SCULPTURES
45
siècle. Cette datation est prouvée par certains détails des costumes : fibules rondes, boucles
d’oreilles à trois boules superposées, chaînes à médaillons multiples. C’est également le cas
pour certains gestes, p.ex. la main gauche qui écarte le voile. Pour les portraits masculins la date
basse est prouvée par le manteau porté en écharpe et par la forme des plis, en “ U ” renversé,
sur le bras. On rencontre tous ces détails dans les portraits palmyréniens d’entre 204 et 242 7.
Il en ressort que les portraits-bustes dans le tombeau de 'Alainê furent sans doute exécutés dans
la première moitié du IIIe siècle, tout comme les banquets.
Le troisième groupe de sculptures dont nous nous occupons, les petits banquets, représenté
dans le tombeau par trois pièces détériorées (cat. 69-71) ne présentent aucune valeur pour la
datation.
PORTRAITS
Une fois établie la date des sculptures, il faut remarquer qu’elle est postérieure de 70-90
ans à la fondation du tombeau en 138 et sans doute postérieure de 30-50 ans à la mort du fondateur
et des membres de sa famille de la même génération (cf. p. 34). Nous croyons que cette divergence
explique un trait caractéristique de nos sculptures, à savoir l’impersonnalité des portraits. Les
personnages présentés, ou plutôt symbolisés dans les banquets, étaient déjà oubliés au temps
de l’exécution du monument funéraire. D’autre part il était sans doute difficile, voir impossible,
de soumettre à la fois les banquets aux règles de la symétrie et de présenter un état de choses
réel, dont le nombre des enfants et les autres parentés. Bref, nous croyons que tout le penteklinium
présente une réunion de famille, probablement de deux générations : celle des fondateurs et celle
de leurs descendants. Mais, puisque tout était subordonné aux règles de symétrie et puisque ces
deux générations étaient plutôt symbolisées que reproduites fidèlement, le maître inconnu, qui
a démontré ses qualités par le modelé des corps et par l’exécution parfaite des ornements, s’est
contenté de laisser sortir de son atelier ces “ portraits ” idéaux, aux visages calmes, aux traits
réguliers, mais impersonnels et, comme a dit Seyrig, sans vie. Le client y avait encore un profit
supplémentaire : le monument, en tant qu’un portrait collectif et impersonnel, concernait tous
les membres de la famille de 'Alainê qui reposaient sous le penteklinium et qui étaient privés,
par l’emplacement des travées au fond de la chambre funéraire en dessous du podium, d’épitaphe
et d’image qui aurait pu marquer leur existence.
Il se peut que ces sculptures nous aident à trouver la cause d’un certain dualisme des portraits
palmyréniens, parce qu’il existait sans doute à côté des portraits-types de véritables chefs d’oeuvre
du portrait physionomique. A. Bounni suppose que ces premiers étaient fait à l’avance tandis
que ces autres étaient fait sur commande 8. Suivant nous, la ligne de démarcation est différente.
Les portraits impersonnels de notre penteklinium étaient sans doute commandés et payés cher.
Nous croyons qu’en certaines circonstances, le client exigeait qu’on donne une image de sa
famille sans insister sur les traits de ses membres. Les difficultés de différencier les visages des
défunts mises à part, cela aurait contredit l’idée principale de dresser un monument collectif
pour toute la famille.
Tout de même il se peut, que bien qu’impersonnels, les figures de banquets symbolisent les
personnages précis. Dans ce cas on serait tenté de voir 'Alainê dans le prêtre gîsant du banquet
central, cat. 1. Soraikû avec ses deux fils seraient représentés par les figures d’un de deux banquets
7 Cf. Ingholt, pis VI 4, VIII 2-3, XIV 3-4, XV 1-3, XVI 1, 3.
8 A. Bounni, Un nouveau panorama de Palmyre, AAAS 1971, p. 125 et mon article: Recherches sur le
portrait funéraire â Palmyre, Arch. Cl, 28 (sous presse).
45
siècle. Cette datation est prouvée par certains détails des costumes : fibules rondes, boucles
d’oreilles à trois boules superposées, chaînes à médaillons multiples. C’est également le cas
pour certains gestes, p.ex. la main gauche qui écarte le voile. Pour les portraits masculins la date
basse est prouvée par le manteau porté en écharpe et par la forme des plis, en “ U ” renversé,
sur le bras. On rencontre tous ces détails dans les portraits palmyréniens d’entre 204 et 242 7.
Il en ressort que les portraits-bustes dans le tombeau de 'Alainê furent sans doute exécutés dans
la première moitié du IIIe siècle, tout comme les banquets.
Le troisième groupe de sculptures dont nous nous occupons, les petits banquets, représenté
dans le tombeau par trois pièces détériorées (cat. 69-71) ne présentent aucune valeur pour la
datation.
PORTRAITS
Une fois établie la date des sculptures, il faut remarquer qu’elle est postérieure de 70-90
ans à la fondation du tombeau en 138 et sans doute postérieure de 30-50 ans à la mort du fondateur
et des membres de sa famille de la même génération (cf. p. 34). Nous croyons que cette divergence
explique un trait caractéristique de nos sculptures, à savoir l’impersonnalité des portraits. Les
personnages présentés, ou plutôt symbolisés dans les banquets, étaient déjà oubliés au temps
de l’exécution du monument funéraire. D’autre part il était sans doute difficile, voir impossible,
de soumettre à la fois les banquets aux règles de la symétrie et de présenter un état de choses
réel, dont le nombre des enfants et les autres parentés. Bref, nous croyons que tout le penteklinium
présente une réunion de famille, probablement de deux générations : celle des fondateurs et celle
de leurs descendants. Mais, puisque tout était subordonné aux règles de symétrie et puisque ces
deux générations étaient plutôt symbolisées que reproduites fidèlement, le maître inconnu, qui
a démontré ses qualités par le modelé des corps et par l’exécution parfaite des ornements, s’est
contenté de laisser sortir de son atelier ces “ portraits ” idéaux, aux visages calmes, aux traits
réguliers, mais impersonnels et, comme a dit Seyrig, sans vie. Le client y avait encore un profit
supplémentaire : le monument, en tant qu’un portrait collectif et impersonnel, concernait tous
les membres de la famille de 'Alainê qui reposaient sous le penteklinium et qui étaient privés,
par l’emplacement des travées au fond de la chambre funéraire en dessous du podium, d’épitaphe
et d’image qui aurait pu marquer leur existence.
Il se peut que ces sculptures nous aident à trouver la cause d’un certain dualisme des portraits
palmyréniens, parce qu’il existait sans doute à côté des portraits-types de véritables chefs d’oeuvre
du portrait physionomique. A. Bounni suppose que ces premiers étaient fait à l’avance tandis
que ces autres étaient fait sur commande 8. Suivant nous, la ligne de démarcation est différente.
Les portraits impersonnels de notre penteklinium étaient sans doute commandés et payés cher.
Nous croyons qu’en certaines circonstances, le client exigeait qu’on donne une image de sa
famille sans insister sur les traits de ses membres. Les difficultés de différencier les visages des
défunts mises à part, cela aurait contredit l’idée principale de dresser un monument collectif
pour toute la famille.
Tout de même il se peut, que bien qu’impersonnels, les figures de banquets symbolisent les
personnages précis. Dans ce cas on serait tenté de voir 'Alainê dans le prêtre gîsant du banquet
central, cat. 1. Soraikû avec ses deux fils seraient représentés par les figures d’un de deux banquets
7 Cf. Ingholt, pis VI 4, VIII 2-3, XIV 3-4, XV 1-3, XVI 1, 3.
8 A. Bounni, Un nouveau panorama de Palmyre, AAAS 1971, p. 125 et mon article: Recherches sur le
portrait funéraire â Palmyre, Arch. Cl, 28 (sous presse).