du plus juste effet ; du même, Boses
cl bijoux, joli tableau d’une composition
originale ; de Mlle de Vriendt des Fruits et
accessoires corsés et pastichant les anciens
avec succès ; de Mmc de Fianchimont des
Fruits traités dans une gamme brillante
et un style d’une suprême élégance ; de M.
E. Cardon, deux tableaux de Fleurs où se
montre un artiste de grand mérite. Ses
fleurs à lui sont à peine touchées et tout y
est, tout... nous allions dire jusqu’au par-
fum. Etonnante et heureuse spécialité que
celle de pouvoir en quelque sorte jeter en
passant sa pensée sur la toile! de MIle Roo-
senboom des raisins pétrifiés peu heureux,
de M. Huygens une Branche d’aubépinesy
d’un travail exquis; de MmeRenoz, des Lilas
au naturel, d’une douceur et d’une finesse
de tons très remarquable et dégageant de
leurs nombreux petits calices toutes sortes
de souvenirs printaniers charmants, et aus-
si un Bouquet avec bijoux, dénotant une ar-
tiste de talent et de sentiment.

Passons rapidement en revue, pour arri-
ver à la sculpture, le compartiment des
aquarelles, dessins, gravures, etc., toutes
choses que nous voudrions,pour notre part,
exclues des expositions réglementaires et
réservées pour des exhibitions spéciales.

M. Menzel, dans une aquarelle un peu
sombre mais étonnamment bien étudiée,
justifie tout le bien qu’en a dit dans ce jour-
nal, notre correspondant berlinois, M.
Bruno Meyer ; quant à M. Ph Rousseau,
remarquons simplement qu’il a déjà été plus
heureux.

M. Pecquereau a fait un chef-d’œuvre
avec sa Vue, de Montjoie ; M. Barye est plus
puissant que vrai ; M. Jacquemart est fau-
teur d’un délicieux portrait de femme traité
avec autant d’assurance et de légèreté que
d’esprit ; M. Lauters n’a jamais été plus
savant et plus brillant; M. Iylterschaut est
fort habile, fort délicat, mais un peu trop
sommaire dans ses arbres ; ses ciels sont
charmants ; M. J. Van der Plactsen a peint
à l’aquarelle, un grand portrait de femme,
œuvre plus curieuse que belle, mais qui ré-
vèle d’incontestables qualités. Citons aus-
si de jolies aquarelles de M. Numans et de
M. Le Mayeur, des intérieurs hardis de M.

! Borio, une tête de vieillard de M, A. Schaep-
kens, l’admirable aquarelle de feu Sinïb-
 
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