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Revue égyptologique — N.S.1.1919

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Cavaignac, Eugène: La milice égyptienne au VIe siècle et l'empire achéménide
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https://doi.org/10.11588/diglit.12361#0208
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la milice égyptienne au vie siècle et l'empire achéménide

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Je ne crois pas que les renseignements fournis ici par Hérodote proviennent de
son voyage en Égypte vers 450-440 avant Jésus-Christ : il n'est pas possible qu'il ait
vu fonctionner régulièrement de pareilles institutions dans le Delta après la révolte
d'Inaros. La place même où l'historien insère ces détails (à l'occasion de la révolte
d'Amasis en 569) indique qu'il les emprunte à une source écrite, à l'ouvrage d'un
Ionien quelconque sur l'Egypte saïte. Non pas que ces institutions aient été forcément
détruites par les Perses après 525 : on sait, au contraire, que Darius se montra sou-
cieux de respecter en tout les coutumes égyptiennes. Les Perses ont certainement fait
usage de la milice égyptienne, sur terre dans la guerre de Cyrénaïque1, sur mer dans
l'expédition de Grèce (480), où les Égyptiens se sont distingués2. Mais, enfin, les ins-
titutions militaires dont il s'agit ici, comme l'indiquent les détails relatifs à la garde
royale, remontent à l'époque des pharaons indigènes.

L'écrivain suivi par Hérodote paraît avoir été très exactement informé. Les dé-
tails qu'il donne sont circonstanciés et précis. Le terme de Calasii-ies a été retrouvé
dans les textes égyptiens3 : celui de Hermotybies le sera peut-être un jour. La liste
des nomes fait une impression d'authenticité, à condition de ne pas voir dans Chem-
mis et Thèbes les deux villes de la Haute-Égypte qui ont rendu fameux ces noms,
mais des localités homonymes du Delta4. Les chiffres de 160.000 et de 250.000 ont été
contestés comme trop gros5. L'un de ces chiffres, le dernier, était connu, et se retrouve
sous la plume d'historiens grecs à propos de l'émigration des guerriers indigènes sous
Psammétik (vers 650), altéré en 240.000 par Hérodote (ce qui est probablement le
chiffre exact)6, arrondi en 200.000 par Diodore7. Hérodote indique, d'ailleurs, lui-
même que c'étaient là des chiffres maxima, ou, comme nous dirions, des chiffres « sur
le papier». Il est douteux que les rois saïtes se soient préoccupés de tenir au complet
les cadres de la milice indigène, et il est probable que la tendance à la concentration
de la propriété foncière, habituelle en cas pareils, s'est fait sentir dans la caste militaire
égyptienne. Quoi qu'il en soit, il ne suffit pas, pour critiquer des chiffres, d'impres-
sions personnelles. Le contrôle ne peut venir que d'autres documents, ou des déduc-
tions statistiques, lesquelles peuvent aboutir à des impossibilités. Parmi les docu-
ments égyptiens qui m'ont été accessibles, je n'en connais pas qui puissent confirmer
ou infirmer les données d'hérodote. Les conséquences statistiques vont apparaître
tout à l'heure.

1. Hér., IV, 201.

2. Hér., VII, 89; VIII, 17.

3. Brugsch, Die Agyptologia, p. 234.

4. Ibid., p. 235.

5. Maspero, Hist. anc, t. III, p. 500.

6. Hér., II, 30.

7. Diod., I, 67.

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