DANEMARK, SUÈDE ET RUSSIE.
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dustrie s’était un peu relevée, grâce aux encouragements de la
reine Louise d’Orange.
Le Ilœlesom, ou point coupé, est l’occupation favorite des Suédoi-
ses ; on l’enseigne dans les écoles. Dans les villes de bains, on voit
les jeunes personnes faisant du point coupé avec autant d’assiduité et
de diligence que s’il s’agissait de gagner leur vie; il est vrai que
jamais on n’achète de ces objets d’ornement, et que tout le linge de
la maison est brodé de leurs mains. Ce fut par un de ces collets de
hœlesom que Gustave Wasa fut sur le point d’être trahi pendant qu’il
travaillait déguisé à Ramkygtte, propriété de son ami d’enfance
Anders Petersen. Une jeune servante fit remarquera son maître que
le nouveau garçon de ferme ne pouvait être un paysan : « Son linge,
dit-elle, est bien trop sin, et j’ai vu sous sa souquenille un col brodé
d’or et de soie. »
Dans les environs de Wadstcna, on voit de vieux soldats assis aux
portes des chaumières faire de la dentelle comme les femmes.
Wadstena est la seule manufacture de dentelle, mais partout les
femmes de la campagne en font pour leur usage. L’auteur a reçu
de la comtesse Élisabeth Piper, ancienne grande-maîtresse de la
reine de Suède, des spécimens de grosses dentelles aux fuseaux faites
par les paysannes de la Scanie, dont c’est l’occupation favorite.
Bien plus curieuses sont les dentelles que font les paysannes de
la Dalécarlie et dont les dessins sont restés les mêmes que ceux d’il
y a deux cents ans. L’espèce la plus large (1), dont nous donnons
un spécimen (sig. 108), se fait à Gagnef, partie de la Dalécarlie où
l’on fabrique et où l’on porte le plus de dentelle. Les femmes ma-
riées en mettent de fort empesées sur leurs bonnets d’été pour se
garantir du soleil. D’autres en fil écru viennent d’Orsa; ces dernières
ne se lavent jamais, l’élégance exigeant qu’elles conservent leur teinte
de café : elles sont d’une solidité remarquable.
11 y a aussi une sorte de grillage dans le genre du Macramé, de
Gênes, employé comme frange, aux bouts d’une sorte de petit tapis
dont les paysannes recouvrent leurs oreillers. Aucune amélioration,
aucun changement ne sont apportés aux dessins; les Dalécarliennes
(1) Il y en a du double de celle de la figure.
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dustrie s’était un peu relevée, grâce aux encouragements de la
reine Louise d’Orange.
Le Ilœlesom, ou point coupé, est l’occupation favorite des Suédoi-
ses ; on l’enseigne dans les écoles. Dans les villes de bains, on voit
les jeunes personnes faisant du point coupé avec autant d’assiduité et
de diligence que s’il s’agissait de gagner leur vie; il est vrai que
jamais on n’achète de ces objets d’ornement, et que tout le linge de
la maison est brodé de leurs mains. Ce fut par un de ces collets de
hœlesom que Gustave Wasa fut sur le point d’être trahi pendant qu’il
travaillait déguisé à Ramkygtte, propriété de son ami d’enfance
Anders Petersen. Une jeune servante fit remarquera son maître que
le nouveau garçon de ferme ne pouvait être un paysan : « Son linge,
dit-elle, est bien trop sin, et j’ai vu sous sa souquenille un col brodé
d’or et de soie. »
Dans les environs de Wadstcna, on voit de vieux soldats assis aux
portes des chaumières faire de la dentelle comme les femmes.
Wadstena est la seule manufacture de dentelle, mais partout les
femmes de la campagne en font pour leur usage. L’auteur a reçu
de la comtesse Élisabeth Piper, ancienne grande-maîtresse de la
reine de Suède, des spécimens de grosses dentelles aux fuseaux faites
par les paysannes de la Scanie, dont c’est l’occupation favorite.
Bien plus curieuses sont les dentelles que font les paysannes de
la Dalécarlie et dont les dessins sont restés les mêmes que ceux d’il
y a deux cents ans. L’espèce la plus large (1), dont nous donnons
un spécimen (sig. 108), se fait à Gagnef, partie de la Dalécarlie où
l’on fabrique et où l’on porte le plus de dentelle. Les femmes ma-
riées en mettent de fort empesées sur leurs bonnets d’été pour se
garantir du soleil. D’autres en fil écru viennent d’Orsa; ces dernières
ne se lavent jamais, l’élégance exigeant qu’elles conservent leur teinte
de café : elles sont d’une solidité remarquable.
11 y a aussi une sorte de grillage dans le genre du Macramé, de
Gênes, employé comme frange, aux bouts d’une sorte de petit tapis
dont les paysannes recouvrent leurs oreillers. Aucune amélioration,
aucun changement ne sont apportés aux dessins; les Dalécarliennes
(1) Il y en a du double de celle de la figure.