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https://doi.org/10.11588/diglit.19246#0153
N° 19. i5 Octobre i885 Vingt-septième année.
JOURNAL
DES
BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE
Directeur-Fondateur : M. ad. SIRET,
Membre de VAcadémie royale de Belgique, etc.
agent comptable : m. de potter.
SOMMAIRE. Beaux-Arts : Nos concours. — Exposition
universelle d'Anvers. L'étranger. — La Belgique. —
Le paysage à l'étranger et -en Belgique. — Précis de
l'histoire de l'art. — Hans Canon. — Joseph Lies. —
Corr. part. : Eugène Fromentin. — Vente Berthold. —
Chronique générale. — Annonces.
paraissant deux fois par mois
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 10 FRANCS
étranger : port en sus
[Les abonnements sont annuels et partent du 15 janvier).
Beaux-Arts.
EXPOSITION UNIVERSELLE
D'ANVERS (Suite).
ADMINISTRATION&CORRESPONDANCE
a anvers (belgique) rue albert, 32.
mière fois qu'on s'en aperçoit, cela vexe.
Un mot ou deux de texte dans le catalo-
gue n'eût pas été de trop : pour moi s'en-
tend, car bien certainement mes collègues
doivent savoir à quoi s'en tenir là dessus.
Il y a dans la section française un ar-
tiste de talent qui a corrigé ou complété
Zola en nous offrant la Vieillesse de Nana.
Est-ce une leçon du peintre au romancier
qui fait très brusquement mourir son
héroïne à la cantonade? Je n'en serais
nullement surpris, car le dénouement
écrit qui a surpris tout le monde, ne vaut
pas le dénouement peint. Celui-ci est
vraiment réussi et l'abominable trogne
comme la non moins abominable prestance
de la Nana rêvée par M. Capdevieille est
d'une puissance de pensée et d'expression
inoubliable. Ce poème est hideux, soit,
mais c'est un poème. On le dirait écrit
par Barbey d'Aurevilly.
Les Parques de M. Agache nous ra-
mènent à ce temps où l'on faisait de l'allé-
gorie à mort dans le vieux goût. C'est
d'une vigueur italienne superbe; comme
décor ce panneau est d'un grand effet. Le
même artiste est l'auteur d'un portrait de
femme bravement enlevé sur fond rouge.
— Les Foins de Bastien Lepage m'ont
paru plus insignifiant que jamais et d'un
bête ! — La Visite du lendemain de noces
de M. Buland a de la couleur, mais je
n'y trouve pas la pointe d'esprit gaulois
que la chose comporte. Le lendemain exi-
geait plus d'à propos. — J'ai vu beaucoup
mieux de Fantin Latour que ce qu'il nous
donne aujourd'hui.Trop de vague,et, mal-
gré vous, la photographie vous parle. —
La grande toile de Melingue, Desgenettes
s inoculant la peste, est du Gros renforcé.
C'est dire assez que l'œuvre est sérieuse ;
elle est aussi très vivante par une sorte de
brutalité de composition qui n'est pas du
premier venu. C'est une œuvre toute fran-
çaise qui m'a fait grand plaisir.
EExtatique au xviil6 siècle de M. Mo-
reau, de Tours, offre de beaux passages.
C'est peint dans une forte tonalité qui se
soutient bien et c'est savamment dessiné.
Je signalerai spécialement l'extatique. Les
autres personnages avec leurs perruques
poudrées à blanc, frisant un peu l'effet de
lune, sont corrects, mais froids et guindés.
L'émotion leur manque et je trouve en eux
NOS CONCOURS.
Notre album de 1884 est sous presse.
Nous espérons pouvoir le distribuer bien-
tôt.
Le Concours de gravure à l'eau-forte
pour 1885 sera prochainement soumis au
jugement d'un jury.
Un abonné nous demande à propos du
petit concours pour un dessin de quittance
que nous avons ouvert dans notre numéro
du 1 5 septembre dernier, si le dessin primé
reste la propriété du Journal. Nous répon-
dons affirmativement. Les autres dessins
seront restitués aux auteurs. Des exem-
plaires d'artiste (20) seront remis au vain-
queur.
expositions.
BIARRITZ. Exposition permanente.
GAND. Concours industriels. Délai fatal : 12 nov.
PRIX QUINQUENNAUX.
La huitième période du concours quinquennal d,his-~-
toire nationale, ainsi que la première période du
concours quiquennal des sciences historiques, institué
par l'arrêté royal du 20 décembre 1882, sont closes le
31 décembre prochain. Les ouvrages destinés à chacun
de ces concours seront reçus au département de
l'agriculture, de l'industrie et des travaux publics
jusqu'au 1er janvier 1886.
Concours académiques. Voir le n° 8 de la présente
année.
BELGIQUE.
Voir les numéros précédents pour les prix perpétuels
du Gouvernement.
Concours pour le monument Guislain, voir notre nu-
méro du 31 janvier dernier.
PRIX DU ROI.
(Voir nos précédents nos).
L'ÉTRANGER : (LA FRANCE).
Mon cher Directeur,
Je constaterai aujourd'hui en commen-
çant un fait dont j'aurais dû m'occuper
plus tôt. C'est une recrudescence de pein-
ture religieuse dans l'école française. Ne
vous imaginez pas, mon cher ami, que je
veuille tirer parti de cette constatation
pour aligner ici des réflexions dont le
premier tort serait de ne rien signifier du
tout étant donné la situation philosophico-
sociale de la France au moment où j'écris
ceci, mais la remarque m'a paru devoir
être consignée dans un journal à l'affût
de toute convulsion artistique.Je dis «con-
vulsion" avec intention,car chezMessieurs
les artistes on ne procède pas autrement.
Sur 278 tableaux je relève 14 tableaux
religieux soit près de 5 %. J'ajouterai que
ces 14 tableaux sont presque tous d'une
qualité supérieure ; 5 sont placés et 8 sont
encore à vendre. Enfin, pour clore cette
observation je dirai qu'il est au moins
étrange de signaler cette recrudescence
chez la nation qui, à l'heure présente, est
de toutes villes du globe celle qui repousse
le plus les idées catholiques.
Les fugitifs d'Athènes de M. Léon
Glaize sont de vieilles connaissances que
je salue avec respect. C'est une page ma-
gistralement traitée et où toutes les lois de
l'art et de la logique sont observées. Celui
qui a fait cela est un maître qui ne pèche
peut-être que par trop d'aplomb,
LEdith de M. Schommer m'a semblé
une toile bien vide. Je n'en voudrais point
contester les mérites, mais je déclare
qu'aucune émotion ne m'a empoigné. Le
paysage a une certaine grandeur, c'est ce
qui m'a le plus frappé.
M. Benjamin Constant dans saZorayda
est de beaucoup inférieur à sa belle Sa-
lomé. Je dois ici avouer mon ignorance.
Zorayda ne m'est point familière. Ma
mémoire déclinerait que je n'aurais pas
lieu d'en être surpris, mais pour la pre-
JOURNAL
DES
BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE
Directeur-Fondateur : M. ad. SIRET,
Membre de VAcadémie royale de Belgique, etc.
agent comptable : m. de potter.
SOMMAIRE. Beaux-Arts : Nos concours. — Exposition
universelle d'Anvers. L'étranger. — La Belgique. —
Le paysage à l'étranger et -en Belgique. — Précis de
l'histoire de l'art. — Hans Canon. — Joseph Lies. —
Corr. part. : Eugène Fromentin. — Vente Berthold. —
Chronique générale. — Annonces.
paraissant deux fois par mois
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 10 FRANCS
étranger : port en sus
[Les abonnements sont annuels et partent du 15 janvier).
Beaux-Arts.
EXPOSITION UNIVERSELLE
D'ANVERS (Suite).
ADMINISTRATION&CORRESPONDANCE
a anvers (belgique) rue albert, 32.
mière fois qu'on s'en aperçoit, cela vexe.
Un mot ou deux de texte dans le catalo-
gue n'eût pas été de trop : pour moi s'en-
tend, car bien certainement mes collègues
doivent savoir à quoi s'en tenir là dessus.
Il y a dans la section française un ar-
tiste de talent qui a corrigé ou complété
Zola en nous offrant la Vieillesse de Nana.
Est-ce une leçon du peintre au romancier
qui fait très brusquement mourir son
héroïne à la cantonade? Je n'en serais
nullement surpris, car le dénouement
écrit qui a surpris tout le monde, ne vaut
pas le dénouement peint. Celui-ci est
vraiment réussi et l'abominable trogne
comme la non moins abominable prestance
de la Nana rêvée par M. Capdevieille est
d'une puissance de pensée et d'expression
inoubliable. Ce poème est hideux, soit,
mais c'est un poème. On le dirait écrit
par Barbey d'Aurevilly.
Les Parques de M. Agache nous ra-
mènent à ce temps où l'on faisait de l'allé-
gorie à mort dans le vieux goût. C'est
d'une vigueur italienne superbe; comme
décor ce panneau est d'un grand effet. Le
même artiste est l'auteur d'un portrait de
femme bravement enlevé sur fond rouge.
— Les Foins de Bastien Lepage m'ont
paru plus insignifiant que jamais et d'un
bête ! — La Visite du lendemain de noces
de M. Buland a de la couleur, mais je
n'y trouve pas la pointe d'esprit gaulois
que la chose comporte. Le lendemain exi-
geait plus d'à propos. — J'ai vu beaucoup
mieux de Fantin Latour que ce qu'il nous
donne aujourd'hui.Trop de vague,et, mal-
gré vous, la photographie vous parle. —
La grande toile de Melingue, Desgenettes
s inoculant la peste, est du Gros renforcé.
C'est dire assez que l'œuvre est sérieuse ;
elle est aussi très vivante par une sorte de
brutalité de composition qui n'est pas du
premier venu. C'est une œuvre toute fran-
çaise qui m'a fait grand plaisir.
EExtatique au xviil6 siècle de M. Mo-
reau, de Tours, offre de beaux passages.
C'est peint dans une forte tonalité qui se
soutient bien et c'est savamment dessiné.
Je signalerai spécialement l'extatique. Les
autres personnages avec leurs perruques
poudrées à blanc, frisant un peu l'effet de
lune, sont corrects, mais froids et guindés.
L'émotion leur manque et je trouve en eux
NOS CONCOURS.
Notre album de 1884 est sous presse.
Nous espérons pouvoir le distribuer bien-
tôt.
Le Concours de gravure à l'eau-forte
pour 1885 sera prochainement soumis au
jugement d'un jury.
Un abonné nous demande à propos du
petit concours pour un dessin de quittance
que nous avons ouvert dans notre numéro
du 1 5 septembre dernier, si le dessin primé
reste la propriété du Journal. Nous répon-
dons affirmativement. Les autres dessins
seront restitués aux auteurs. Des exem-
plaires d'artiste (20) seront remis au vain-
queur.
expositions.
BIARRITZ. Exposition permanente.
GAND. Concours industriels. Délai fatal : 12 nov.
PRIX QUINQUENNAUX.
La huitième période du concours quinquennal d,his-~-
toire nationale, ainsi que la première période du
concours quiquennal des sciences historiques, institué
par l'arrêté royal du 20 décembre 1882, sont closes le
31 décembre prochain. Les ouvrages destinés à chacun
de ces concours seront reçus au département de
l'agriculture, de l'industrie et des travaux publics
jusqu'au 1er janvier 1886.
Concours académiques. Voir le n° 8 de la présente
année.
BELGIQUE.
Voir les numéros précédents pour les prix perpétuels
du Gouvernement.
Concours pour le monument Guislain, voir notre nu-
méro du 31 janvier dernier.
PRIX DU ROI.
(Voir nos précédents nos).
L'ÉTRANGER : (LA FRANCE).
Mon cher Directeur,
Je constaterai aujourd'hui en commen-
çant un fait dont j'aurais dû m'occuper
plus tôt. C'est une recrudescence de pein-
ture religieuse dans l'école française. Ne
vous imaginez pas, mon cher ami, que je
veuille tirer parti de cette constatation
pour aligner ici des réflexions dont le
premier tort serait de ne rien signifier du
tout étant donné la situation philosophico-
sociale de la France au moment où j'écris
ceci, mais la remarque m'a paru devoir
être consignée dans un journal à l'affût
de toute convulsion artistique.Je dis «con-
vulsion" avec intention,car chezMessieurs
les artistes on ne procède pas autrement.
Sur 278 tableaux je relève 14 tableaux
religieux soit près de 5 %. J'ajouterai que
ces 14 tableaux sont presque tous d'une
qualité supérieure ; 5 sont placés et 8 sont
encore à vendre. Enfin, pour clore cette
observation je dirai qu'il est au moins
étrange de signaler cette recrudescence
chez la nation qui, à l'heure présente, est
de toutes villes du globe celle qui repousse
le plus les idées catholiques.
Les fugitifs d'Athènes de M. Léon
Glaize sont de vieilles connaissances que
je salue avec respect. C'est une page ma-
gistralement traitée et où toutes les lois de
l'art et de la logique sont observées. Celui
qui a fait cela est un maître qui ne pèche
peut-être que par trop d'aplomb,
LEdith de M. Schommer m'a semblé
une toile bien vide. Je n'en voudrais point
contester les mérites, mais je déclare
qu'aucune émotion ne m'a empoigné. Le
paysage a une certaine grandeur, c'est ce
qui m'a le plus frappé.
M. Benjamin Constant dans saZorayda
est de beaucoup inférieur à sa belle Sa-
lomé. Je dois ici avouer mon ignorance.
Zorayda ne m'est point familière. Ma
mémoire déclinerait que je n'aurais pas
lieu d'en être surpris, mais pour la pre-