Michel-Anne
O
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gloire de Michel-Ange est dans sa pensée, plus encore que dans ses moyens d’exécution.
Par la prédominance, dans son œuvre, des recherches expressives il se sépare nettement
des hommes de la Renaissance, pour se rattacher à la grande école chrétienne du passé.
Michel-Ange est grand pour avoir, dans la Voûte de la Sixtine fait revivre les Prophètes
et les Sibylles, et mis en eux toute la noblesse de son âme ; il est grand surtout par sa
souffrance, pour avoir, dans les Tombes des Médicis et la Descente de croix, poussé ces
cris de douleur que l’homme redoute tant et qu’il veut néan-
moins toujours entendre, ces cris qui sont la marque de son
humanité.
L’art de Michel-Ange est si complexe qu’il est difficile
de le résumer en une brève formule. Pour comprendre ce maî-
tre il faut le suivre à travers toutes les étapes de sa vie et étu-
dier les diverses idées qui se sont fait jour progressivement
dans ses œuvres.
Sa vie peut se diviser en trois périodes principales. La
première, que l’on peut appeler la période florentine, s’étend
jusqu’à son départ pour Rome, en 1508. A ce moment, nous
pouvons dire que, sauf deux ou trois exceptions, toutes ses
œuvres sont inspirées par le plus pur esprit Renaissance, tou-
tes conçues en vue de l’étude de la forme, abstraction faite de
toute expression de la pensée. La deuxième période qui com-
prend la Voûte de la Sixtine et la Tombe de Jules II est la pé-
riode romaine, dans laquelle l’idée prédominante est l’idée de
-S. Petronio
de la Chasse de S. Dominique
grandeur. Enfin une troisième période, que l’on pourrait appeler la période dramatique,
est représentée par le Jugement dernier, la Descente de Croix de Florence et les Tombes
des Médicis.
Première période
Les plus anciens travaux à date certaine que nous connaissions de Michel-Ange
sont ceux qu’il fit à Bologne pour la Châsse de S. Dominique : une statue d’Ange porte-
flambeau et une statue de San Petronio tenant dans ses mains la ville de Bologne. V
Nous nous garderons de dire avec Vasari que les deux figures sculptées par Mi-
chel-Ange sont supérieures à celles de Nicolo dell’Arca. Michel-Ange, il est vrai, s’inspire
de ce maître, dont il continue l’œuvre, mais il est bien loin de posséder sa grâce et son
(ï) En 1494, prévoyant la révolution qui chassa de Florence Pierre de Médicis et craignant qu’en sa qualité d’ami
des Médicis il n’eut à souffrir de ces troubles, Michel-Ange avait quitté Florence et s’était installé à Bologne.
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gloire de Michel-Ange est dans sa pensée, plus encore que dans ses moyens d’exécution.
Par la prédominance, dans son œuvre, des recherches expressives il se sépare nettement
des hommes de la Renaissance, pour se rattacher à la grande école chrétienne du passé.
Michel-Ange est grand pour avoir, dans la Voûte de la Sixtine fait revivre les Prophètes
et les Sibylles, et mis en eux toute la noblesse de son âme ; il est grand surtout par sa
souffrance, pour avoir, dans les Tombes des Médicis et la Descente de croix, poussé ces
cris de douleur que l’homme redoute tant et qu’il veut néan-
moins toujours entendre, ces cris qui sont la marque de son
humanité.
L’art de Michel-Ange est si complexe qu’il est difficile
de le résumer en une brève formule. Pour comprendre ce maî-
tre il faut le suivre à travers toutes les étapes de sa vie et étu-
dier les diverses idées qui se sont fait jour progressivement
dans ses œuvres.
Sa vie peut se diviser en trois périodes principales. La
première, que l’on peut appeler la période florentine, s’étend
jusqu’à son départ pour Rome, en 1508. A ce moment, nous
pouvons dire que, sauf deux ou trois exceptions, toutes ses
œuvres sont inspirées par le plus pur esprit Renaissance, tou-
tes conçues en vue de l’étude de la forme, abstraction faite de
toute expression de la pensée. La deuxième période qui com-
prend la Voûte de la Sixtine et la Tombe de Jules II est la pé-
riode romaine, dans laquelle l’idée prédominante est l’idée de
-S. Petronio
de la Chasse de S. Dominique
grandeur. Enfin une troisième période, que l’on pourrait appeler la période dramatique,
est représentée par le Jugement dernier, la Descente de Croix de Florence et les Tombes
des Médicis.
Première période
Les plus anciens travaux à date certaine que nous connaissions de Michel-Ange
sont ceux qu’il fit à Bologne pour la Châsse de S. Dominique : une statue d’Ange porte-
flambeau et une statue de San Petronio tenant dans ses mains la ville de Bologne. V
Nous nous garderons de dire avec Vasari que les deux figures sculptées par Mi-
chel-Ange sont supérieures à celles de Nicolo dell’Arca. Michel-Ange, il est vrai, s’inspire
de ce maître, dont il continue l’œuvre, mais il est bien loin de posséder sa grâce et son
(ï) En 1494, prévoyant la révolution qui chassa de Florence Pierre de Médicis et craignant qu’en sa qualité d’ami
des Médicis il n’eut à souffrir de ces troubles, Michel-Ange avait quitté Florence et s’était installé à Bologne.