j5o Voyages d'A n t e n a r
Nous rencontrâmes une troupe à cheval,
Jeste et brillante, à la tête de laquelle étoit
Je jeune Pharnabaze, l'air serein et radieux %
fesant caracoller son cheval, et plaisantant
avec ses camarades ; j'en fus étourdi : je l'avois
vu la veille désespéré, s'arrachant les cheveux,
se jetant sur le corps de la belle Statira, in^
voquant la mort, voulant se poignarder ; et
déjà le rire, le plaisir avoient succédé à ce
grand désespoir. J'en marquai ma surprise à
Aristide. — « Ce jeune homme, me répondit-il
en souriant, a plus de philosophie que voua
rie pensez ; c'est un véritable disciple du por*
tique : comme le sage, il s'élève au-dessus de
la douleur, il ne s'émeut de rien. Belle leçon
pour les jeunes filles, qui se persuadent aisé-*
ment que leurs amans ne pourroient survivre
à leur rigueur ou à leur perte. Pharnabaze
étoit amoureux du plaisir et non de sa mai-»
tresse ; il en trouve ailleurs, il en profite,
et se console >v
Nous rencontrâmes une troupe à cheval,
Jeste et brillante, à la tête de laquelle étoit
Je jeune Pharnabaze, l'air serein et radieux %
fesant caracoller son cheval, et plaisantant
avec ses camarades ; j'en fus étourdi : je l'avois
vu la veille désespéré, s'arrachant les cheveux,
se jetant sur le corps de la belle Statira, in^
voquant la mort, voulant se poignarder ; et
déjà le rire, le plaisir avoient succédé à ce
grand désespoir. J'en marquai ma surprise à
Aristide. — « Ce jeune homme, me répondit-il
en souriant, a plus de philosophie que voua
rie pensez ; c'est un véritable disciple du por*
tique : comme le sage, il s'élève au-dessus de
la douleur, il ne s'émeut de rien. Belle leçon
pour les jeunes filles, qui se persuadent aisé-*
ment que leurs amans ne pourroient survivre
à leur rigueur ou à leur perte. Pharnabaze
étoit amoureux du plaisir et non de sa mai-»
tresse ; il en trouve ailleurs, il en profite,
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