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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 39.1921

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Jéquier, Gustave: Le monde à l'envers et le monde souterrain
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https://doi.org/10.11588/diglit.12742#0101
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LE MONDE À L'ENVERS

ET LE MONDE SOUTERRAIN

PAR

GUSTAVE JÉQUIER.

Le cours du soleil et des astres, depuis le moment où ils disparaissent à l'horizon
jusqu'à celui de leur réapparition au point opposé du ciel, a toujours préoccupé les
Égyptiens, et cela d'autant plus que c'est dans cet espace inconnu et mystérieux qu'ils
plaçaient le séjour de leurs morts. Gomme ils ne nous ont laissé aucun renseignement
précis sur leurs théories cosmographiques, nous devons, pour reconnaître leur pensée
à cet égard, relever les moindres indices épars dans les textes, religieux ou autres.

Dans cet ordre d'idées, une phrase du chapitre xcix du Livre des Morts a passé
inaperçue jusqu'à maintenant; dans diverses variantes W, elle se présente de la façon

suivante Z ZApX *>V±.1, î ,W ! k?T lîTÏSFfcrRT ï = P" • •'• •

ce ce pays maudit où les étoiles renversées^ tombent sur leurs faces (4), et ne savent

comment se relever».

Il y a ici une image dont le sens n'est pas douteux : l'homme ignorant des mystères
de la nature, considérant le cours apparent des astres et constatant qu'après avoir
décrit une courbe, ils disparaissent pour revenir à leur point de départ le jour suivant,
cet homme reconstituera par la pensée la partie manquante de la courbe, qui passera
nécessairement sous la terre. Or d'après l'idée égyptienne, la terre est plate, ainsi que
l'indique l'hiéroglyphe —, et tout ce qui se trouve de l'autre côté de la partie habi-
table doit être nécessairement un monde renversé; la loi de gravitation étant encore
inconnue, on ne pouvait imaginer un centre d'attraction rétablissant l'équilibre nor-
mal des corps, et tous ceux qui passaient dans cette région subterrestre devaient se
trouver à l'envers par rapport à la surface inférieure du plateau-terre.

Ce monde où le soleil disparaît est aussi celui où il se reconstituera pour renaître :
c'est donc une région de mort, mais aussi de reconstitution et de résurrection, et ce

(1) La version donnée ici est celle du papyrus de Nou (éd. Budge, pl. XLVI, ligne 6). Pour les autres
variantes, voir Naville, Das Aeg. Todtenbuch, II, p. 219.

(2) La variante la plus fréquente de ce mot est j, ^* ^, où le signe sa doit être un phonétique rempla-
çant l'idéogramme *. Dans des textes plus récents, les étoiles, et particulièrement celles des décans, sont
désignées parfois sous le nom de ^ , * , «étoiles protectrices» (Brugsch, Thésaurus inscr. aeg., I, p. i33).

(3) Le même verbe P ® ^ est employé ailleurs pour désigner la disparition des astres à l'horizon, ainsi
dans un texte d'Esneh publié dans Brugsch, Thésaurus, I, p. 136.

(4) Var. "( 1 «sur leurs têtes ».

Recueil, t. XXXIX. — Troisième série, t. VII. i3
 
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