Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Place, Victor
Ninive et l'Assyrie (Band 1) — Paris, 1867

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.5728#0036
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
24 LIVRE [, PARTIE I, SECTION II, CHAPITRE II.

Fond qu'une partie limitée du petit parallélogramme, à peine un vingtième de l'ensemble
du monticule, et n'avait pu naturellement se rendre compte de ses éléments constitutifs.
Mieux renseigné aujourd'hui, nous pouvons classer nos informations en procédant d'abord
à l'examen de la terrasse servant d'assiette au Palais.

S 1.

COLLINE ARTIFICIELLE.

La première préoccupation d'un architecte est d'établir ses fondations : il sait ne pou-
voir apporter trop de soin et de scrupule pour les asseoir; et, afin de connaître la nature
du sol destiné à supporter son monument, il n'hésite pas à pratiquer des fouilles jusqu'à
la rencontre d'un terrain solide. Que les constructions soient élevées en plaine ou sur une
colline, cette précaution n'est jamais négligée, surtout s'il s'agit d'un vaste monument :
tous les édifices que l'antiquité nous a légués en Egypte, en Grèce ou à Rome, reposent
sur des fondements enfoncés parfois à une grande profondeur.

Les Assyriens avaient adopté une méthode diamétralement opposée : au lieu d'enfouir
leurs fondations, ils les élevaient à plusieurs mètres au-dessus du sol et leur donnaient la
forme d'une terrasse. Ces collines artificielles, composées d'argile amoncelée, se terminaient
en une plate-forme sur laquelle reposait le pied des murailles.

Quand on songe à l'immense travail dépensé à des monticules longs et larges de plu-
sieurs centaines de mètres, on ne peut s'empêcher de rechercher les causes de créations
aussi dispendieuses. On comprend le mobile des constructeurs pour les palais situés au
bord du Tigre : ce fleuve déborde régulièrement chaque année, et les rois résidant à
Koyoundjick et à Nemrod devaient chercher à se tenir au-dessus des inondations. Toute-
fois, même dans cette hypothèse, il n'eût pas été nécessaire de donner aux terrasses une
si grande élévation, car leur sommet dépasse d'au moins dix mètres le niveau des plus
hautes eaux. En tous cas cet unique motif ne serait pas applicable à Khorsabad, que sa
distance du fleuve mettait à l'abri des débordements.

Les rois d'Assyrie, en élevant ces masses énormes d'argile, obéissaient probablement à
une tradition venue de la Chaldée, au désir de satisfaire leur orgueil et au soin d'assurer
leur sécurité. Toutes les ruines de palais ou de temples trouvées dans la Babylonie sont
invariablement situées sur des hauteurs dues au travail de l'homme. Cette disposition, que
les nécessités locales imposaient sans doute, était en même temps très-conforme au carac-
tère des Orientaux. Avoir à sa maison une terrasse plus élevée; être assis plus haut; se
voir monté sur un animal de taille plus grande, a constitué de tout temps, en Orient,
les signes extérieurs les plus caractéristiques de la puissance. En plaçant le plancher de
leur résidence au-dessus du sommet de toutes les habitations environnantes, les rois chai-
 
Annotationen