SUR LA XVIIIe ET LA XIXe DYNASTIE DE MANÉTHON
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solution du problème, et c'est ce qui me la fait considérer comme assurée, malgré tout.
On sait quel parti Erman et les philologues de son école avaient tiré du soi-disant
subjonctif pour leur reconstitution du verbe égyptien et de sa vocalisation. Je repren-
drai la question à ce point de vue, lorsque j'aurai examiné la théorie du pseudo-participe.
§ XXXIII. — Les transcriptions grecques du nom (j(Jv$i nous fournissent un
bon exemple du déplacement d'accent que l'addition du suffixe produisait dans les
mots, et une preuve nouvelle de la lourdeur de ce suffixe : isolé, est rendu
'A/Oôt,; par Manéthon, en composition -/Bol: dans 'ApxEvte^ôat (Spiegelberg, Demotische
Denkmâler, t. I, p. 20-22). Le mot avait sa voyelle propre entre et <=>, khetou-
khatou; le suffixe lourd en [m porta l'accent tonique sur i dans khatoui-khetouî,
khatai-khetai. Au cours des temps, la rapidité de l'énonciation fit disparaître la
voyelle atone, puis ta difficulté de prononcer le groupe kmt ramena, comme je l'ai
indiqué ailleurs, une voyelle épenthétique : khtoui-khtai, puis Akhtoè, ekhtai.
SUR LA XVIIIe ET LA XIX' DYNASTIE DE MANETHON
PAU
G. Maspero
Il y a quelques années, j'ai essayé de montrer que la liste des six premières dy-
nasties de Manéthon renfermait, à côté d'éléments et de noms parfaitement authen-
tiques, des éléments et des noms d'une authenticité plus que douteuse. Le roman
populaire avait fourni à Manéthon ou aux historiens indigènes, ses prédécesseurs,
un certain nombre de Pharaons fictifs, dont les uns s'étaient intercalés entre les Pha-
raons véritables, tandis que les autres avaient chassé quelques-uns de ceux-ci pour se
substituer à eux. Il me parait que ce mélange de réalité et de fiction n'est pas confiné
aux dynasties les plus anciennes, mais que les dynasties du second empire thébain,
la XVIIIe et la XIXe, le présentent également.
§ I
Prenons d'abord les noms des souverains dont Manéthon a composé sa liste de ces
dynasties, et voyons s'il nous est possible de les retrouver tous sur les monuments.
Deux d'entre eux au moins se laissent identifier aisément avec deux des Pharaons réels,
le premier, Amôsis, et le huitième, Aménôphis, que la glose : « c'est celui-là la pierre
» qu'on pense être le célèbre Memnon et qui donne de la voix1 », nous prouve avoir
été, dans la pensée des chronographes, l'Aménôthès III de la plaine thébaine, Nib-
maouriya * \f\. Si donc, partant de ce point bien établi, nous remontons jusqu'au
début de la dynastie, en mettant côte à côte sur la même ligne les noms manéthoniens
et ceux de la Table d'Abydos, nous obtenons les équivalences suivantes :
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solution du problème, et c'est ce qui me la fait considérer comme assurée, malgré tout.
On sait quel parti Erman et les philologues de son école avaient tiré du soi-disant
subjonctif pour leur reconstitution du verbe égyptien et de sa vocalisation. Je repren-
drai la question à ce point de vue, lorsque j'aurai examiné la théorie du pseudo-participe.
§ XXXIII. — Les transcriptions grecques du nom (j(Jv$i nous fournissent un
bon exemple du déplacement d'accent que l'addition du suffixe produisait dans les
mots, et une preuve nouvelle de la lourdeur de ce suffixe : isolé, est rendu
'A/Oôt,; par Manéthon, en composition -/Bol: dans 'ApxEvte^ôat (Spiegelberg, Demotische
Denkmâler, t. I, p. 20-22). Le mot avait sa voyelle propre entre et <=>, khetou-
khatou; le suffixe lourd en [m porta l'accent tonique sur i dans khatoui-khetouî,
khatai-khetai. Au cours des temps, la rapidité de l'énonciation fit disparaître la
voyelle atone, puis ta difficulté de prononcer le groupe kmt ramena, comme je l'ai
indiqué ailleurs, une voyelle épenthétique : khtoui-khtai, puis Akhtoè, ekhtai.
SUR LA XVIIIe ET LA XIX' DYNASTIE DE MANETHON
PAU
G. Maspero
Il y a quelques années, j'ai essayé de montrer que la liste des six premières dy-
nasties de Manéthon renfermait, à côté d'éléments et de noms parfaitement authen-
tiques, des éléments et des noms d'une authenticité plus que douteuse. Le roman
populaire avait fourni à Manéthon ou aux historiens indigènes, ses prédécesseurs,
un certain nombre de Pharaons fictifs, dont les uns s'étaient intercalés entre les Pha-
raons véritables, tandis que les autres avaient chassé quelques-uns de ceux-ci pour se
substituer à eux. Il me parait que ce mélange de réalité et de fiction n'est pas confiné
aux dynasties les plus anciennes, mais que les dynasties du second empire thébain,
la XVIIIe et la XIXe, le présentent également.
§ I
Prenons d'abord les noms des souverains dont Manéthon a composé sa liste de ces
dynasties, et voyons s'il nous est possible de les retrouver tous sur les monuments.
Deux d'entre eux au moins se laissent identifier aisément avec deux des Pharaons réels,
le premier, Amôsis, et le huitième, Aménôphis, que la glose : « c'est celui-là la pierre
» qu'on pense être le célèbre Memnon et qui donne de la voix1 », nous prouve avoir
été, dans la pensée des chronographes, l'Aménôthès III de la plaine thébaine, Nib-
maouriya * \f\. Si donc, partant de ce point bien établi, nous remontons jusqu'au
début de la dynastie, en mettant côte à côte sur la même ligne les noms manéthoniens
et ceux de la Table d'Abydos, nous obtenons les équivalences suivantes :