hommes pendant qu'ils foulaient la vendange. Pour écraser plus efficacement les rai-
sins, les vignerons prenaient soin de rythmer leurs mouvements; ils se tenaient par
la taille, levaient et baissaient les pieds en même temps, pendant que deux personnages
accroupis leur marquaient le rythme, non 'pas seulement en battant des mains, mais
Fig. 1. Fie
avec des objets rectangulaires pour mieux dominer le bruit1 (fig. 1 et 2). Au-dessus
des musiciens, on lit dans le tombeau de Mera la légende |^—a . Il n'est pas
douteux que ce soit le même mot qu'on lit dans les tombes de l'Ancien Empire, avec
les orthographes J^-^2^^, 8 *> j/k^1» J?q —0<> au-dessus des femmes
qui frappent des mains pendant que leurs compagnes dansent. Dans l'un et l'autre cas,
il s'agit d'accompagner des danseurs. Or, ce mot Jjp ^s>~'^^ jj ^ est remplacé, au
moins deux fois à ma connaissance dans les scènes de danses, par la légende ^"^^^ •
On peut ainsi penser que -<g>-'^^ jj^—a et ^7_<s>'"^^ j[ _a sont le masculin et le
féminin d'un substantif dérivé d'un verbe dont l'infinitif est | • Ce verbe
paraît avoir eu un factitif 1n » qui possède dans le tombeau de Mera le même
déterminatif ^_fl que ^?-<g>-'^^ |^_fl6. Ce factitif, écrit le plus souvent sans déter-
minatif, sert de légende à des gens qui conduisent des ânes à coups de bâtons. Le mot
Jjp-<s>-'^^ |^_a paraît donc appartenir à une racine qui primitivement signifie
«frapper» et par dérivation « produire du bruit en frappant, battre la mesure ». On
battait la mesure aux hommes qui dansaient dans la cuve pour écraser des raisins
comme aux femmes qui dansaient pour le plaisir de leur maître7.
La vendange était foulée dès qu'elle était portée dans la cuve. De nos jours, les
viticulteurs les mieux avisés font aussi cette opération le plus tôt possible, soit avec les
pieds, soit par des moyens mécaniques, La fermentation est bien plus régulière et
rapide si les levures qui transformeront le sucre du raisin en alcool se trouvent immé-
1. La figure 1 d'après Lepsius, Denkm. Ergânz., pl. 21; la figure 2 d'après une photographie prise par
M. Daumas dans le tombeau de Mera, A12, mur nord.
2. Mera, A10, côté est (= Daressy, dans les Mémoires de l'Institut égyptien, III, p. 541).
3. V. Schiïil, Le Tombeau d'Aba, pl. 2, dans Mission franc., t. V.
4. De Morgan, Daschour, II, pl. 25. Cet exemple m'a été communiqué par M. V. Loret.
5. Dans le mastaba du Musée de Leyde (Die Denkmâler des alten Reichs, pl. 10); L., D., II, 35.
^ et I^So sur un bas-relief de
6. Mera, A 13, nord, registre 3. On lit les deux mots
l'Ancien Empire (Quibell, Eœcavations at Saqqarah, III, pl. 62). Le premier de ces mots accompagne,
comme d'habitude, des gens qui frappent des ânes. En face des ânes se tiennent trois hommes, munis de
cannes recourbées; c'est entre les deux premiers qu'est gravé le mot ^J/ -<s=^
7. La circonférence qui entoure les musiciens représente peut-être un tapis sur lequel ils étaient assis.
sins, les vignerons prenaient soin de rythmer leurs mouvements; ils se tenaient par
la taille, levaient et baissaient les pieds en même temps, pendant que deux personnages
accroupis leur marquaient le rythme, non 'pas seulement en battant des mains, mais
Fig. 1. Fie
avec des objets rectangulaires pour mieux dominer le bruit1 (fig. 1 et 2). Au-dessus
des musiciens, on lit dans le tombeau de Mera la légende |^—a . Il n'est pas
douteux que ce soit le même mot qu'on lit dans les tombes de l'Ancien Empire, avec
les orthographes J^-^2^^, 8 *> j/k^1» J?q —0<> au-dessus des femmes
qui frappent des mains pendant que leurs compagnes dansent. Dans l'un et l'autre cas,
il s'agit d'accompagner des danseurs. Or, ce mot Jjp ^s>~'^^ jj ^ est remplacé, au
moins deux fois à ma connaissance dans les scènes de danses, par la légende ^"^^^ •
On peut ainsi penser que -<g>-'^^ jj^—a et ^7_<s>'"^^ j[ _a sont le masculin et le
féminin d'un substantif dérivé d'un verbe dont l'infinitif est | • Ce verbe
paraît avoir eu un factitif 1n » qui possède dans le tombeau de Mera le même
déterminatif ^_fl que ^?-<g>-'^^ |^_fl6. Ce factitif, écrit le plus souvent sans déter-
minatif, sert de légende à des gens qui conduisent des ânes à coups de bâtons. Le mot
Jjp-<s>-'^^ |^_a paraît donc appartenir à une racine qui primitivement signifie
«frapper» et par dérivation « produire du bruit en frappant, battre la mesure ». On
battait la mesure aux hommes qui dansaient dans la cuve pour écraser des raisins
comme aux femmes qui dansaient pour le plaisir de leur maître7.
La vendange était foulée dès qu'elle était portée dans la cuve. De nos jours, les
viticulteurs les mieux avisés font aussi cette opération le plus tôt possible, soit avec les
pieds, soit par des moyens mécaniques, La fermentation est bien plus régulière et
rapide si les levures qui transformeront le sucre du raisin en alcool se trouvent immé-
1. La figure 1 d'après Lepsius, Denkm. Ergânz., pl. 21; la figure 2 d'après une photographie prise par
M. Daumas dans le tombeau de Mera, A12, mur nord.
2. Mera, A10, côté est (= Daressy, dans les Mémoires de l'Institut égyptien, III, p. 541).
3. V. Schiïil, Le Tombeau d'Aba, pl. 2, dans Mission franc., t. V.
4. De Morgan, Daschour, II, pl. 25. Cet exemple m'a été communiqué par M. V. Loret.
5. Dans le mastaba du Musée de Leyde (Die Denkmâler des alten Reichs, pl. 10); L., D., II, 35.
^ et I^So sur un bas-relief de
6. Mera, A 13, nord, registre 3. On lit les deux mots
l'Ancien Empire (Quibell, Eœcavations at Saqqarah, III, pl. 62). Le premier de ces mots accompagne,
comme d'habitude, des gens qui frappent des ânes. En face des ânes se tiennent trois hommes, munis de
cannes recourbées; c'est entre les deux premiers qu'est gravé le mot ^J/ -<s=^
7. La circonférence qui entoure les musiciens représente peut-être un tapis sur lequel ils étaient assis.