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Touraïeff, B.: Les pertes récentes de l'orientalisme en Russie
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.12742#0115
LES PERTES RÉCENTES
DE L'ORIENTALISME EN RUSSIE
par
B. TOURAÏEFF.
Notre patrie malheureuse, où l'on détruit avec lant de zèle les acquisitions de la
civilisation, a perdu dans les derniers mois beaucoup de ses éminents orientalistes.
Nikolsky, Saleman, Radloff, Wesselowsky, Ghukowsky, de Lemm, ne sont plus. La
mort de la plupart de ces savants a été hâtée par les terribles événements qui se dé-
roulent dans notre pays. Pour les lecteurs du Recueil de travaux, c'est l'activité scienti-
fique de Nikolsky et de Lemm qui présente le plus d'intérêt. Il suffira de mentionner
que le professeur N. Wesselowsky, pendant ses excavations heureuses dans la Russie
méridionale, a découvert plusieurs objets de provenance égyptienne, tels que scara-
bées, figurines de divinités (par exemple un Imhotep, dans le domaine de Kouban),
vases hellénistiques, etc.
Michel Nikolsky (i8^8-3 juillet 1917), qui fut élevé à l'Académie théologique de
Moscou, enseigna pendant quelques années les langues sémitiques à la même Acadé-
mie et l'assyriologie à l'Université de Moscou. Il peut être nommé le père de l'assyrio-
logie russe. 11 démontra, le premier, l'authenticité des tablettes de Blau et les origines
hiéroglyphiques de l'écriture cunéiforme. Tous ses travaux sont publiés en russe,
quelques-uns ont été traduits en français, comme l'article sur les. représentations de
la déesse nue dans les cylindres babyloniens [Revue archéologique, 1892), ou en alle-
mand, comme la note sur Jakhin et Boaz. Il s'occupa beaucoup d'inscriptions vanni-
ques (sa mission scientifique en Transcaucasie, 1896) et de textes archaïques de la
collection Lichatcheff; ce sont des publications monumentales qu'il a données à la
science : Les textes cunéiformes de la Transcaucasie (Moscou, 1896); Les documents de la
comptabilité de la Chaldée ancienne (vol. I, Moscou, 1908; II, 1915).
Oscar de Lemm (1856-3 juin 1918), dont les Aegyptische Lesestûche furent autre-
fois pour beaucoup d'égyptologues le premier livre de lecture en égyptien, était
élève de Lepsius et d'Ebers. Il était conservateur du Musée asiatique de l'Académie
des Sciences à Pétrograd, membre honoraire de l'Institut égyptien. De 1887 à 1891,
il fut maître de conférences d'égyptologie à l'Université de Pétrograd. C'est grâce à
lui que notre science a obtenu le droit de cité dans les universités russes. Les manus-
crits coptes des bibliothèques de Pétrograd, qui étaient avant lui inexplorés, attirè-
rent son attention. 11 se dédia aux études coptes; et comme coptologue, il était un des
DE L'ORIENTALISME EN RUSSIE
par
B. TOURAÏEFF.
Notre patrie malheureuse, où l'on détruit avec lant de zèle les acquisitions de la
civilisation, a perdu dans les derniers mois beaucoup de ses éminents orientalistes.
Nikolsky, Saleman, Radloff, Wesselowsky, Ghukowsky, de Lemm, ne sont plus. La
mort de la plupart de ces savants a été hâtée par les terribles événements qui se dé-
roulent dans notre pays. Pour les lecteurs du Recueil de travaux, c'est l'activité scienti-
fique de Nikolsky et de Lemm qui présente le plus d'intérêt. Il suffira de mentionner
que le professeur N. Wesselowsky, pendant ses excavations heureuses dans la Russie
méridionale, a découvert plusieurs objets de provenance égyptienne, tels que scara-
bées, figurines de divinités (par exemple un Imhotep, dans le domaine de Kouban),
vases hellénistiques, etc.
Michel Nikolsky (i8^8-3 juillet 1917), qui fut élevé à l'Académie théologique de
Moscou, enseigna pendant quelques années les langues sémitiques à la même Acadé-
mie et l'assyriologie à l'Université de Moscou. Il peut être nommé le père de l'assyrio-
logie russe. 11 démontra, le premier, l'authenticité des tablettes de Blau et les origines
hiéroglyphiques de l'écriture cunéiforme. Tous ses travaux sont publiés en russe,
quelques-uns ont été traduits en français, comme l'article sur les. représentations de
la déesse nue dans les cylindres babyloniens [Revue archéologique, 1892), ou en alle-
mand, comme la note sur Jakhin et Boaz. Il s'occupa beaucoup d'inscriptions vanni-
ques (sa mission scientifique en Transcaucasie, 1896) et de textes archaïques de la
collection Lichatcheff; ce sont des publications monumentales qu'il a données à la
science : Les textes cunéiformes de la Transcaucasie (Moscou, 1896); Les documents de la
comptabilité de la Chaldée ancienne (vol. I, Moscou, 1908; II, 1915).
Oscar de Lemm (1856-3 juin 1918), dont les Aegyptische Lesestûche furent autre-
fois pour beaucoup d'égyptologues le premier livre de lecture en égyptien, était
élève de Lepsius et d'Ebers. Il était conservateur du Musée asiatique de l'Académie
des Sciences à Pétrograd, membre honoraire de l'Institut égyptien. De 1887 à 1891,
il fut maître de conférences d'égyptologie à l'Université de Pétrograd. C'est grâce à
lui que notre science a obtenu le droit de cité dans les universités russes. Les manus-
crits coptes des bibliothèques de Pétrograd, qui étaient avant lui inexplorés, attirè-
rent son attention. 11 se dédia aux études coptes; et comme coptologue, il était un des