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No 18.

3o Septembre i 885

Vingt-septième année.

J OURNAL

DES

BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

Directeur-Fondateur : M. ad. SIRET,

Membre de VAcadémie royale de Belgique, etc.
agent comptable : m. de potter.

paraissant deux fois par mois
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 10 FRANCS

étranger : port en sus
(Les abonnements sont annuels et partent du 15 janvier).

ADMINISTRATION&CORRESPONDANCE

A ANVERS (BELGIQUE) RUE ALBERT, 32.

SOMMAIRE. Concours et expositions. — Beaux-Arts :
Exposition universelle d'Anvers. Etranger. France
(suite). — Eugène Fromentin cliez lui (correspondance
particulière de Paris). — Société de calchographie. —
Littérature : Extraits du Polybiblion. Le chant du
siècle par Henri Jouin. — Chronique générale. — An-
nonces.

AVIS lMI'OItTAM-

Le siège de l'administration du Journal
des Beaux-Arts est transféré à Anvers,
»*ue Albert, 3SÏ, où on est prié de nous
«dresser les journaux, livres, catalogues,
etc., et en général tout ce qui concerne
les annonces, les abonnements, la corres-
pondance, la rédaction et l'administra-
tion.

EXPOSITIONS.

BIARRITZ. Exposition permanente.

GAND. Concours industriels. Délai fatal : 12 nov.

LIMOUX. Exposition du 6 septembre au 11 octobre.

CONCOURS GARIBALDI.

Un concours est ouvert à Nice pour un monument à
Garibaldi.

Le concours aura pour juges : le préfèt des Alpes
maritimes, le maire de Nice, un conseiller municipal,
in délégué du ministère de l'instruction publique et
des beaux-arts et trois artistes désignés par la Com-
mission.

Les projets ne seront reçus à la mairie de Nice que
jusqu'au 30 novembre 1885, à midi.

L'auteur du projet adopté sera chargé de l'exécution
'lu monument. L'auteur du projet classé n° 2 recevra
1500 fr. — et le projet classé n° 3, 1000 fr.

Le monument, statue et socle, devra être terminé
^vant le 21 janvier 1887 et la somme à dépenser ne
Pourra, tout compris, excéder 70,000

PRIX QUINQUENNAUX.

La huitième période du concours quinquennal d'his-
toire nationale, ainsi que la première période du
Encours quiquenrial des sciences historiques, institué
Par l'arrêté royal du 20 décembre 1882, sont closes le
•H décembre prochain. Les ouvrages destinés à chacun
de

ces concours seront reçus au département de
(Agriculture, de l'industrie et des travaux publics
•lusqu'au 1er janvier 1886.

Concours académiques. Voir le n° 8 de la présente
^'hiée.

BELGIQUE.

Voir les numéros précédents pour les prix perpétuels

11 Gouvernement.

Concours pour le monument Guislain, voir notre nu-
méro du 31 janvier dernier.

Beaux-Arts.

PRIX DU ROI.
(Voir nos précédents nos).

EXPOSITION UNIVERSELLE
D'ANVERS.

(Suite).

L'Etranger. (La France.)

Cher Directeur,

Si M. Morot s'était borné à peindre son
Christ dans la tradition voulue, c'est-à-
dire cloué à la croix et non attaché par
des cordes et avec cet écart disgracieux
des jambes, je crois qu'il aurait signé un
chef d'œuvre complet. Son dessin anato-
mique est admirable de correction et d'ex-
pression. Son effet de lumière est d'une
importance dramatique justement calcu-
lée, la tête, bien que ressemblant plutôt à
celle d'un saint quelconque qu'à celle de
Jésus-Christ, est empreinte d'une souf-
france sublime par le caractère de sou-
mission qu'elle revêt en même temps que
la signification du sacrifice s'y révèle clai-
rement. L'entourage est lui-même senti et
rendu dans toute l'émotion du divin mar-
tyre. Je ne crois pas que l'école moderne
française possède un Christ plus beau que
celui-là et compris dans les exigences de
respect et de sainteté que le sujet com-
porte. Je ne crois pas déplaire à M. Mo-
rot en lui disant ici que son œuvre a
évoqué en moi un mirage de Titien et de
Van Dyck fondus.

M. Cornerre a qui nous devons ce
Silène ventripotent que vous savez, nous
donne en revanche un Pierrot qui est
tout un poème. Cette tête ravissante de
grâce naïve et de franchise émergeant de
ce fourreau de blancs nuancés est vivante.
Il y a certainement moins de talent dans
ce Pierrot ou plutôt cette Pierrette si
simplement jolie, que dans l'encombre-
ment de chairs lascives du Silène, mais je
crois que le public en masse, même le
plus jeune belgique, se roulerait de pré-
férence aux pieds nantis de mules à bouf-
fettes de la chaste joueuse de mandoline
qu'aux cuisses des bacchantes effrontées
ci-dessus. Après cela il ne faut jurer de
rien.

Sans doute, mon cher ami, vous avez,
comme moi, conservé un souvenir quel-

conque de cette Judith qui sacrifia sa
vertu pour la délivrance du peuple d'Is-
raël. Comme moi aussi vous vous êtes
trouvé devant une certaine toile signée
Cazin dans la pâte et presque sous la pâte.
Il y a là au second, et même au troisième
plan, car enfin, malgré les nouveaux, il y
a encore deâ plans, une sorte de femme
marionnette qui change de costume. Au
fond, de droite à gauche,courent des mu-
railles et des tours comme celles d'Aigues-
mortes. A l'avant-plan se dresse sur un
bout de mur un superbe berger au torse
nu et près du cadre se voit une tête de
femme enveloppée d'un mouchoir et un
bébé. Le tableau est très vaste et les ac-
teurs sont clair-semés. Eh bien, cela s'ap-
pelle Judith (Le Départ). Mon Dieu, je
ne demande pas mieux, mais je ne suis
nullement obligé d'admettre cette leçon
que je n'ai même pas comprise avec le
livret sous les yeux. Que voulez-vous?
On a des traditions ou on n'en a pas. Je
ne prétends pas n'avoir que celle d'Horace
Vernet ou même celle du Dominiquin,
mais je me refuse absolument à recon-
naître une Judith biblique quelconque
dans cette petite poupée parisienne d'une
rare insignifiance qui se débarrasse de son
waterproof.

Il y a longtemps j'ai vu au musée de
Bâle, au dessus d'une porte, un Christ
mort de Holbein. Si mes souvenirs sont
exacts, il était plus cadavérique que celui
de M. Henner, mais il était meilleur. Je
crois bien volontiers que ceci est une ex-
cellente étude de corps mort, mais je n'y
puis voir celui qui est le Christ.

U Exécution du général Char et te, par
Le Blant, est plein de mérites. Cela est,
compris dans le rigorisme voulu, ni trop
ni trop peu. C'est complètement militaire.
Il n'y a là aucun pathos artistique. L'ar-
tiste qui a compris cela est évidemment
un homme de cœur et un metteur en
scène habile. C'est aussi bien peint que
composé, seulement je me demande si le
peloton de gauche est bien dans la gamme
des proportions ; les hommes m'ont semblé
trop petits pour la distance à laquelle ils
sont placés de celui qu'on va tuer.

Du même auteur il y a un Dîner de
l'équipage carrément brossé, mais sans
le moindre épisode intéressant.
 
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