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i5 Août i 885

Vingt-septième année.

JOURNAL

DES

BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

Directeur-Fondateur : M. Ad. SIRET,

Membre de l'Académie royale de Belgique, etc.
agent comptable : m. de potter.

paraissant deux fois par mois
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 10 FRANCS

étranger : port en sus
ILes abonnements sont annuels et partent du 15 janvier).

ADMINISTRATION&CORRESPONDANCE

A ANVERS (BELGIQUE) RUE ALBERT, 32,
S'-NICOLAS (FLANDRE ORIENTALE) RUE ZAMAN

SOMMAIRE. Concours. — Expositions. — Littérature :
Lamartine et Hugo. — Les distractions d'un juge de
paix. — La Belgique dans le Tour du monde, de Camille
Lemonnier. — Beaux-Arts : A propos du Rosenkranz-
fest de Durer. — Chronique générale. — Annonces.

CONCOURS DE GRAVURES

a l'eau-forte.

Dans notre prochain numéro nous don-
nerons la liste des planches qui prennent
Part au concours de 1885.

Notre Album de 1883-1884 est actuelle-
ment sous presse. Nous comptons en faire
la distribution dans le courant du tri-
mestre.

AVIS IMPORTAIT.

Le siège «le l'administration du Journal
••es Beaux-Arts est transféré à An-vers,
•lie Albert, »«, où on est prié de nous
^dresser le» journaux, livres, catalogues,
^tc., et en général tout ee qui concerne
'es annonces, les abonnements, la corres-
pondance, la rédaction et l'administra-
l|on.

EXPOSITIONS.

BIARRITZ. Exposition permanente.

CHICAGO. Exposition du 2 septembre au 17 octobre.
GAND. Concours industriels. Délai fatal : 12 nov.
LlMOUX Exposition du 6 septembre au 11 octobre.
LlNEYWAL. Le 7 septembre.

VERVIERS : (lu 25 août au 21 septembre.

CONCOURS DU FIGARO.

Le concours du Figaro dont nous avons donné le
^ogramme dans notre numéro du 15 juin est inter-
national.

CONCOURS GARIBALDI.

f, Un concours est ouvert à Nice pour un monument à
afibaldi.

t ^ concours aura pour juges : le préfêt des Alpes
Ultimes, le maire de Nice, un conseiller municipal)
3 délégué du ministère de l'instruction publique et

beaux-arts et trois artistes désignés par la Com-
ssion.

i Les projets ne seront reçus à la mairie de Nice que

•)Us,

I
lu

1(lu'au 30 novembre 1885, à midi,
auteur du projet adopté sera chargé de l'exécution

^ Monument. L'auteur du projet classé n° 2 recevra
fr. — et le projet classé n° 3, 1000 fr.
monument, statue et socle, devra être terminé
p le 21 janvier 1887 et la somme à dépenser ne
Ul>ra, tout compris, excéder 70,000 fr.

PRIX QUINQUENNAUX.

La huitième période du concours quinquennal A'his-
toire nationale, ainsi que la première période du
concours quiquennal des sciences historiques, institué
par l'arrêté royal du 20 décembre 1882, sont closes le
31 décembre prochain. Les ouvrages destinés à chacun
de ces concours seront reçus au département de
l'agriculture, de l'industrie et des travaux publics
jusqu'au 1er janvier 1886.

Concours académiques. Voir le n° 8 de la présente
année.

BELGIQUE.

Voir les numéros précédents pour les prix perpétuels
du Gouvernement.

Concours pour le monument Guislain, voir notre nu-
méro du 31 janvier dernier.

PRIX DU ROI.
(Voir nos précédents nos).

Littérature.

LAMARTINE ET HUGO

(Suite).

De 1840 à i852, Victor Hugo ne produit plus
rien qu'une sorte de drame épique en beaux vers,
qui sur la scène n'eut aucun succès : Les Bur-
graves (1843). La mode n'est plus à son théâtre.
On lui préfère Ponsard inaugurant dans Lucrèce
l'école baptisée du nom d'école du bon sens. Mais
le chef du romantisme a pris assez complètement
possession de la renommée pour forcer l'Académie,
jusque là récalcitrante,à lui ouvrir enfin ses portes.
Il songe aussi à entrer dans la vie publique. Ses
lettres sur le Rhin annoncent cette nouvelle ten-
dance (1). Lamartine de son côté ne déserta pas la
muse, comme on l'a dit : après la Marseillaise
de la Paix en 1840, il n'écrit plus en vers qu'à de
rares intervalles, mais il n'a fait que changer d'in-
strument. Sa muse, c'est Polymnie qui inspire la
poésie lyrique et l'éloquence tout à la fois; quand
elle ne tient pas la lyre, c'est la foudre et les
fleurs avec le caducée. Vers le tribun-poète vont
se tourner tous les regards.

Depuis 1820, il se préparait à la politique parla
diplomatie. Après avoir passé dix années dans les
ambassades de Naples et de Florence, il était
nommé ministre plénipotentiaire à Athènes,quand
éclata la Révolution de i83o. Ayant résilié ses
fonctions à l'avènement de Louis-Philippe, il subit

(1) Nous n'avons pas à nous arrêter à ce voyage sur le
Rhin où l'on ne peut pas dire que les belles pages abondent,
et qui n'a d'autre mérite sérieux que d'avoir produit les Bur-
graves.

un échec électoral dans le département du Nord,
et l'on vit — et sa réponse à Némésis fit sentir —
que le poète avait en lui l'âme d'un citoyen. En
1831 commença son rôle politique par cette éton-
nante brochure de la Politique rationnelle, où tout
le programme de 1848 était ébauché d'avance,
sans en excepter le suffrage universel, qu'il voulait
alors à deux degrés. Il était entré à la Chambre
des Députés en 1834, après son voyage en Orient.
Dès sa première apparition à la tribune, lelo-
quence s'était révélée en lui comme un autre don
de sa nature. A l'âge de quarante-quatre ans,
sans avoir jamais parlé en public (1), il s'était mis
du premier coup au rang des maîtres dans l'élo-
quence parlementaire, non seulement par la beauté
du style oratoire, mais par la voix, l'attitude et
le geste. Jamais pareil démenti n'avait été donné au
mot de Quintilien : Nascuntur poetae, fiunt ora-
tores. Il était né orateur comme il était né poète.
Ce n'est pas cependant sans travail qu'il parvint à
assouplir sa langue poétique au langage des af-
faires. Dans les premiers temps, n'exprimant guère
que des idées générales et traitant avec prédilec-
tion les questions humanitaires, il était considéré
comme un politique inoffensif dont les partis
n'avaient rien à craindre. C'était, disait-on, une
lyre à la tribune. Mais peu à peu il avait abordé
toutes les questions et forcé les partis à compter
avec lui. Il votait tantôt avec la droite, tantôt avec
la gauche, selon qu'on se rapprochait ou qu'on
s'éloignait de ses idées de gouvernement et de pro-
grès, n'ayant au fdnd qu'une pensée et qu'un but :
le triomphe de la vraie démocratie. En 1843, il
avait définitivement marqué sa place dans le camp
de l'opposition, en lui faisant comprendre que, s'il
prenait part à ses combats, c'était sans abdiquer
son indépendance. Sa tribune était plus haute que
celle de la Chambre : c'est par la fenêtre qu'il
parlait pour être entendu des masses dont il pré-
parait l'avènement. Aussi ses discours, repro-
duits par la presse qui reflétait le mieux l'esprit
public, faisaient le tour de la France et remuaient
parfois l'Europe entière. Il était devenu le plus
grand improvisateur des Chambres françaises.
Tous les mots de situation, les mots précurseurs
des orages qui approchent sont sortis de ses lèvres,
comme les symptômes révélateurs des courants de

(1) Excepté dans son discours de réception à l'Académie,
en 1830; mais on sait qu'à lAcadémie les discours se lisent,
et que, s'il est utile qu'on y soit éloquent, il n'est pas néces-
saire qu'on y soit orateur. Toutefois nous pourrions citer
comme un présage heureux de sa future éloquence le dis-
cours qu'il prononça à Béthune, en 1815, à ses compagnons
d'armes pour les empêcher de suivre Louis XVIII au delà
de la frontière.
 
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