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Omnibus — 1932

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Groethuyzen, Bernard: Karl Hofer
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https://doi.org/10.11588/diglit.62261#0067
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sauraient dire, ne se connaissant point, pourquoi ils sont ensemble et demeurent en com-
munaute. On les voit etre lä ä deux ou ä trois; et on ne saurait guere ignorer qu’il se
passe quelque chose. Mais comment savoir ce que signifient leurs gestes? Le peintre n’a
pas de reponse pour nous. 11 est tont entier ä sa vision muette. La vie pour lui s’est
degagee de la parole; eile est passee dans les images. II ne saurait donc faire dire aux
personnages ce qu’ils font. Ils gardent leur secret. Mais qu’ils soient ensemble, les uns ici,
les autres la, et que, toutes les fois qu’ils se trouvent reunis ä deux ou ä trois, il se passe
quelque chose, on ne saurait en douter.

Ainsi l’on pourrait dire que la plupart des tableaux de Karl Hofer sont des recits sans
paroles, les recits d’un monde muet. Mais si les etres qui s’y sont rencontres demeurent
ensemble dans un meme lieu, ils n’y sont que de passage pour ainsi dire, et l’espace qui
leur est imparti ne saurait les soustraire au temps.

On dit parfois que l’Allemand prefere les idees aux visions. 11 serait de par sa nature
plutöt philosophe qu’artiste. Ce qui lui manque, c’est l’abandon naif aux choses qui se
voient, la sensualite inge-

nue qui le porterait vers
le monde des apparences.
11 voudrait en savoir plus
que les visions ne lui re-
velent. Aussi n’irais-je pas
dire que Karl Hofer s’en
tient aux visions change-
antes du monde des appa-
rences. 11 porte en lui tout
un monde invisible; mais
c’est prbcisement songrand
merite de ne jamais le ren-
contrer que dans ce qui se
voit. Aussi retrouve t-on
en lui la docte ignorance
du veritable artiste, qui
voit, detache de tout sa-
voir, ce qui ne saurait
etre su.
Pourtant je n’oserais
dire que le probleme qui
domine l’oeuvre de Karl
Hofer se trouve ainsi re-
solu. II faudrait, pour
qu’il en füt ainsi, qu’entre
les deux mondes, celui des
objets et celui qui ignore
encore la variete des
choses, il y eut je ne sais


Schwarzer Orpheus (L’Orphee noir)

(Deutsche Ausstellung Oslo 1932)

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