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N° 21.

i5 Novembre i 885

Vingt-septième année.

JOURNAL

DES

BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE

Directeur-Fondateur : M. ad. SIRET,

Membre de VAcadémie royale de Belgique, etc.
agent comptable : m. de potter.

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS
PRIX PAR AN : BELGIQUE : io FRANCS
ÉTRANGER : PORT EN SUS
(Les abonnements sont annuels et partent du 15 janvier).

ADMINISTRATION «^CORRESPONDANCE

A ANVERS (BELGIQUE) RUE ALBERT, 32.

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Exposition universelle d'An-
vers. Compte-rendu (suite et fin). — Le réalisme. —
Mort d'Auguste Sclioij •— Société viennoise pour la
propagation des arts. — Chronique judiciaire, respon-
sabilité des experts. — Faux tableaux. — Le musée des
portraits d'artistes.— Chronique générale.— Annonces.

Beaux-Arts.

EXPOSITIONS.

BERLIN. Grande exposition ouverte par l'Académie
de Berlin, avec le concours du Gouvernement, de mai
à octobre 1886.

BELGIQUE.

Voir les numéros précédents pour les prix perpétuels
du Gouvernement.

PRIX DU ROI.
(Voir nos précédents nos).

EXPOSITION UNIVERSELLE
D'ANVERS.

PAYSAGE, INTÉRIEURS, ETC. (Suite et fin).

Monsieur le Directeur,

Nous sommes tous rentrés dans notre
solitude des Hautes-Fagnes où chacun va
reprendre sa vie et ses outils. Mon cher
et vénéré patron qui m'a entraîné à écrire,
pour la première fois, mes impressions
sur ce que j'ai vu à Anvers, en fait de
paysages, intérieurs, animaux, etc., a eu
en moi une confiance qui, je le crains, ne
sera guères justifiée quoique je me sois
senti soutenu d'abord par ses encourage-
ments et ensuite par l'indulgence que je
suppose à vos lecteurs. Peut-être n'au-
ront-ils pas été mécontents de se trouver,
Une fois en passant, devant une primeur de
ce genre. Quoi ! un peintre-jardinier qui

PRIX QUINQUENNAUX.

La huitième période du concours quinquennal d'his-
toire nationale, ainsi que la première période du
concours quinquennal des sciences historiques, institué
par l'arrêté royal du 20 décembre 1882, sont closes le
31 décembre prochain. Les ouvrages destinés à chacun
de ces concours seront reçus au département de !
l'agriculture, de l'industrie et des travaux publics
jusqu'au 1er janvier 1886.

Concours académiques. Voir le n° 8 de la présente
année.

cultive le champ de la critique? Mais c'est
là un petit événement qui a son cachet.—
Hélas! oui, il a son cachet, comme Simo-
nin le poète-pâtissier a eu le sien; comme
Alphonse Karr, le moraliste-fleuriste, Fer-
nay, le forgeron-poète, et d'autres encore,
ont le leur. Mais cela suffit-il? Non, sans
doute, et je m'imagine les lazzis de tout
genre dont je dois avoir été criblé un peu
partout à cause de mes façons d'homme
mal préparé aux convenances de la vie du
critique.Toutefois, j'aime à dire ici que je
ne redoute pas ce genre de jugement à
mon endroit, n'ayant voulu qu'une chose
que je crois avoir atteinte, la sincérité.
Revenu depuis longtemps de toute glo-
riole artistique à laquelle jadis j'avais pris
quelque goût, je suis rentré dans une vie
d'autant plus occupée qu'elle est toujours
en face de la nature. L'artiste a disparu,
l'homme est resté avec ses souvenirs et ses
chères affections. En faut-il davantage pour
se croire honnête et vrai quand on écrit?

C'est cette pensée qui m'enhardit dans,
l'ultime promenade, que je vais tenter au
travers de mes notes. Elles sont un peu
en désordre, ces notes j'en conviens, mais
je suis d'avis que, si les choses en valent
la peine, elles trouveront facilement leur
place.

J'ai remarqué que les peintres de pay-
sages ont toujours une originalité plus
tranchée que les autres; cela vient sans
doute de ce que, en général, ils ne sont
élèves de personne. Cette logique, si c'en
est une, poussée à l'extrême, arriverait
à démontrer l'inutilité des études acadé-
miques. Je suis de cet avis pour ce genre
là du moins et pour les genres qui en dé-
rivent lesquels ont leurs maîtres et leurs
académies dans la seule nature. Tous nos
maîtres paysagistes ont leur cachet assez
tranché et, chose bizarre,tous,en regardant
la même nature, la rendent différemment.
Dans le temps que je travaillais chez Co-
rot, j'ai été souvent avec lui chez un M.Le
Mazurier, négociant retiré, rue Rossini,
à Passy, où il occupait le premier hôtel
qui y fut bâti. Cet homme était riche et

il avait eu la singulière idée de comman-
der aux cinq plus grands paysagistes de
Paris, la vue de l'entrée de l'allée aux
bœufs, forêt de Fontainebleau au soleil
couchant d'automne et par un temps se-
rein. Les dimensions des toiles étaient
les mêmes. Rien de plus beau que ces
tableaux, vus isolément, mais aussi vus
ensemble, ils devenaient presqu'insigni-
fiants. Chacun de ces soleils couchants se
condamnait l'un par l'autre et tel qui était
vrai devenait faux par la comparaison.
Quant à la nature je dois dire qu'elle était
partout. C'est alors qu'il se fit en moi
comme une inondation de clartés et je
compris que jamais être humain ne sau-
rait rendre la nature véritable. A partir
de ce moment je n'eus plus de foi dans
mon art et M. Corot, un jour, après une
longue discussion, me dit : « Petit, tu
veux trop comprendre, c'est malsain pour
un peintre. Vas-t'en et tais-toi. « C'est ce
que je fis. La nature des champs et des fo-
rêts, quand on la suit et qu'on la connaît,
est comme la nature humaine si multiple
et si complexe que nul effort ne saurait
la traduire comme elle est et qu'il faut se
résoudre à n'en attaquer que la superficie.

Pardonnez, Monsieur le Directeur, a un
rapin convaincu, mais désillusionné, les
choses énormes qui précèdent, mais je
n'en rabats pas d'une ligne. Mon Calvaire
douloureux sur le chemin de l'art me
donne un certain droit à dire le fond de
ma pensée. Si tout le monde voyait aussi
clair que moi il y aurait beaucoup moins
de paysagistes sur la terre et quelques jardi-
niers de plus.Ce qui ne serait pas un mal.

Mais il ne s'agit plus de discourir, il
faut marcher d'un bon pas si je veux
retourner à mes rempotages d'hiver en
même temps que retourneront dans leurs
garnisons respectives les beaux militaires
qui gardent les trésors de leurs nations
respectives. Singulière idée d'avoir placé
en sentinelle, devant les produits les plus
adorés de la paix et de 1 idéal, les massa-
creurs officiels que l'on sait, armés de
toutes pièces et en grande tenue. Ceci,
 
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