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Rocznik Historii Sztuki — 7.1969

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II. Z dziejów malarstwa
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Wolff-Łozińska, Barbara: Malowany strop z kościoła w Kozach
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https://doi.org/10.11588/diglit.13395#0227
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MALOWANY STROP KOŚCIOŁA W KOZACH

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Les bustes d'hommes sauvages dans les calices des fleurs, protégeant chacun un écu armoriai, les pièces héraldiques et les
animaux font partie du répertoire des motifs décoratifs de l'enluminure, de la tapisserie et de la peinture murale que reprendront
et vulgariseront par la suite des livres et des imprimés épars. Parmi ces motifs le cerf était l'un des animaux le plus fréquemment
reproduit au décor pictural de plafonds,, souvent exécuté au moyen de patrons. Diverses manières de représentation du cerf
sont à noter: conventionnelle, antithétique (cette dernière dans la tapisserie surtout) ou bien parmi d'autres animaux, figurant
par exemple dans les scènes de chasse. La présence d'une autruche, élément rare dans la peinture décorative des plafonds mais
qui se retrouve au plafond de Kozy, et ceci avec un fer à cheval dans le bec, s'explique sans doute par l'inspiration des oeuvres
graphiques, telle une estampe du Maître de la Passion Berlinoise (L. 91) ou celle du Maître aux Bandcrollcs (L. 2). Le modèle
a été quelque peu modifié puisque l'autruche de Kozy est cornue et possède des griffes, ce qui en fait un oiseau de caractère
démoniaque.

L'ornementation végétale du plafond offre également des traits individuels et surtout une grande richesse dans la styli-
sation des grandes fleurs. La tige végétale en forme de spirale s'enroulant sur le décor porte deux sortes de feuilles: les unes
courtes et retroussées au bout, écartées l'une de l'autre, faisant penser à celles des plantes aquatiques et renouant par leur dessin
avec les Blattkraben du Maître E.S., les' autres qui sont des feuilles de chêne stylisées, munies de glands. Des ajours ronds que
forment les feuilles de chêne avec les ovales des glands, produisant l'effet répété de petits disques clairs, font penser à l'ornemen-
tation à la tige de chardon des Maîtres E.S. et "W.A. chez qui l'on constate une tendance bien prononcée à enrouler la
tige végétale.

Les fleurs peintes au plafond reproduisent en différentes variantes le motif de cônes surgissant des calices, de fruits et
d'étamines allongées formant des noeuds et bifurquant à leurs bouts. Ce type de fleurs fut lancé par le Maître de la Passion
Berlinoise dans ses estampes ornementales (entre autres L. 103, 104, 108) pour être ensuite repris, stylisé et enrichi par Schon-
gauer, par le Maître F. V.B. et par Israhel van Meckenem. Or les fleurs du plafond de l'église de Kozy renouent par leur forme
avec les créations florales du Maître de la Passion Berlinoise.

De même, la végétation des autres plafonds polychromes polonais révèle l'inspiration des grands maîtres de l'estampe
ornementale. Celle du plafond de Grçbien comportant des feuilles allongées, enroulées à l'instar de rubans, et des fleurs
tordues en spirale présente des analogies profondes avec les estampes de Schongauer, alors que les feuilles luisantes et les f leurs-
-fruits de Libusza et de Krużlowa accusent des ressemblances avec les ouvrages graphiques d'Israhel van Meckenem. Dans tous
les cas précités les archétypes ont connu des modifications et des ajustements nécessaires en fonction des dimensions nouvelles
qu'ils devaient prendre pour s'inscrire dans le décor des grandes surfaces.

La polychromie de Kozy étant actuellement l'unique représentante d'une peinture décorative faite d'éléments floraux,
animaux et humains, du moins pour ce qui est d'un territoire compris entre Cracovie, la Haute et même la Basse-Silésie (où il
y a un siècle encore on mentionnait nombre de polychromies pareilles), il est objectivement difficile d'identifier la provenance
de son auteur. Son ouvrage ne révèle pas d'affinités avec les polychromies conservées de la région de Biecz et de Nowy Sącz
(Libusza, Krużlowa) ou de Nowy Targ (Łopuszna, Harklowa). Malgré les analogies de conception générale qu'elle présente
par rapport à celle de Grçbien en Grande Pologne, la polychromie de Kozy en diffère sensiblement et seule peut-être lui
ressemblait la polychromie de Kobylin inexistante de nos jours et qui ne nous est connue que de description.

Bien que les ressemblances entre les personnages du plafond de Kozy et ceux de nombre de triptyques de la Petite Pologne
et de la Silésie soient trop fragmentaires pour qu'on puisse attribuer l'ouvrage qui nous préoccupe à l'un des peintres de ceux-ci,
elles permettent néanmoins d'en attribuer le titre d'auteur à un peintre anonyme, ambulant peut-être, mais ayant pendant
quelque temps travaillé dans la région, et familiarisé tant avec le répertoire des formes décoratives en usage sur toute une vaste
aire s'étendant de la Flandre et de la Pvhénanie inférieure jusqu'à la Hongrie, qu'avec les formes spécifiques que leur imprimaient
les influences locales.

La polychromie de Kozy, datant vraisemblablement des années 1516—-20 fut une fondation seigneuriale des Jastrzçbiec-
-Kozlowski, propriétaires du domaine, leurs armoiries familiales (Jastrzębiec) peintes à l'envers figurant au plafond.

La vogue, au déclin du gothique, des motifs végétaux en tant que toile de fond des représentations picturales est commune
à toute la peinture murale auropéenne de cette époque-là qui mettait à l'honneur une végétation séchée, embrouillée, fantastique
et d'une agitation prononcée en tant que décor architectural, sculptural et pictural; par ailleurs l'inspiration tirée des formes
végétales se retrouve également dans les objets usuels. Ininterrompue depuis les origines de l'art chrétien, la tradition de repré-
senter le paradis sous la forme conventionnelle et allusive des fleurs et des arbres, souvent réduits à une tige végétale, prend,
au déclin de l'époque médiévale, une forme nouvelle — celle d une tonnelle constituée de branches entrelacées. Le baldaquin
des tonnelles imite les voûtes caractéristiques du gothique tardif, dont la charpente reçoit tantôt la forme d'Astwerk, tantôt
celle d'une fleur fantastique. La „petite architecture" des retables, des ciboires et des monuments funéraires est couronnée d'un
baldaquin de branches séchées.

Les paradis fleuris des voûtes et des plafonds offrent un caractère beaucoup plus idyllique que les chefs-d'oeuvre des grands
maîtres du gothique tardif chez qui la végétation revêt la forme tortueuse des branches figées par le froid avec des embran-
chements de tiges coupées. C'est que le décor pictural des plafonds d'églises s'adresse aux simples gens dont il cherche à ranimer
l'imagination. Ainsi le cadre où se meuvent les saints et les bêtes du plafond de Kozy symbolise le paradis et c'est de cette
manière qu'il faut saisir un message plutôt sknple que le peintre, un artiste incontestablement doué mais pas de premier ordre,
a voulu transmettre 'au public populaire par l'intermédiaire de la polychromie.

La file des saints martyrs figurant au secteur le plus proche de l'abside et par conséquent du maître autel traduit l'idée
de leur union indissoluble dans le martyre avec le Christ, ainsi que celle du paradis éternel, récompense immédiate qui leur est
accordée sans qu'ils aient besoin d'attendre le Jugement Dernier. Les palmes, attributs du martyre, symbolisent en leurs mains
à la fois le salut et le triomphe de l'Eglise.

L'abondance habituelle d'emblèmes héraldiques, très caractéristique pour le gothique tardif et considérée par certains
 
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