L'ÉBÈNE CHEZ LES ANCIENS EGYPTIENS.
127
ancien puisqu'on trouve déjà le mot habîn employé à l'époque des pyramides. Le nom éthio-
pien égyptianisé passa en grec et en latin, êfievoç, ebenus, sans autre changement que les
terminaisons o; et us propres à ces langues, et de là, fait assez curieux, il repassa en arabe.
^^-1 est en effet un des nombreux noms de plantes que les traducteurs arabes des bota-
nistes et des médecins grecs se contentèrent de transcrire dans leur langue en conservant la
désinence grecque. Notre mot français ébène, dérivé lui aussi du grec, est donc en réalité la
transcription, et presque la prononciation, du plus ancien nom connu de l'espèce éthiopienne.
L'emploi de l'ébène dans les travaux de menuiserie des Égyptiens, — et peut-être par
suite les relations de ce peuple avec les Ethiopiens, — date des premiers siècles de l'histoire
d'Egypte. On trouve en effet, représentés dans le tombeau de Ti à Saqqarah >, des personnages
transportant une statue du défunt, de couleur noire, au-dessus de laquelle est écrite la légende
\>rD V//; statue d'ébene. Dans une autre partie du même tombeau2 sont figurés des
ouvriers polissant un lit de repos en bois noir. L'inscription porte j. "—° n<2 [7J JJ
0 M' 1 • polissage d'un lit de repos en ébène par les polisseurs de la Maison
d'éternité. Ici, le nom habin est écrit par erreur rûjj au ^eu ^e J Les autres
bois travaillés à l'époque des pyramides sont le sycomore, l'acacia et le cèdre.
A la XIe dynastie, l'ébène est devenue plus commune et s'emploie dans des objets de
moindre importance. On trouve en effet, peintes sur les parois du tombeau de Horhotep, à.
Thèbes3, une tablette et une palette de scribe en ébène, wa«a ft S □ J| %^4, L'ébène
se tord difficilement sous l'eau5 et bien des palettes égyptiennes renfermées dans nos musées
sont en ébène0. Encore aujourd'hui du reste ce bois est employé en Europe pour les meilleures
règles et les meilleures équerres.
A la XIIe dynastie, le travail de l'ébène est devenu un art véritablement égyptien et
un artiste ciseleur peut se faire adresser cet éloge sur la stèle funèbre : J'ai vu la perfection
de tes bras dans ton travail en toutes matières précieuses, depuis l'argent et l'or, —
»»j "in , jusqu'à l'ivoire et l'ébène".
Vers le milieu de son règne, la reine Hatasou envoya au pays des Sômalis une flottille
de cinq navires, destinée à rapporter en Egypte, afin de les y transplanter, quelques arbres à
encens8. Outre ces arbres, les navigateurs rapportèrent de leur expédition divers produits de
l'Afrique orientale, or, encens, aromates, singes, lévriers, peaux de léopards, ébène et ivoire,
Comme nous l'avons vu par le passage d'Ezéchiel cité plus haut, les Phéniciens faisaient
par les ports d'Arabie une grande importation d'ivoire et d'ébène d'Afrique. Aussi Touth-
raès III, dans ses campagnes en Syrie et en Phénicie, en enleva-t-il aux vaincus de pleins
1) H. Brugsch, Die altiig. Graberwelt, n° 90.
2) Ibid., n° 134.
3) Mémoires publiés par les Membres de la Mission archéologique française au Caire, p. 13G.
4) Pour cette orthographe (le mesta, comparer |^ (Champ., Not. descr., Il, 343).
5) 'Aaa^ S: pierei Çevoj (Théophr., Hist. plant., V, 4, 2).
6) Champ., Musée Charles X, M, 45—49.
7) Louvre, stèle C, 14, 1. 14—15.
S) G. Maspero, De quelque* navigations des Egyptiens sur les côtes de la mer Erythrée, p. 23.
9) A. Mariette, Déïr-el-Ba!iari, pl. 5—G.
127
ancien puisqu'on trouve déjà le mot habîn employé à l'époque des pyramides. Le nom éthio-
pien égyptianisé passa en grec et en latin, êfievoç, ebenus, sans autre changement que les
terminaisons o; et us propres à ces langues, et de là, fait assez curieux, il repassa en arabe.
^^-1 est en effet un des nombreux noms de plantes que les traducteurs arabes des bota-
nistes et des médecins grecs se contentèrent de transcrire dans leur langue en conservant la
désinence grecque. Notre mot français ébène, dérivé lui aussi du grec, est donc en réalité la
transcription, et presque la prononciation, du plus ancien nom connu de l'espèce éthiopienne.
L'emploi de l'ébène dans les travaux de menuiserie des Égyptiens, — et peut-être par
suite les relations de ce peuple avec les Ethiopiens, — date des premiers siècles de l'histoire
d'Egypte. On trouve en effet, représentés dans le tombeau de Ti à Saqqarah >, des personnages
transportant une statue du défunt, de couleur noire, au-dessus de laquelle est écrite la légende
\>rD V//; statue d'ébene. Dans une autre partie du même tombeau2 sont figurés des
ouvriers polissant un lit de repos en bois noir. L'inscription porte j. "—° n<2 [7J JJ
0 M' 1 • polissage d'un lit de repos en ébène par les polisseurs de la Maison
d'éternité. Ici, le nom habin est écrit par erreur rûjj au ^eu ^e J Les autres
bois travaillés à l'époque des pyramides sont le sycomore, l'acacia et le cèdre.
A la XIe dynastie, l'ébène est devenue plus commune et s'emploie dans des objets de
moindre importance. On trouve en effet, peintes sur les parois du tombeau de Horhotep, à.
Thèbes3, une tablette et une palette de scribe en ébène, wa«a ft S □ J| %^4, L'ébène
se tord difficilement sous l'eau5 et bien des palettes égyptiennes renfermées dans nos musées
sont en ébène0. Encore aujourd'hui du reste ce bois est employé en Europe pour les meilleures
règles et les meilleures équerres.
A la XIIe dynastie, le travail de l'ébène est devenu un art véritablement égyptien et
un artiste ciseleur peut se faire adresser cet éloge sur la stèle funèbre : J'ai vu la perfection
de tes bras dans ton travail en toutes matières précieuses, depuis l'argent et l'or, —
»»j "in , jusqu'à l'ivoire et l'ébène".
Vers le milieu de son règne, la reine Hatasou envoya au pays des Sômalis une flottille
de cinq navires, destinée à rapporter en Egypte, afin de les y transplanter, quelques arbres à
encens8. Outre ces arbres, les navigateurs rapportèrent de leur expédition divers produits de
l'Afrique orientale, or, encens, aromates, singes, lévriers, peaux de léopards, ébène et ivoire,
Comme nous l'avons vu par le passage d'Ezéchiel cité plus haut, les Phéniciens faisaient
par les ports d'Arabie une grande importation d'ivoire et d'ébène d'Afrique. Aussi Touth-
raès III, dans ses campagnes en Syrie et en Phénicie, en enleva-t-il aux vaincus de pleins
1) H. Brugsch, Die altiig. Graberwelt, n° 90.
2) Ibid., n° 134.
3) Mémoires publiés par les Membres de la Mission archéologique française au Caire, p. 13G.
4) Pour cette orthographe (le mesta, comparer |^ (Champ., Not. descr., Il, 343).
5) 'Aaa^ S: pierei Çevoj (Théophr., Hist. plant., V, 4, 2).
6) Champ., Musée Charles X, M, 45—49.
7) Louvre, stèle C, 14, 1. 14—15.
S) G. Maspero, De quelque* navigations des Egyptiens sur les côtes de la mer Erythrée, p. 23.
9) A. Mariette, Déïr-el-Ba!iari, pl. 5—G.