tique le système qui consiste à lacuner la majeure partie des textes reproduits, là où le
sens n'est pas très certain ou lorsque la rupture de la pierre rend la lecture d'un signe
malaisée; j'aurais pu encore me débarrasser sur des successeurs du soin de copier les
légendes mutilées ou d'un accès mal commode; j'aurais pu enfin terminer nombre de
textes par un de ces etc. par lesquels M. Piehl excelle à terminer les passages difficiles1.
M. Piehl, qui en agit souvent de la sorte, aurait eu mauvaise grâce à me reprocher
de l'imiter; mais en quoi ces petites roueries bonnes au plus à sauver la vanité
d'un auteur auraient-elles servi la science? J'ai préféré m'exposer à l'erreur et tout
donner : si je me suis trompé parfois, du moins ai-je la conscience d'avoir accompli une
œuvre utile. M. Piehl, qui ménage si fort sa propre peine, a-t-il réfléchi un seul instant
au travail que la publication d'Edfou a déjà coûté, et pense-t-il vraiment que personne
ne l'apercevra parce qu'il se refuse, lui, à le voir? Il se trompe s'il s'est imaginé ruiner
l'œuvre à jamais au prix, de deux ou trois articles injurieux écrits au hasard de la plume
et remplis d'inexactitudes. J'ai consacré à Edfou cinq années de ma vie, je lui en donnerai
dix encore s'il le faut : le jour où il sera terminé, nous verrons ce que les critiques de
M. Piehl pèsent contre moi dans la balance. Le mépris que l'on professe dans sa Revue
pour celui qui s'astreint à la « besogne facile mais annihilante de consacrer exclusive-
» ment ses soins à copier et à publier des textes » l'aura, je veux bien le supposer, — il
faut toujours chercher l'excuse, — entraîné au delà de ce que sa propre expérience de
copiste lui commandait. Pour lui aussi, sans doute, un égyptologue, — lui excepté, c'est
entendu, — qui accepte cette unique et monotone occupation, ne peut éviter d'« essayer
» d'interpréter les textes et les reproduire en conséquence ». C'est là, assurément, une
opinion qui sort de l'ordinaire, et M. Piehl, qui aime le paradoxe, ne pouvait mieux
satisfaire son goût qu'en l'adoptant sans plus tarder. Mon plus grand crime, pourtant, a
été d'éviter ce travers, dont on charge si peu aimablement les éditeurs d'inscriptions.
Jamais je n'ai tenté de réformer mes textes, comme M. Piehl reconnaît l'avoir fait, avec
une franchise pleine de simplicité. « Pour donner à mes textes, dit-il, une forme aussi
» exacte que possible, j'ai étudié là où cela a été faisable, d'après des publications d'au-
» très savants, des textes du même ordre, ce qui m'a permis d'introduire, en bien des cas,
» des modifications notables2. » Ces améliorations ne sont pas toujours très heureuses;
je citerai par exemple ^jt pour que le monument porte très nettement3. C'est pour
ne pas avoir adopté cette façon de comprendre mon devoir de copiste que je me vois
accusé aujourd'hui de « Schlimmbesserungen », lorsque M. Piehl s'empêtre dans la tra-
duction d'une phrase reproduite par moi ou lorsqu'un mot ne se retrouve pas dans la
collection d'exemples qu'il a recueillis, pour la confection de ce dictionnaire dont il
nous entretient depuis de longues années, et dont on peut dès à présent prévoir les
fâcheuses lacunes.
1. Piehl, Inscriptions hiéroglyphiques recueillies en Égypie, pl. LXXXV, Qa. Ce etc. représente trente-
trois lignes d'écriture serrée du manuscrit que j'ai préparé pour cette partie du temple. J'ajouterai que l'unique
1 ^ H n f% pour fl .
JO
ligne publiée contient une faute dès le début :
2. Op. cit., t. II, texte, Acant-propos, p. i-n.
3. Op. cit., pl. LXV et p. 41, note 2 du texte; cf. Le Temple d'Edfou, t. I, p. 580
sens n'est pas très certain ou lorsque la rupture de la pierre rend la lecture d'un signe
malaisée; j'aurais pu encore me débarrasser sur des successeurs du soin de copier les
légendes mutilées ou d'un accès mal commode; j'aurais pu enfin terminer nombre de
textes par un de ces etc. par lesquels M. Piehl excelle à terminer les passages difficiles1.
M. Piehl, qui en agit souvent de la sorte, aurait eu mauvaise grâce à me reprocher
de l'imiter; mais en quoi ces petites roueries bonnes au plus à sauver la vanité
d'un auteur auraient-elles servi la science? J'ai préféré m'exposer à l'erreur et tout
donner : si je me suis trompé parfois, du moins ai-je la conscience d'avoir accompli une
œuvre utile. M. Piehl, qui ménage si fort sa propre peine, a-t-il réfléchi un seul instant
au travail que la publication d'Edfou a déjà coûté, et pense-t-il vraiment que personne
ne l'apercevra parce qu'il se refuse, lui, à le voir? Il se trompe s'il s'est imaginé ruiner
l'œuvre à jamais au prix, de deux ou trois articles injurieux écrits au hasard de la plume
et remplis d'inexactitudes. J'ai consacré à Edfou cinq années de ma vie, je lui en donnerai
dix encore s'il le faut : le jour où il sera terminé, nous verrons ce que les critiques de
M. Piehl pèsent contre moi dans la balance. Le mépris que l'on professe dans sa Revue
pour celui qui s'astreint à la « besogne facile mais annihilante de consacrer exclusive-
» ment ses soins à copier et à publier des textes » l'aura, je veux bien le supposer, — il
faut toujours chercher l'excuse, — entraîné au delà de ce que sa propre expérience de
copiste lui commandait. Pour lui aussi, sans doute, un égyptologue, — lui excepté, c'est
entendu, — qui accepte cette unique et monotone occupation, ne peut éviter d'« essayer
» d'interpréter les textes et les reproduire en conséquence ». C'est là, assurément, une
opinion qui sort de l'ordinaire, et M. Piehl, qui aime le paradoxe, ne pouvait mieux
satisfaire son goût qu'en l'adoptant sans plus tarder. Mon plus grand crime, pourtant, a
été d'éviter ce travers, dont on charge si peu aimablement les éditeurs d'inscriptions.
Jamais je n'ai tenté de réformer mes textes, comme M. Piehl reconnaît l'avoir fait, avec
une franchise pleine de simplicité. « Pour donner à mes textes, dit-il, une forme aussi
» exacte que possible, j'ai étudié là où cela a été faisable, d'après des publications d'au-
» très savants, des textes du même ordre, ce qui m'a permis d'introduire, en bien des cas,
» des modifications notables2. » Ces améliorations ne sont pas toujours très heureuses;
je citerai par exemple ^jt pour que le monument porte très nettement3. C'est pour
ne pas avoir adopté cette façon de comprendre mon devoir de copiste que je me vois
accusé aujourd'hui de « Schlimmbesserungen », lorsque M. Piehl s'empêtre dans la tra-
duction d'une phrase reproduite par moi ou lorsqu'un mot ne se retrouve pas dans la
collection d'exemples qu'il a recueillis, pour la confection de ce dictionnaire dont il
nous entretient depuis de longues années, et dont on peut dès à présent prévoir les
fâcheuses lacunes.
1. Piehl, Inscriptions hiéroglyphiques recueillies en Égypie, pl. LXXXV, Qa. Ce etc. représente trente-
trois lignes d'écriture serrée du manuscrit que j'ai préparé pour cette partie du temple. J'ajouterai que l'unique
1 ^ H n f% pour fl .
JO
ligne publiée contient une faute dès le début :
2. Op. cit., t. II, texte, Acant-propos, p. i-n.
3. Op. cit., pl. LXV et p. 41, note 2 du texte; cf. Le Temple d'Edfou, t. I, p. 580