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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 20.1898

DOI issue:
Nr. 1-2
DOI article:
Chassinat, Émile: Critique d'une critique
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12427#0012
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dont l'existence lui a été révélée par une note parue dans le Journal asiatique*. Il est
inutile que je raconte ici une fois de plus dans quelles conditions Edfou a été publié :
on en trouvera le récit tout au long dans Y Avant-propos. M. Piehl, après en avoir
pris connaissance, verra ses indécisions disparaître sans que j'aie rien à ajouter; par
suite, il trouvera naturel aussi, je l'espère, que je substitue mon nom à celui de M. Mas-
pero lorsqu'il fera allusion à ces « bévues » et à ce « manque absolu de compétence »
dont l'éditeur a fait si souvent preuve, paraît-il, dans l'exécution de son travail. Que
M. Piehl me pardonne de m'ofïrir à ses coups alors qu'il espérait frapper un plus vieil
adversaire : la vie a de ces surprises, et souvent, en visant l'un, c'est l'autre qu'on
atteint sans le vouloir. Peut-être aurais-je passé outre à ces critiques acerbes s'il ne se
fût agi que de moi : il y a, chacun le sait, des morts récalcitrants; Edfou, tué par
M. Piehl, ne s'en fût pas, je m'en flatte, plus mal porté pour cela. Mais je succédais à
un homme qui me fut cher et pour qui j'ai conservé le plus respectueux souvenir : quel
chagrin n'aurais-je pas ressenti si l'on avait pu dire de moi, même iniquement, même
en se fiant au témoignage de M. Piehl, que je n'avais pas justifié la confiance dont
j'étais honoré et que ma légèreté ou mon inexpérience avaient compromis la réussite de
l'œuvre à laquelle je m'étais attaché? J'ai donc éprouvé, je l'avoue, un instant de crainte
et de découragement à la lecture des articles qui cherchaient à me confondre : au milieu
d'une telle masse de textes, la plupart inédits, des erreurs plus nombreuses que celles
que je connaissais déjà ou que je prévoyais se seraient-elles glissées? Un premier examen
me rasséréna vite, et j'ai maintenant la certitude d'avoir fait preuve d'une conscience
réelle dans le travail si violemment incriminé. C'est là un résultat que M. Piehl ne pré-
voyait pas; il y aurait ingratitude de ma part à ne pas le remercier de 4'avoir provoqué.

J'ai relevé partout, chez M. Piehl, une tendance des plus fâcheuses : il est dévoré
du désir de me prendre en défaut à propos de tout et de rien, et ce besoin l'entraîne à
étayer le plus souvent ses critiques de faits non démontrés ou même imaginaires. J'ad-
mets, s'il y tient, la supériorité de sa science et j'accepte encore qu'elle lui permette de
décider si telle formule est incomplète ou si elle renferme une faute par rapport à telle
autre de même nature; mais cette puissance d'intuition ou de déduction qu'il s'accorde
et devant laquelle je m'incline, en quoi lui permettra-t-elle de savoir si c'est le graveur
ou bien le copiste moderne qui est coupable de l'omission ou de la faute qu'il dénonce
à chaque instant? D'autre part, il n'hésite jamais à « dire que les fautes d'impression
» qu'on peut signaler dans l'ouvrage que nous examinons sont rares' ». La constatation
ne serait pas pour me déplaire, si je n'y voyais un piège. Quand bien même il avouerait
avoir chaussé pour la circonstance les besicles dont parle Rabelais, « practiquant l'art
» dont on peultlire lettres non apparentes, comme enseigne Aristotèles », à qui fera-t-il

1. Journal asiatique, numéro de juillet 1895. M. Maspero l'avait déjà signalé, en 1894, dans la Notice
placée en tête des Œuvres dicerses de M. de Rochemonteix, p. xxxix.

2. Sphinas, p. 159. Je ne comprends vraiment pas que M. Piehl refuse d'admettre qu'il ait pu se glisser
chez nous des fautes d'impression, alors qu'il trouve mauvais qu'on en use de même envers lui. Dans un
récent article paru dans la Zeitschrift, 1896, p. 81, il reproche très rudement à un contradicteur de ne pas
avoir tenu compte de quelques erreurs de ce genre dans ses rectifications. C'est un fait excellent à noter pour
se faire une idée du mobile qui le guide dans tous ses écrits.
 
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