CHAPITRE XXVII.
LA CONTREBANDE.
Cette transgression de la loi, qu’on se permet, en général, sans le
moindie scrupule, n’en est pas moins condamnable; la révolte qu’exci-
tèrent les édits de prohibition au milieu du siècle dernier fit courir
bien des dangers et causa plus d’un malheur.
A partir de 1700, quoique les édits qui défendaient l’entrée des
dentelles de Flandre eussent été successivement rapportés, les den-
telles de France, d’Espagne et de Venise étaient toujours exclues des
ports anglais; « aussi, dit Anderson, on rapporte en Angleterre, à
« l’aide de la contrebande, beaucoup de belles dentelles françaises
« et autres objets prohibés. » La prohibition comptait pour rien; les
femmes voulaient à toute force des dentelles étrangères, et lorsqu’elles
ne pouvaient pas les passer elles-mêmes, les fraudeurs les leur
apportaient.
Ce ne fut que vers 1751 cependant que la douane commença à user
d’une sévérité excessive, fouillant des yeux les habitations, exerçant
une surveillance tellement rigoureuse que compter sur la chance de
s’y soustraire était une insigne folie. Enfin dans un rayon de quinze
kilomètres autour des ports, il n’y avait pas une femme qui pût
porter un bonnet ou des barbes de point de France ou d’Italie, sans
que les agents de la douane ne se crussent le droit de lui demander
comment elle était arrivée à les posséder.
Les agents faisaient de fréquentes visites dans les magasins des
tailleurs et autres commerçants en renom, examinant tout ce qu’ils
renfermaient et confisquant tous les articles de fabrique étrangère.
Un jour ils saisirent une quantité considérable de dentelle étrangère
chez un tailleur qui paya l’amende de 100 1. et vit brûler publique-
ment sa marchandise. George III, qui dès son avènement protégea
LA CONTREBANDE.
Cette transgression de la loi, qu’on se permet, en général, sans le
moindie scrupule, n’en est pas moins condamnable; la révolte qu’exci-
tèrent les édits de prohibition au milieu du siècle dernier fit courir
bien des dangers et causa plus d’un malheur.
A partir de 1700, quoique les édits qui défendaient l’entrée des
dentelles de Flandre eussent été successivement rapportés, les den-
telles de France, d’Espagne et de Venise étaient toujours exclues des
ports anglais; « aussi, dit Anderson, on rapporte en Angleterre, à
« l’aide de la contrebande, beaucoup de belles dentelles françaises
« et autres objets prohibés. » La prohibition comptait pour rien; les
femmes voulaient à toute force des dentelles étrangères, et lorsqu’elles
ne pouvaient pas les passer elles-mêmes, les fraudeurs les leur
apportaient.
Ce ne fut que vers 1751 cependant que la douane commença à user
d’une sévérité excessive, fouillant des yeux les habitations, exerçant
une surveillance tellement rigoureuse que compter sur la chance de
s’y soustraire était une insigne folie. Enfin dans un rayon de quinze
kilomètres autour des ports, il n’y avait pas une femme qui pût
porter un bonnet ou des barbes de point de France ou d’Italie, sans
que les agents de la douane ne se crussent le droit de lui demander
comment elle était arrivée à les posséder.
Les agents faisaient de fréquentes visites dans les magasins des
tailleurs et autres commerçants en renom, examinant tout ce qu’ils
renfermaient et confisquant tous les articles de fabrique étrangère.
Un jour ils saisirent une quantité considérable de dentelle étrangère
chez un tailleur qui paya l’amende de 100 1. et vit brûler publique-
ment sa marchandise. George III, qui dès son avènement protégea