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loti bâton, alla chercher une bêche et un arro-
soir j planta quelques herbes potagères, en-
suite vint au puits, tira de l'eau , et arrosa sa
nouvelle plantation. A le voir ainsi travailler ,
aller , venir , personne n'aurait soupçonné sa
cécité. Nous n'osions le distraire : nous le con-
templions avec ce silence religieux, que l'on
observe par instinct dans un temple, devant la
6tatue du maître des dieux, En arrosant des
fleurs , il sembloit les caresser ; l'on voyoit son
visage s'épanouir au toucher et à la suavité de
leurs odeurs. Il plantadesèchalatsàla manière
des grecs , pour soutenir ses vignes ; il les éle-
voit, les arrangeoit, de sorte que leurs pam-
pres fournissoient des ombrages sous lesquels
on pouvoitse promener. Cependant nous l'abor-
dâmes. « Vous voyez, nous dit-il, que la pa-
resse n'est pas notre divinité : le travail, selon
Hésiode, est la sentinelle de la vertu. — On
voit que vous aimez la campagne et ses tra-
vaux. — «Le séjour de la campagne, ses soins ,
ses plaisirs, sont faits pour la vieillesse. Où peut-
.«n trouver, pour se réchauffer, un soleil plus
pur, plus ardent ; un feu d'hiver mieux nourfi
par l'abondance du bois ? l'été, où rencontre-
rons-nous des asyles plus frais , plus agréables
que ceux que nous offrent les bords des ruis-
seaux et des fontaines ombragés par des arbres
Tome III. . G
loti bâton, alla chercher une bêche et un arro-
soir j planta quelques herbes potagères, en-
suite vint au puits, tira de l'eau , et arrosa sa
nouvelle plantation. A le voir ainsi travailler ,
aller , venir , personne n'aurait soupçonné sa
cécité. Nous n'osions le distraire : nous le con-
templions avec ce silence religieux, que l'on
observe par instinct dans un temple, devant la
6tatue du maître des dieux, En arrosant des
fleurs , il sembloit les caresser ; l'on voyoit son
visage s'épanouir au toucher et à la suavité de
leurs odeurs. Il plantadesèchalatsàla manière
des grecs , pour soutenir ses vignes ; il les éle-
voit, les arrangeoit, de sorte que leurs pam-
pres fournissoient des ombrages sous lesquels
on pouvoitse promener. Cependant nous l'abor-
dâmes. « Vous voyez, nous dit-il, que la pa-
resse n'est pas notre divinité : le travail, selon
Hésiode, est la sentinelle de la vertu. — On
voit que vous aimez la campagne et ses tra-
vaux. — «Le séjour de la campagne, ses soins ,
ses plaisirs, sont faits pour la vieillesse. Où peut-
.«n trouver, pour se réchauffer, un soleil plus
pur, plus ardent ; un feu d'hiver mieux nourfi
par l'abondance du bois ? l'été, où rencontre-
rons-nous des asyles plus frais , plus agréables
que ceux que nous offrent les bords des ruis-
seaux et des fontaines ombragés par des arbres
Tome III. . G