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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 8.1886

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Maspero, Gaston: Notes sur différents points de grammaire et d'histoire, [3]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12255#0190
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180

Notes

l'un de hache au sommet du crâne, l'antre de lance ou de dague au-dessus de l'œil, l'achèvent
presque aussitôt. Nous savions qu'il avait fait la guerre aux Pasteurs : nous ne savions pas
qu'il fût mort sur le champ de bataille. Les Égyptiens sortirent vainqueurs du combat qui
s'engagea autour de leur chef, puisqu'ils réussirent à le relever et à l'emporter. Le corps,
momifié rapidement sur place, fut expédié à Thèbes, où il reçut la sépulture. Ces détails nous
expliquent et l'aspect saisissant qu'il présente et les irrégularités qu'on remarque dans l'em-
baumement. La poitrine et les côtes, serrées à outrance par des gens pressés, se sont brisées
et ne forment plus qu'un paquet de débris noirâtres, au milieu duquel les vertèbres sont
éparses. Le bassin est en pièces, les bras et les jambes sont désarticulés. La décomposition
avait dû commencer déjà au moment où les embaumeurs se mirent à l'œuvre : une large
plaque blanchâtre entoure la plaie du front, et semble n'être qu'une masse de cervelle épandue
et mortifiée. La momie, préparée à la hâte, n'a pas bien résisté aux influences destructrices
du dehors, les vers en ont percé l'enveloppe, et des larves de nécrophore ont laissé leur coque
dans les tresses de cheveux. Tiouâqen avait environ quarante ans quand il succomba. H
était grand, élancé, d'une vigueur remarquable, à en juger par ce qui reste des muscles de
l'épaule et du thorax. Il avait la tête petite et allongée en tonneau, bien garnie de cheveux
noirs, minces, ronds, frisés en longues mèches, l'œil était large et enfoncé, le nez droit et large
à la racine, les pommettes proéminentes, la mâchoire forte, la bouche moyenne, un peu avancée,
garnie de dents saines et d'un bel émail. L'oreille a disparu et l'on voit quelques traces à
peine de barbe et de moustache : Tiouâqen s'était rasé le matin même de la bataille. Tout
compte fait, il devait ressembler singulièrement aux Barabras d'aujourd'hui, et appartenir |
une race moins mélangée d'éléments étrangers que celle des Eamsès.

Le cercueil n° 5232 renfermait la momie de Séti Ier, troisième roi de la XIXe dynastie
et père de Eamsès II, comme en font foi les procès-verbaux de l'an VI et de l'an XVI de
Hiïhor, de l'an X de Pinotmou Ier, enregistrés sur le couvercle. L'appareil de bandelettes et
de linceuls qui l'enveloppait était disposé de la même façon que celui que nous avons découvert
précédemment sur la momie de Eamsès IL A moitié environ de l'épaisseur totale, une inscription
hiératique en deux lignes, tracée à l'encre noire, nous apprit que l'an IX, le deuxième mois de
«Pirit, le 16, fut le jour où on rhabilla le roi Menmârî (Séti Ier) v. s. f. » Une autre inscription,
tracée sur une des bandelettes, ajoute que le linge employé à l'emmaillotement avait été
fabriqué par le premier Prophète d'Ammon, Menkhopirrî, en l'an VI, ce qui nous donne la date
de la dernière restauration subie par la momie. Le corps présente à peu près le même aspect
que celui de Eamsès II, long, décharné, jaune-noir, les bras croisés sur la poitrine; les parties
génitales ont été détachées à l'aide d'un instrument tranchant. La tête était couverte d'un
masque épais de toile fine, noircie par le goudron, et qu'on dut enlever au ciseau. M. Ale-
xandre Barsanti, chargé de cette délicate opération, fit sortir de cette masse informe la
plus jolie tête de momie qu'on ai jamais vue au Musée. Les sculpteurs de Thèbes et d'Abydos
ne flattaient pas Séti Ier quand ils lui donnaient ce profil délicat, doux et souriant, que les
voyageurs admirent : la momie a conservé, après trente-deux siècles, la même expression
qu'avait le vivant. Ce qui frappe tout d'abord, quand on la compare à celle de Eamsès II, c'est
la ressemblance étonnante du père et du fils : nez, bouche, menton, les traits sont les mêmes,
mais plus fins, plus intelligents, plus humains chez le père. Séti Ier est comme le type idéalise
de Eamsès II. Il dut mourir vieux; les sourcils sont blancs, l'état du corps accuse la soixan-
 
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