Aleksandra Kubiak
Le devot palmyrenien s'adresse a ses divinites de la maniere suivante : il les appelle par leurs
theonymes publics,3 par des epithetes, par des expressions distinctes,4 ou meme par raccumulation
de ces trois elements en meme temps. II ąualifie ses divinites de « misericordieuses », « secoura-
bles », « compabssantes », « remuneratrices », « bonnes ».5 Toutes ces epicleses se classifient dans
la categorie qui concerne les ąualites morales et affectives, mais elles dependent de conditions et
fonctions variees. La qualite la plus populaire et frequente dans Lepigraphie palmyrenienne est
« bon ». Elle s'attache autant aux divinites dont le nom courant n'apparait pas qu'aux divinites
nommees par les theonymes varies ou aux collectivites de dieux. De plus, cet adjectif est utilise
seulement dans les textes concernant la vie religieuse, il ne designe jamais une personne humaine.
II peut aussi etre applique dans certains expressions : dkyrn tb’, bon souvenir, btb, en bien et ywm
tb ’, bon jour, mais il faut preciser que ce modę d'emploi est bien moins frequent que la fonction
d'epiclese divine.
Dans cet expose, je voudrais traiter de Lemploi de « bon » comme epithete, comme qualite di-
vine, et de sa signification rituelle, qui etait, sans aucun doute, symbolique pour les habitants de
1'oasis jadis. Cette epithete est associee a des divinites variees, mentionnees dans certains genres
dtinscriptions. Une etude preliminaire de ce dossier devrait nous mettre sur la piste de la signifi-
cation et de la place de 1'epithete dans les rituels a Palmyre.
A QUELS DIEUX EST-ELLE ATTRIBUEE CETTE QUALITE ?
Les dieux non nommes par leurs theonymes propres
Je souhaiterais etudier le sujet en partant des divinites non nommees par un theonyme propre,
parce que Tepithete « bon » est toujours consideree comme un des qualificatifs du soi-disant« dieu
anonyme » — selon Lappellabon de la tradition historiographique — qui apparait dans Tepigra-
phie de Palmyre dans la formule « Celui dont le nom est beni pour Leternite ».6 Les inscripbons
qui lui sont dediees sont gravees sur de petits autels a Lencens. Ils ont ete trouves dans plusieurs
endroits a Palmyre et aussi en Palmyrene, mais presque jamais in situ. La majorite d'eux a ete de-
couverte aux alentours de la source Efqa et un grand nombre vient aussi du Camp de Diocletien.
Les objets sont souvent tres abimes et sans decor particulier, sauf quelques-uns sur lesquels figu-
rent des representations de mains ou de personnages en priere. Neanmoins, les autels portant la
formule « Celui dont le nom est beni pour Leternite » determinee par Lepithete « bon » ne sont ja-
mais decores.
Cet adjectif peut etre accompagne par d'autres qualificatifs : soit un seul, mais les occurrences
sont rares/ soit deux qualificatifs : « bon et misericordieux » ou « bon et compatissant »,8 soit enfin
trois : « bon, misericordieux et compatissant ».9 La plus ancienne inscription datee attestant cette
formule cultuelle vient probablement de la fin du Ier siecle de notre ere, mais elle ne comprend
pas 1'epithete tb ’ qui n' y apparait pour la premiere fois que dans un texte datę de 162.10 La question
3 Comme Nabu, Allat, Yarhibol, etc.
4 Par exemple : « Celui dont le nom soit beni pour 1'etemite » : bryk smh Vlm\ Une ąuestion qu'il faudrait se poser est:
ce titre veut-il dire « celui dont le nom EST beni », ou « que son nom SOIT beni ». En d'autres termes, est-ce un privilege
qu'il a ou qu'on lui souhaite.
5 En palmyrenien : rlpnn’, syd\ tyr’, skr’, tb’.
6 bryk śmh Vlm’, la formule entiere est beaucoup plus precise que le terme « dieu anonyme » que je trouve inapproprie
pour definir la formulation derriere laquelle on peut voir un nom juste de la divinite ou des divinites. Je developperai
cette idee dans ma these sur 1'anonymat divin dans les religions du Proche-Orient greco-romain qui est en preparation.
7 Dans le dossier concernant bryk smh Vlm’ il n'y a que 4 textes qui mentionnent une seule epiclese : CIS II4023 ; CIS II
4053 ; Inv. X1.34 ; Dunant 1971 : n° 29.
8 En palmyrenien : tb’ wrhmri ou tb’ wtyf.
9 tb’ rhmn’ w tyr’.
10 CIS II4001, pourtant le texte CIS II 3996 datę en 125 de notre ere.
228
Studia Palmyreńskie XII
Le devot palmyrenien s'adresse a ses divinites de la maniere suivante : il les appelle par leurs
theonymes publics,3 par des epithetes, par des expressions distinctes,4 ou meme par raccumulation
de ces trois elements en meme temps. II ąualifie ses divinites de « misericordieuses », « secoura-
bles », « compabssantes », « remuneratrices », « bonnes ».5 Toutes ces epicleses se classifient dans
la categorie qui concerne les ąualites morales et affectives, mais elles dependent de conditions et
fonctions variees. La qualite la plus populaire et frequente dans Lepigraphie palmyrenienne est
« bon ». Elle s'attache autant aux divinites dont le nom courant n'apparait pas qu'aux divinites
nommees par les theonymes varies ou aux collectivites de dieux. De plus, cet adjectif est utilise
seulement dans les textes concernant la vie religieuse, il ne designe jamais une personne humaine.
II peut aussi etre applique dans certains expressions : dkyrn tb’, bon souvenir, btb, en bien et ywm
tb ’, bon jour, mais il faut preciser que ce modę d'emploi est bien moins frequent que la fonction
d'epiclese divine.
Dans cet expose, je voudrais traiter de Lemploi de « bon » comme epithete, comme qualite di-
vine, et de sa signification rituelle, qui etait, sans aucun doute, symbolique pour les habitants de
1'oasis jadis. Cette epithete est associee a des divinites variees, mentionnees dans certains genres
dtinscriptions. Une etude preliminaire de ce dossier devrait nous mettre sur la piste de la signifi-
cation et de la place de 1'epithete dans les rituels a Palmyre.
A QUELS DIEUX EST-ELLE ATTRIBUEE CETTE QUALITE ?
Les dieux non nommes par leurs theonymes propres
Je souhaiterais etudier le sujet en partant des divinites non nommees par un theonyme propre,
parce que Tepithete « bon » est toujours consideree comme un des qualificatifs du soi-disant« dieu
anonyme » — selon Lappellabon de la tradition historiographique — qui apparait dans Tepigra-
phie de Palmyre dans la formule « Celui dont le nom est beni pour Leternite ».6 Les inscripbons
qui lui sont dediees sont gravees sur de petits autels a Lencens. Ils ont ete trouves dans plusieurs
endroits a Palmyre et aussi en Palmyrene, mais presque jamais in situ. La majorite d'eux a ete de-
couverte aux alentours de la source Efqa et un grand nombre vient aussi du Camp de Diocletien.
Les objets sont souvent tres abimes et sans decor particulier, sauf quelques-uns sur lesquels figu-
rent des representations de mains ou de personnages en priere. Neanmoins, les autels portant la
formule « Celui dont le nom est beni pour Leternite » determinee par Lepithete « bon » ne sont ja-
mais decores.
Cet adjectif peut etre accompagne par d'autres qualificatifs : soit un seul, mais les occurrences
sont rares/ soit deux qualificatifs : « bon et misericordieux » ou « bon et compatissant »,8 soit enfin
trois : « bon, misericordieux et compatissant ».9 La plus ancienne inscription datee attestant cette
formule cultuelle vient probablement de la fin du Ier siecle de notre ere, mais elle ne comprend
pas 1'epithete tb ’ qui n' y apparait pour la premiere fois que dans un texte datę de 162.10 La question
3 Comme Nabu, Allat, Yarhibol, etc.
4 Par exemple : « Celui dont le nom soit beni pour 1'etemite » : bryk smh Vlm\ Une ąuestion qu'il faudrait se poser est:
ce titre veut-il dire « celui dont le nom EST beni », ou « que son nom SOIT beni ». En d'autres termes, est-ce un privilege
qu'il a ou qu'on lui souhaite.
5 En palmyrenien : rlpnn’, syd\ tyr’, skr’, tb’.
6 bryk śmh Vlm’, la formule entiere est beaucoup plus precise que le terme « dieu anonyme » que je trouve inapproprie
pour definir la formulation derriere laquelle on peut voir un nom juste de la divinite ou des divinites. Je developperai
cette idee dans ma these sur 1'anonymat divin dans les religions du Proche-Orient greco-romain qui est en preparation.
7 Dans le dossier concernant bryk smh Vlm’ il n'y a que 4 textes qui mentionnent une seule epiclese : CIS II4023 ; CIS II
4053 ; Inv. X1.34 ; Dunant 1971 : n° 29.
8 En palmyrenien : tb’ wrhmri ou tb’ wtyf.
9 tb’ rhmn’ w tyr’.
10 CIS II4001, pourtant le texte CIS II 3996 datę en 125 de notre ere.
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Studia Palmyreńskie XII