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No 14.

3i Juillet i885

Vingt-septième année.

JOURNAL

DES

BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

Directeur-Fondateur : M. Ad. SIRET,

Membre de l'Académie royale de Belgique, etc.
agent comptable : m. de potter.

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS
PRIX PAR AN : BELGIQUE : 10 FRANCS

ÉTRANGER : PORT EN SUS
[Les abonnements sont annuels et partent du 15 janvier).

ADMINISTRATION&CORRESPONDANCE

A ANVERS (BELGIQUE) RUE ALBERT, 32,
S'-NICOLAS (FLANDRE ORIENTALE) RUE ZAMAN

SOMMAIRE. Concours. — Expositions. — Littérature :
Lamartine et Hugo. — Beaux-Arts : Exposition uni-
verselle d'Anvers. Belgique (histoire et genre). — Id.
L'étranger : la France. — Correspondance. — Joseph
Lies. — Le costume historique. — Chronique générale.
— Annonces.

AVIS IMPOUtTAMT.

Le siège «le l'administration (lu Journal
des Beaux-Arts est transféré à Anvers,
rue Albert, 3», où on est prié de nous
adresser le» journaux, livres, catalogues,
etc., et en général tout ce qui concerne
les annonces, les abonnements, la corres-
pondance, la rédaction et l'administra-
tion.

EXPOSITIONS.

BIARRITZ. Exposition permanente.

BUDAPEST : du 10 août au 30 septembre.

CHICAGO. Exposition du 2 septembre au 17 octobre.

GAND. Concours industriels. Délai fatal : 12 nov.

LE HAVRE. Exposition du 1 août au 20 septembre.

LIMOUX Exposition du 6 septembre au 11 octobre.

LINEYWAL. Le 7 septembre.

SALZBOURG : du lr août au 30 septembre.

SPA. Ouverture 12 juillet. Fermeture lin septembre.

VERVIERS : du 25 août au 21 septembre.

CONCOURS DU FIGARO.

Le concours du Figaro dont nous avons donné le
programme dans notre numéro du 15 juin est inter-
national.

CONCOURS GARIBALDI.

Un concours est ouvert à Nice pour un monument à
Garibaldi.

Le concours aura pour juges : le préfèt des Alpes
maritimes, le maire de Nice, un conseiller municipal.
Un délégué du ministère de l'instruction publique et
des beaux-arts et trois artistes désignés par la Com-
mission.

Les projets ne seront reçus à la mairie de Nice que
jusqu'au 30 novembre 1885, à midi.

L'auteur du projet adopté sera chargé de l'exécution
du monument. L'auteur du projet classé n° 2 recevra
1500 fr. — et le projet classé n° 3, 1000 fr.

Le monument, statue et socle, devra être terminé
aVant le 21 janvier 1887 et la somme à dépenser ne
Pourra, tout compris, excéder 70,000 fr.

PRIX QUINQUENNAUX.

La huitième période du concours quinquennal d'his-
toire nationale, ainsi que la première période du
c°ncours quiquennal des sciences historiques, institué
Par l'arrêté royal du 20 décembre 1882, sont closes le
décembre prochain. Les ouvrages destinés à chacun
'1® ces concours seront reçus au département de
! agricultnre, de l'industrie et des travaux publics
■îusqu'au 1er janvier 1886.

Concours académiques. Voir le n° 8 de la présente
^tinée.

BELGIQUE.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS. Concours de gravure
àl'eau-forie pour 1885. Voir notre N° du 15 janvier.
Délai fatal : 31 juillet.

Voir les numéros précédétits pour les prix perpétuels
du Gouvernement.

Concours pour le monument Guislain, voir notre nu-
méro du 31 janvier dernier.

PRIX DU ROI.

(Voir nos précédents nos).

Littérature.

LAMARTINE ET HUGO(i).

Voilà les deux plus grands noms de la littérature
française au xixe siècle. Tous deux ont eu le rare
privilège d'assister vivants à leur immortalité. Ils ont
vu briller cette étoile qui a coutume de ne se lever
que sur les tombeaux. Mais, tandis que le premier
mourait avec la majesté du silence, en refusant des
funérailles nationales et tout discours funèbre, le
second, comme les hommes que les,païens élevaient
au rang des dieux, est parti de l'Arc de Triomphe
pour le Panthéon, au milieu des applaudissements
d'une foule amoureuse de spectacles, et suivi de
onze chars de couronnes. Vingt-deux discours ont
exalté sa gloire. Ceux qui ont lu ces éloges,- s'ils
ignoraient l'histoire, ont dû se dire : il y a eu dans
notre âge un homme qui a dépassé de cent coudées
tous ses contemporains, non seulement à sa mort,
mais durant toute sa vie. C'est « le grand homme
du siècle » d'un siècle, disent ses panégyristes, qui
portera son nom, comme le XVIIIe siècle porte le
nom de Voltaire. Et dans tous les discours de ces
distributeurs d'encens, pas un mot sur son émule
en poésie, pas un mot sur Lamartine. Eh bien,
puisqu'on a oublié l'histoire, retraçons-la dans ses
grandes lignes, en nous dégageant des enthousias-
mes de commande pour parler le -langage de la
raison et de la conscience qui est celui de la posté-
rité. Si l'on doit des égards aux vivants, on ne doit
que la vérité aux morts, à ceux-là surtout qui sont
assez grands pour n'avoir pas à craindre les sévé-
rités de la critique, sévérités que la raison, le goût
et la morale imposent, quand on est en présence
des hommes dont la vie est offerte en exemple aux
générations futures.

La mort fut de tout temps l'asile de la gloire.

Rien ne doit jusque-là poursuivre une mémoire,
Rien... excepté la vérité!

(1) Nous devons celte étude d'une si haute raison et d'un
jet si brillant à l'obligeance de notre ami M. F. Loise. Qu'il
veuille accepter ici l'expression de notre vive gratitude.

Ad. S.

Ce qu'on exalte dans Victor Hugo, c'est le génie
poétique. Il faut donc, pour qu'il ait dépassé tous
ses contemporains, qu'il soit sans contestation le
prince des poètes de son époque, et que par consé-
quent il n'ait pas eu d'égal. En est-il ainsi? Ceux
qui font commencer à i83o le mouvement rénova-
teur de l'art moderne ont pu le penser. Mais, pour
parler ainsi, il faut supprimer d'un trait toute
l'histoire littéraire de la Restauration. La poésie
moderne date de 1820, c'est-à-dire de l'heure des
'Méditations poétiques. Lamartine en est le créa-
teur. Et comment l'a-t-il créée? En étudiant deux
livres : son âme et la nature. « Je suis le premier,
a-t-il dit, qui ai fait descendre la poésie du Parnasse
et qui ai donné à ce qu'on nommait la Muse, au
lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les
fibres mêmes du cœur de l'homme touchées et
émues par les innombrables frissons de l'âme et de
la nature. » Pour s'exprimer lui-même, sans avoir
besoin de puiser ses inspirations ailleurs que dans
son âme, il fallait qu'il eût l'expérience de la vie.
Il avait trente ans, quand il publia ses Méditations.

Deux ans après, en 1822, Victor Hugo se révélait
à la France par ses Odes. Il n'avait que vingt ans.
Trois fois déjà il avait remporté le prix aux jeux
floraux de Toulouse. Poète lauréat, il avait le don
des vers et s'annonçait comme un rival de Lamar-
tine, sans être son disciple. Tous deux relevaient de
Chateaubriand. Une double inspiration leur était
commune : le christianisme et la royauté. Ce qui
les distinguait, dès leur début, c'est que le premier
tirait sa poésie de lui-même, tandis que le second
la tirait du dehors. Supprimez le spectacle du
monde qui nous entoure, seul devant la nature et
devant Dieu, Lamartine est toujours Lamartine,
Hugo n'est plus Hugo. L'un est le poète du senti-
ment, l'autre le poète de l'imagination. Pour celui-
ci l'image est l'image, mettant les objets debout
devant les yeux, pour celui-là l'image est un sym-
bole, le symbole de l'invisible qui parle à notre
âme (1). On a dit : l'un est plus élégiaque, l'autre
plus lyrique. L'expression n'est pas juste. Ils sont
lyriques tous deux. Seulement il y a entre eux la
différence du lyrisme subjectif ou intime au lyrisme
objectif, s'inspirant des objets ou des faits. Mais
dans les Méditations la dominante était l'élégie;
dans les Odes c'était le lyrisme pindarique. D'un
côté régnaient la douceur, la grâce, la mélodie
caressante, la noblesse, l'élévation, l'abondance, la
splendeur ; de l'autre la force, la précision et l'éclat

(0 Un jour Lamartine marchant sur les feuilles tombées
dit à son interlocuteur : « Ecoutez cette parole qui roule à
nos»pieds. » Hugo aurait peint le phénomène dont le poète
des Méditations ne voyait que le symbole.
 
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