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HISTOIRE DE LA DENTELLE.
mimes, variant de 30 sous à 45 livres par pièce de 12 aunes. La vente
de ces dentelles s’élevait annuellement à 1,200,000 livres (1).
Le Puy produit aujourd’hui toute espèce de dentelles : blanches et de
couleur, en soie, en fil, en laine; des blondes de toutes sortes, les
noires au fond le plus fin ; des applications, des fonds simples et de
doubles, enfin tout ce qu’on peut imaginer en fait de dentelles, de-
puis les petites bordures à 20 cent, le mètre jusqu’aux dentelles d’or
et d’argent aux prix les plus élevés. En 1847, plus de 5,000 femmes
y étaient occupées à faire de la Valenciennes ; on y a réussi également
à exécuter d’admirables points à l’aiguille du genre de l’ancienne
guipure de Venise. A l’Exposition universelle de 1855 figurait une
robe de ce point, destinée à orner une statue de la Vierge.
Il y a à peine soixante ans, on ne faisait au Puy que des dentelles
communes qui toutes avaient un nom emprunté au rituel : Ave,
Pater, chapelet, etc. Maintenant, rivalisant d’imagination avec Saint-
Étienne, qui chaque année change les dessins de ses rubans, le Puy
offre aux acheteurs une variété infinie de dentelles, ce qui lui en as-
sure une prompte vente. Ces dentelles, grâce à leur perpétuelle nou-
veauté, luttent avec succès contre les dentelles de Saxe, les seules qui
les égalent en bon marché; mais comme les dessins de celles-ci sont
imités des dentelles du Puy et de Mirecourt, elles ont le désavantage
de n’être jamais nouvelles, puisqu’elles ne paraissent qu’après leurs
modèles.
AURILLAC ET MURAT.
« L’on fait à Orillac des dentelles qui ont vogue dans le royaume »,
dit en 1670 Savinien d’Alquié, auteur des Délices de la France. L’o¬
rigine de cette industrie remonte au quatorzième siècle ; presque tous
les premiers points d’Aurillac s’exportaient en Espagne par des gens
du pays qui étaient allés s’établir à Cuença et à Valcameos. En 1688
on vendait annuellement sur la place de Marseille pour 350,000 li-
(1) « En temps de paix, il s’en vendait les trois quarts en Europe : le royaume de Sar-
daigne en prenait pour 120,000 fr. par l’entremise des marchands de Turin qui les distri-
buaient à tout le pays; Florence et L’Espagne en avaient chacune pour 200,000 fr.; la
Guienne en exportait par Bordeaux pour 200,000 fr.; il s’en expédiait pour 500,000 fr. aux
Indes espagnoles; le reste se vendait en France, par le moyen des colporteurs. » (Peuchet.)
HISTOIRE DE LA DENTELLE.
mimes, variant de 30 sous à 45 livres par pièce de 12 aunes. La vente
de ces dentelles s’élevait annuellement à 1,200,000 livres (1).
Le Puy produit aujourd’hui toute espèce de dentelles : blanches et de
couleur, en soie, en fil, en laine; des blondes de toutes sortes, les
noires au fond le plus fin ; des applications, des fonds simples et de
doubles, enfin tout ce qu’on peut imaginer en fait de dentelles, de-
puis les petites bordures à 20 cent, le mètre jusqu’aux dentelles d’or
et d’argent aux prix les plus élevés. En 1847, plus de 5,000 femmes
y étaient occupées à faire de la Valenciennes ; on y a réussi également
à exécuter d’admirables points à l’aiguille du genre de l’ancienne
guipure de Venise. A l’Exposition universelle de 1855 figurait une
robe de ce point, destinée à orner une statue de la Vierge.
Il y a à peine soixante ans, on ne faisait au Puy que des dentelles
communes qui toutes avaient un nom emprunté au rituel : Ave,
Pater, chapelet, etc. Maintenant, rivalisant d’imagination avec Saint-
Étienne, qui chaque année change les dessins de ses rubans, le Puy
offre aux acheteurs une variété infinie de dentelles, ce qui lui en as-
sure une prompte vente. Ces dentelles, grâce à leur perpétuelle nou-
veauté, luttent avec succès contre les dentelles de Saxe, les seules qui
les égalent en bon marché; mais comme les dessins de celles-ci sont
imités des dentelles du Puy et de Mirecourt, elles ont le désavantage
de n’être jamais nouvelles, puisqu’elles ne paraissent qu’après leurs
modèles.
AURILLAC ET MURAT.
« L’on fait à Orillac des dentelles qui ont vogue dans le royaume »,
dit en 1670 Savinien d’Alquié, auteur des Délices de la France. L’o¬
rigine de cette industrie remonte au quatorzième siècle ; presque tous
les premiers points d’Aurillac s’exportaient en Espagne par des gens
du pays qui étaient allés s’établir à Cuença et à Valcameos. En 1688
on vendait annuellement sur la place de Marseille pour 350,000 li-
(1) « En temps de paix, il s’en vendait les trois quarts en Europe : le royaume de Sar-
daigne en prenait pour 120,000 fr. par l’entremise des marchands de Turin qui les distri-
buaient à tout le pays; Florence et L’Espagne en avaient chacune pour 200,000 fr.; la
Guienne en exportait par Bordeaux pour 200,000 fr.; il s’en expédiait pour 500,000 fr. aux
Indes espagnoles; le reste se vendait en France, par le moyen des colporteurs. » (Peuchet.)