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A TRAVERS LA VOCALISATION ÉGYPTIENNE
Ton avait moins des verbes factitifs réels que des membres de phrase factitifs. Une
combinaison, telle que $rT ® > renferme deux verbes libres, conjugués chacun
pour soi à un mode personnel.
3° Erman pense que le second de ces verbes est à un mode subordonné, un sub-
jonctif qui aurait eu une vocalisation en -o final 'et l'accent sur cet -6, mais cette con-
ception repose sur une analyse tendancieuse des rapports établis entre les deux verbes.
L'identité de forme extérieure que ce prétendu subjonctif présente clans l'écriture avec
l'indicatif, les analogies du berbère et des langues sémitiques, indiquent que le second
terme de la proposition causative était à l'indicatif : la subordination est rendue non
point par un mode spécial, mais par la place attribuée à l'indicatif dans la proposition,
© (1) je donne (2) il vit, donc je fais qu'il vit.
4° La révolution opérée clans la langue par le transport des pronoms suffixes sujets
en tète du verbe, au moyen des auxiliaires, ayant eu pour résultat de mettre en contact
direct l'auxiliaire factitif avec le verbe qu'il régissait, l| j^^p -y © , la constitu-
tion de la phrase factitive changea, et, à l'indicatif ■¥■ © où le pronom était sujet, on
Ç\ AAAAAA ] 1$ ^
substitua l'infinitif féminin -j- où le pronom ^=^_ devint, comme partout dans
les propositions infinitives, à la fois régime et sujet, régime de l'auxiliaire factitif et
sujet de l'infinitif. Dans le même temps, les deux éléments, auxiliaire et racine, se liè-
rent de plus en plus, et bientôt ils ne composèrent plus qu'un mot unique. La phrase
factitive du début se transforma en un véritable verbe factitif, et par suite le pronom
suffixe fut désormais le régime, non pas de l'auxiliaire seul, mais de l'expression facti-
tive entière.
5° Cette métamorphose s'opéra dans la -/W,, et elle était achevée entièrement
avant la constitution définitive du copte, car les factitifs auxquels elle donna naissance
se retrouvent sans variante fondamentale dans tous les dialectes de cette dernière langue.
Le -t final de l'infinitif féminin s'amuit, la diphtongue -aî, -oui, -oî, qu'il laissait der-
rière lui, se résolut sur o, et les factitifs arrivèrent en copte sous une forme partout
identique, avec un t- à l'attaque et un -o à la fin du mot. L'accent continua sur ta finale
où la lourdeur cle la flexion féminine l'avait attiré dans la xotvv*. Les pronoms demeurè-
rent ce qu'ils étaient aux derniers temps de la xow^, les régimes, non pas de l'auxiliaire
seul, mais de toute la combinaison factitive.
Je répéterai ici, à propos de mon exposition, ce qu'Erman disait à propos de
la sienne : toute certaine que je la crois, il sera toujours difficile d'en apporter la
démonstration absolue, et cela pour l'insuffisance du système graphique employé par
l'égyptien. Toutefois, où la démonstration directe est malaisée, les indications indirectes
ont leur valeur, et il me semble qu'elles sont en faveur cle mon hypothèse plutôt qu'à
l'avantage de l'hypothèse d'Erman. Erman, en effet, pour obtenir son subjonctif, est
obligé de ne tenir aucun compte des analogies avec les langues voisines et de déclarer
que les Coptes se sont trompés clans la conception qu'ils se faisaient de leurs verbes
factitifs. Dans mon hypothèse, au contraire, les analogies sont respectées, et il n'y a
aucun besoin d'imputer une erreur aux Coptes. Hypothèse pour hypothèse, la mienne
a le mérite de tenir compte des rares données matérielles que nous possédons pour la
A TRAVERS LA VOCALISATION ÉGYPTIENNE
Ton avait moins des verbes factitifs réels que des membres de phrase factitifs. Une
combinaison, telle que $rT ® > renferme deux verbes libres, conjugués chacun
pour soi à un mode personnel.
3° Erman pense que le second de ces verbes est à un mode subordonné, un sub-
jonctif qui aurait eu une vocalisation en -o final 'et l'accent sur cet -6, mais cette con-
ception repose sur une analyse tendancieuse des rapports établis entre les deux verbes.
L'identité de forme extérieure que ce prétendu subjonctif présente clans l'écriture avec
l'indicatif, les analogies du berbère et des langues sémitiques, indiquent que le second
terme de la proposition causative était à l'indicatif : la subordination est rendue non
point par un mode spécial, mais par la place attribuée à l'indicatif dans la proposition,
© (1) je donne (2) il vit, donc je fais qu'il vit.
4° La révolution opérée clans la langue par le transport des pronoms suffixes sujets
en tète du verbe, au moyen des auxiliaires, ayant eu pour résultat de mettre en contact
direct l'auxiliaire factitif avec le verbe qu'il régissait, l| j^^p -y © , la constitu-
tion de la phrase factitive changea, et, à l'indicatif ■¥■ © où le pronom était sujet, on
Ç\ AAAAAA ] 1$ ^
substitua l'infinitif féminin -j- où le pronom ^=^_ devint, comme partout dans
les propositions infinitives, à la fois régime et sujet, régime de l'auxiliaire factitif et
sujet de l'infinitif. Dans le même temps, les deux éléments, auxiliaire et racine, se liè-
rent de plus en plus, et bientôt ils ne composèrent plus qu'un mot unique. La phrase
factitive du début se transforma en un véritable verbe factitif, et par suite le pronom
suffixe fut désormais le régime, non pas de l'auxiliaire seul, mais de l'expression facti-
tive entière.
5° Cette métamorphose s'opéra dans la -/W,, et elle était achevée entièrement
avant la constitution définitive du copte, car les factitifs auxquels elle donna naissance
se retrouvent sans variante fondamentale dans tous les dialectes de cette dernière langue.
Le -t final de l'infinitif féminin s'amuit, la diphtongue -aî, -oui, -oî, qu'il laissait der-
rière lui, se résolut sur o, et les factitifs arrivèrent en copte sous une forme partout
identique, avec un t- à l'attaque et un -o à la fin du mot. L'accent continua sur ta finale
où la lourdeur cle la flexion féminine l'avait attiré dans la xotvv*. Les pronoms demeurè-
rent ce qu'ils étaient aux derniers temps de la xow^, les régimes, non pas de l'auxiliaire
seul, mais de toute la combinaison factitive.
Je répéterai ici, à propos de mon exposition, ce qu'Erman disait à propos de
la sienne : toute certaine que je la crois, il sera toujours difficile d'en apporter la
démonstration absolue, et cela pour l'insuffisance du système graphique employé par
l'égyptien. Toutefois, où la démonstration directe est malaisée, les indications indirectes
ont leur valeur, et il me semble qu'elles sont en faveur cle mon hypothèse plutôt qu'à
l'avantage de l'hypothèse d'Erman. Erman, en effet, pour obtenir son subjonctif, est
obligé de ne tenir aucun compte des analogies avec les langues voisines et de déclarer
que les Coptes se sont trompés clans la conception qu'ils se faisaient de leurs verbes
factitifs. Dans mon hypothèse, au contraire, les analogies sont respectées, et il n'y a
aucun besoin d'imputer une erreur aux Coptes. Hypothèse pour hypothèse, la mienne
a le mérite de tenir compte des rares données matérielles que nous possédons pour la