24 LE Xe NOME DE LA HAUTE-EGYPTE
Brugsch a prétendu qu'il y avait contradiction entre le nom grec du nome, d'après
lequel Hathor-Aphrodite en serait la divinité locale principale, et cette légende de
Karnak donnant comme dieu du nome Fforus, fils d'Isis et d'Osiris. Pour expliquer
cette contradiction, il a supposé qu'Aphroditopolis avait pris à l'époque grecque la
place de la première métropole du nome, laquelle avait le culte d'Horus, et il a proposé
d'identifier cette première métropole avec la ville d'Apollinopo/is paroa ou Apollinis
minor cioilas, car Horus fut assimilé à Apollon par les Grecs et les Romains; entin il a
placé cette Apollinopolis parva à kock*,jul\ ce qui est absolument impossible.
Mais je ne crois pas que la réalité ait été aussi compliquée que cela. Hathor était
la divinité principale du district occidental, clu nome, et Maâ-hes était son dieu
parèdre, probablement son époux. Quant à Horus, fils d'Isis et d'Osiris, la légende de
Karnak, postérieure à toutes les autres, montre bien qu'il n'était que le dieu principal
du district oriental du nome, sur le territoire duquel il avait triomphé, aux temps
héroïques de la légende, de son ennemi Seth-Typhon. Il n'a donc aucune relation avec
les dieux clu district occidental, Hathor et M ad-1tes ; il est plutôt le prototype
du dieu Antaios des Grecs, qui, d'après son nom, ont appelé Antaiopolitc le district
oriental du Xe nome érigé alors en nome indépendant.
Il y eut, du reste, et probablement assez tôt, bien que nous ne soyions renseignés
sur la question que par des documents d'époque tardive, passage réciproque des divinités
d'un district à l'autre. Nous voyons, par exemple, Hathor représentée comme dame de
la montagne Arabique du nome au grand temple d'Edfou (derrière elle, en effet, on lit
la légende: |jf fg)^, etc., et devant elle : ^l^M^Jn^W
^'!0'|/^)s- De même, le dieu double du district oriental, , ^J^> '
%%' ii' -Vti' ^-^3' etc" est rePrésente> dès la XVIIIe dY-
nastie, comme dieu de la ville de (j) (Statue d'Aboutig), et aussi sous la XX0 dy-
nastie (Grand Papyrus Harris, pl. 61 a, lig. 13).
Les deux divinités se trouvent môme en relations encore plus étroites sur un papyrus
démotique de la Bibliothèque de Strasbourg, publié d'abord par M. Spiegelberg* et à
nouveau tout récemment par M. N. Reich5. Au recto, planche VII, ligne 2, sont men-
tionnés les prêtres cV'Hathor, dame d'Entaye (transcription de M. Reich : f I
i \> ! I n I J3b> ri S^J \\ ^ ^'es^ un nouve^ exemple à ajouter à ceux où
l'expression « les deux dieux » est prise dans son sens étymologique de « district des
deux dieux jj. Comme le papyrus est originaire de Gébélein, l'ancienne Pathyris,
M. Reich a cru devoir ajouter après Entaye, l'identité Antaiopolis, Pathyris, Gebelen;
sur le fragment de coudée en pierre noire (époque romaine) qui a été publié par Brugsch, Géographie, I,
pl. XVI, et p. 97 et 142, et par Lepsius, Die altâgyptische Elle und ihre Eintheilung, p. 15, et pl. 111 b.
1. Brugsch, Geogra/ihic, I, p. 133 et 215.
2. Dûmiciien, Geogr. Inschr., II, pl. LXV.
3. Voir plus haut, p. 12-14.
4. Die demotischen Papyrus der Strassburger Bibliothek.
5. Rec. de Trac, t. XXXIII, l'Jll, p. 113-155.
6. Op. cit., p. 123; cf. aussi au commentaire, p. 140.
Brugsch a prétendu qu'il y avait contradiction entre le nom grec du nome, d'après
lequel Hathor-Aphrodite en serait la divinité locale principale, et cette légende de
Karnak donnant comme dieu du nome Fforus, fils d'Isis et d'Osiris. Pour expliquer
cette contradiction, il a supposé qu'Aphroditopolis avait pris à l'époque grecque la
place de la première métropole du nome, laquelle avait le culte d'Horus, et il a proposé
d'identifier cette première métropole avec la ville d'Apollinopo/is paroa ou Apollinis
minor cioilas, car Horus fut assimilé à Apollon par les Grecs et les Romains; entin il a
placé cette Apollinopolis parva à kock*,jul\ ce qui est absolument impossible.
Mais je ne crois pas que la réalité ait été aussi compliquée que cela. Hathor était
la divinité principale du district occidental, clu nome, et Maâ-hes était son dieu
parèdre, probablement son époux. Quant à Horus, fils d'Isis et d'Osiris, la légende de
Karnak, postérieure à toutes les autres, montre bien qu'il n'était que le dieu principal
du district oriental du nome, sur le territoire duquel il avait triomphé, aux temps
héroïques de la légende, de son ennemi Seth-Typhon. Il n'a donc aucune relation avec
les dieux clu district occidental, Hathor et M ad-1tes ; il est plutôt le prototype
du dieu Antaios des Grecs, qui, d'après son nom, ont appelé Antaiopolitc le district
oriental du Xe nome érigé alors en nome indépendant.
Il y eut, du reste, et probablement assez tôt, bien que nous ne soyions renseignés
sur la question que par des documents d'époque tardive, passage réciproque des divinités
d'un district à l'autre. Nous voyons, par exemple, Hathor représentée comme dame de
la montagne Arabique du nome au grand temple d'Edfou (derrière elle, en effet, on lit
la légende: |jf fg)^, etc., et devant elle : ^l^M^Jn^W
^'!0'|/^)s- De même, le dieu double du district oriental, , ^J^> '
%%' ii' -Vti' ^-^3' etc" est rePrésente> dès la XVIIIe dY-
nastie, comme dieu de la ville de (j) (Statue d'Aboutig), et aussi sous la XX0 dy-
nastie (Grand Papyrus Harris, pl. 61 a, lig. 13).
Les deux divinités se trouvent môme en relations encore plus étroites sur un papyrus
démotique de la Bibliothèque de Strasbourg, publié d'abord par M. Spiegelberg* et à
nouveau tout récemment par M. N. Reich5. Au recto, planche VII, ligne 2, sont men-
tionnés les prêtres cV'Hathor, dame d'Entaye (transcription de M. Reich : f I
i \> ! I n I J3b> ri S^J \\ ^ ^'es^ un nouve^ exemple à ajouter à ceux où
l'expression « les deux dieux » est prise dans son sens étymologique de « district des
deux dieux jj. Comme le papyrus est originaire de Gébélein, l'ancienne Pathyris,
M. Reich a cru devoir ajouter après Entaye, l'identité Antaiopolis, Pathyris, Gebelen;
sur le fragment de coudée en pierre noire (époque romaine) qui a été publié par Brugsch, Géographie, I,
pl. XVI, et p. 97 et 142, et par Lepsius, Die altâgyptische Elle und ihre Eintheilung, p. 15, et pl. 111 b.
1. Brugsch, Geogra/ihic, I, p. 133 et 215.
2. Dûmiciien, Geogr. Inschr., II, pl. LXV.
3. Voir plus haut, p. 12-14.
4. Die demotischen Papyrus der Strassburger Bibliothek.
5. Rec. de Trac, t. XXXIII, l'Jll, p. 113-155.
6. Op. cit., p. 123; cf. aussi au commentaire, p. 140.