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N« 7.

15 Avril 1876.

Dix-huitième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE Xj A LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. SIP.ET, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspondant

de la Commission royale des monuments, membre de l'htslilut des provinces de France, de la Société française d'Archéologie, etc.

OIS' S'^-BOIINriNïr: : à Anvers, chez TESSAIÎO, éditeur; à Bruxelles, chez "DECQ et terre, France, Hollande, Italie et Suisse, 12 fr. Pour les autres pays, même prii, le port en sus. —

DUHENT et chez MUQUARDT; à <;and, elie/. IlOSTK et chez ROGGIIÉ; à Liège, chez DE SOER PRIX PAR NUMKKO :50 c. — RECLAMES et Insertions extraordi-

et chez DECQ.- a l.ouvain, chez Ch. PEETEES; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour naires : 2 fr. la li_'ne. — Pour les zrandes annonces on traite à forfait. — ANNONCES :

1 Allemagne; la Russie et l'Amérique : C MUQUARDT. La France : DUSACQ et Cie, 1 aris. lV.ur 40 c. la ligne. — l'our tout ce qui regarde l'Administration ou les annonces s'adresser à l'Admi-

la Hollande-MARTINUS NYHOKF, à la Haye. — PRIX D'ABONNEMENT : nistration, ruedn Progrès,23, a St-Niculas (Flandre orientale)ou à Louvain, rue Marie-Thérèse,22,

pour toute la Belgique (port compris). Par an, 9 fr. — Etranger (port comprisi : Allemagne, Angle- — II pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction.

SOMMAIRE : Belgique : Les mésaventures de
Daniel de Coster. — Une lettre de M. Alfred Mi-
cliiels. — Gonzales Coques. — Fkaxce : Corres-
pondance .particulière. — Ventes et catalogues
van VValeliren et J:icobson. — Vente Schneider.—
Allemagne : Correspondance particulière. — An
gleteure : Vente de gravures modernes : CoIUc-
tiun Burtv.— Chronique générale. - Piogranimes.
— Règlements. —. Avis. — Annonces.

Belgique.

LES MÉSAVENTURES DE DANIEL
DE COSTER A MALINES.

Les archives de Matines renferment une
farde relative h un épisode malheureux, mais
curieux, de la vie d'un peintre anversois.
nommé Daniel De Coster (i)—Ce personnage
étant venu à Malines dans le but de vendre
quelques productions de sa main,y eut maille
à partir avec la police locale. L ; lieutenant
de Técouléte l'arrêta, mais l'artiste,Jugeant
qu'il avait été victime d'une indigne sévérité,
poursuivit à son tour le justicier. A cette
occasion, fut dressé un état complet des
scènes qui avaient eu lieu et qui devaient
servir à la justification du plaignant. Les
pièces de la procédure ont été conservées et
relatent minutieusement toutes les péripéties
de la contravention. Voici, d'après la double
déclaration des partis, ce qui s'était passé :
Daniel De Coster intenta une action en
dommages et intérêts à Remi Vrienls, lieu-
tenant de l'écoutètede Malines. Cet officier,
ayant trouvé l'artiste endormi nuitamment
sur un banc, devant la porte d'un cabaret de
la rue de Sainte-Catherine, l'avait arrêté du

(1) Archives de Malinei. Inventaire des papiers
(Affaires civiles) art. Beaux arts.

Daniel De Coster , reçu maître dans ;la
gilde anversoise de Saint-Luc en 1627-16-2S. ne put
paver les droits de 25 floiins, 4 sous, auxquels il
était tenu (Rombouts et van Lerius. Liggeren, t. 1.
pp. 650 et 658). Dans les registres de la corporation,
il est qualifié de peinlre en détrempe (walerverf
schilder) , tout comme Alexandre Adriaensen et
Jacques Jordaens qui peignaient aussi admirablement
à L'huile. Daniel De Cosler les a-til imités?

Peut-être maître Daniel avait-il des parents de
son nom à Malines, car dans cette ville pratiquaient
la peinture au xvne siècle, Adam De Coster, né à
Malines en 1589 , reçu franc maître à Anvers en
1607-1608, décédé le 4 mai 1643 ; et Jean DeCos-
ter, que Jean Le Saive, dit de Namur, le Vieux,
reçut dans son atelier le 8 janvier 1614.

chef de vagabondage et lui avait fait subir
de fort mauvais traitements. Le peinlre,
exaspéré par les violences qu'il avait endu-
rées sans motifs, exposa, en vue de sa justi-
fication toutes les circonstances du court
séjour qu'il avait fait à Malines. De con-
cert avec soniéinoin, Guillaume Rombauts,
également peintre et âgé de 38 ans,il raconta
ce qui suit :

Le 6 du mois de mai 1629, Daniel De Cos-
ter était venu à Malines pour y vendre quel-
ques-uns de ses tableaux; à cet effet, il se
rendit d'abord chez Maur Moreels eu com-
pagnie d .quel il vida en bonne amitié un
pot de bière (i). L'heure de la retraite son-
nant à la tour de S.iint-Rombaut, De Coster
se leva et prit congé de son collègue il neuf
heures pour se diriger vers son logement.
Il comptait passer la nuit chez le mari de sa
sœur, Pierre Vorscliuerén, également pein-
tre, dont la demeure était clans la rue du
Cimetière.à côtédu pont dit Mulekens-brugfi).
Malheureusement son beau-frère ne l'atten-
dait pas. De Cosler ayant vainement agité
!e marteau du logis, trouva porte de bois et
se vit réduit à chercher un gîte ailleurs. 11
se rendit donc dans le voisinage, à l'au-
berge « in de Persse » mais l'hôtelière ne
voulut pas ouvrir, et, de plus, elle lui cria du
haut de la fenêtre que Verschueren étant
absent, il était inutile d'y retourner. Le
peinlre se dirigea alors vers deux autres
auberges, l'une nommée « hel Kraenken »,
l'autre « Ceulen, » située à la Grand'place.
— Dans l'un et l'autre de ces établisse-
ments, l'entrée lui fut refusée encore à cause
de l'heure avancée.

Continuant ses recherches, il alla frapper
chez Corneille Verbiest, cabaretier, habitant
derrière l'église de Notre-Dame, au-delà de
la Dyle; dans cette tentative, il ne fut guère
plus heureux que dans une autre qu'il fit
ensuite au Marché aux grains, à l'enseigne
« Roomen » où on lui signifia qu'il n'y avait

(1) Maur Moreels, peintre d'histoire, habitait
alors dans la rue Sainte-Catherine la maison « le
Heaume d'or» où avait demeuré son père Maur le
Vieux, également peintre et ni irehand de couleurs.

(2) Pierre Verschueren, franc-maître de la gilde
des artistes, à Malines, dès avant 1619, était doyen
de ce corps en 1629. 11 avait épousé d'abord Elisa-
beth De Coster,ensuite Anne Kersavant. 11 décéda le
18 janvier 1632.

pas déplace pourdes étrangers venant après
l'heure du couvre-feu.

Partout rebuté, mais néanmoins peu sou-
cieux de passer la nuit à la belle étoile,
(d'autant plus, avoue l'artiste « qu'il éprou-
vait quelque peu l'influence de la bonne
bière que lui avait versée son ami Moreels),
il songea à implorer l'hospitalité d'une vieille
tante, veuve de son oncle Pierre De Coster,
laquelle avait sa demeure dans la rue d'Ade-
èfttèni en face de la brasserie 'den Hertshoren»,
La bonne femme, soit qu'elle n'eût pas à
se louer de son neveu, soit qu'elle craignît
de le recevoir chez elle dans l'état où il se
trouvait, fut sourde à sa prière. Ensuite,
il tenta en vain de s'introduire aux cabarets
«deii Camp, •> « aux armes de Louvain » quai
Sainte-Anne, puis à « l'Ange. •> Enfin, pour-
suivant toujours ses recherches, il s'adressa
à l'auberge «deuftloor» mais encore sans
plus de succès. De cette maison sortait
précisément un serviteur de Messire Renaud
de France, président du Grand-Conseil. Ce
domestique était en route le soir, porteur
d'une missive de son maître. Nos deux at-
tardés cheminèrent ensemble jusqu'à la
Grand'place où ils se séparèrent; le dômes
lique rentra chez lui, tandis que le peintre,
prenant la rue Sainte-Catherine, espérait y
trouver un gîte à l'auberge « Saint-Luc. »
Cette maison était fermée comme toutes les
autres hôtelleries.

Rref, vaincu par le sommeil et harassé
par ses pérégrinations nocturnes, notre ar-
tiste se laissa choir et essaya, tant bien que
mal, de s'établir sur un banc placé à la porte
du cabaret « Saint-Luc. »

C'est là qu'il dormait profondément, sans
nuire à qui que ce soit, lorsque survinrent
le lieutenant de l'écoutète et ses gardes.
L'officier saisit violemment le dormeur par
le collet et donna à ses gens l'ordre de le
mener en son logis. Dans la maison du lieu-
tenant, De Coster subit tous les outrages :
on lui arracha son manteau, on l'abreuva
d'injures; les uns le tirèrent par les che-
veux , les autres par les bras et par les
jambes « non comme il convient, dit le plai-
gnant » à des gens de justice, mais comme
le ferait une bande de Turcs. Il ajoute que
les gardes qui « le traitèrent ainsi que cela
se lait dans une ville sauvage » voulaient lui
extorquer des promesses d'argent, sous le
 
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