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BIOGRAPHIE NATIONALE.
tache la dénomination de physicien, employée, au moyen âge, pour médecin, et qui
existe encore dans la langue anglaise, où le mot physic correspond à medecine. Non
content de la faire enseigner dans l’école du palais, l’empereur décréta, par un capi-
tulaire rédigé en 805 à Thionville, qu’elle serait enseignée aussi dans toutes les
écoles monastiques De cette manière, elle devint de plus en plus une branche
réservée aux ordres religieux, et parmi ceux-ci se distinguèrent surtout les anto-
nites, les bogards et les alexiens. Il en était de même delà chirurgie, qui était exer-
cée dans beaucoup de monastères.
Cependant le concile de Reims de fan 1131 et celui de Latran qui eut lieu en
1 139 1 2 3, défendirent expressément aux membres du haut clergé l’exercice de la
chirurgie, sous peine d’interdiction ; celui de Montpellier, qui fut tenu en 1162, alla
même jusqu’à lui enjoindre d’en faire cesser l’enseignement dans leurs écoles; enfin,
celui du Mans étendit, en 1247, au clergé inférieur les mesures décrétées à Reims et
au Latran.
Dans ces entrefaites, des écoles spéciales de médecine avaient été créées en Occi-
dent, à l’exemple de celles que les moines de Saint-Benoît avaient fondées au Mont-
Cassin et à Salerne.
Celle de Montpellier remonte à 1150, et celle de Paris date de l’an 1215, et dès lors
1 art de guérir commença réellement à mériter la qualification de science qu’il n’avait
encore justifiée qu’en partie, bien qu’il ne pût se dégager entièrement d’une quan-
tité de pratiques superstitieuses que la crédulité, et parfois aussi les intérêts de cer-
tains monastères ou de certaines églises, dépositaires de reliques miraculeuses,
avaient accréditées dans le but d’attirer des pèlerinages, des offrandes pieuses ondes
donations, largesses des riches.
L’étude des sciences naturelles, au développement de laquelle contribua si puis-
samment la scission opérée dans la philosophie scolastique par la querelle des réa-
listes et des nominaux, prit, comme nous l’avons déjà fait remarquer, un essor con-
sidérable, surtout dès le commencement du xme siècle, lorsque les esprits se
reprirent avec tant d’ardeur à méditer les travaux d’Aristote. Elle eut une action
directe sur la connaissance plus approfondie des simples et des minéraux, et par
suite sur la médecine, dont il sont les agents les plus ordinaires.
A la même époque nous apparaît le premier écrivain belge qui ait produit un écrit
spécial sur la science médicale. C’est Jean de Saint-Amand, dans le Hainaut, qui
remplissait, en 1200, les fonctions de chanoine à la cathédrale de Tournai, et qui
rédigea, sous le titre de Expositio sive additio super antidotarium Nicolai, un traité
de thérapeutique aussi complet que l’époque le permettait et qui a été fréquemment
réimprimé durant le xve et le xvis siècle. #
Il nous faut franchir deux siècles et demi pour atteindre le deuxième nom qui ait
conquis une place dans la science. Ce nom est celui de Jacques de Partibus ou Des-
parts, de Tournai, qui, reçu docteur en médecine à l’université de Paris en 1409, et
1 Baluzii Capital. Reg. Franc, tom. I, p. 421.
2 Mansi Concil. tom. XXI, p. 459.
3 Ib , p. 528.
BIOGRAPHIE NATIONALE.
tache la dénomination de physicien, employée, au moyen âge, pour médecin, et qui
existe encore dans la langue anglaise, où le mot physic correspond à medecine. Non
content de la faire enseigner dans l’école du palais, l’empereur décréta, par un capi-
tulaire rédigé en 805 à Thionville, qu’elle serait enseignée aussi dans toutes les
écoles monastiques De cette manière, elle devint de plus en plus une branche
réservée aux ordres religieux, et parmi ceux-ci se distinguèrent surtout les anto-
nites, les bogards et les alexiens. Il en était de même delà chirurgie, qui était exer-
cée dans beaucoup de monastères.
Cependant le concile de Reims de fan 1131 et celui de Latran qui eut lieu en
1 139 1 2 3, défendirent expressément aux membres du haut clergé l’exercice de la
chirurgie, sous peine d’interdiction ; celui de Montpellier, qui fut tenu en 1162, alla
même jusqu’à lui enjoindre d’en faire cesser l’enseignement dans leurs écoles; enfin,
celui du Mans étendit, en 1247, au clergé inférieur les mesures décrétées à Reims et
au Latran.
Dans ces entrefaites, des écoles spéciales de médecine avaient été créées en Occi-
dent, à l’exemple de celles que les moines de Saint-Benoît avaient fondées au Mont-
Cassin et à Salerne.
Celle de Montpellier remonte à 1150, et celle de Paris date de l’an 1215, et dès lors
1 art de guérir commença réellement à mériter la qualification de science qu’il n’avait
encore justifiée qu’en partie, bien qu’il ne pût se dégager entièrement d’une quan-
tité de pratiques superstitieuses que la crédulité, et parfois aussi les intérêts de cer-
tains monastères ou de certaines églises, dépositaires de reliques miraculeuses,
avaient accréditées dans le but d’attirer des pèlerinages, des offrandes pieuses ondes
donations, largesses des riches.
L’étude des sciences naturelles, au développement de laquelle contribua si puis-
samment la scission opérée dans la philosophie scolastique par la querelle des réa-
listes et des nominaux, prit, comme nous l’avons déjà fait remarquer, un essor con-
sidérable, surtout dès le commencement du xme siècle, lorsque les esprits se
reprirent avec tant d’ardeur à méditer les travaux d’Aristote. Elle eut une action
directe sur la connaissance plus approfondie des simples et des minéraux, et par
suite sur la médecine, dont il sont les agents les plus ordinaires.
A la même époque nous apparaît le premier écrivain belge qui ait produit un écrit
spécial sur la science médicale. C’est Jean de Saint-Amand, dans le Hainaut, qui
remplissait, en 1200, les fonctions de chanoine à la cathédrale de Tournai, et qui
rédigea, sous le titre de Expositio sive additio super antidotarium Nicolai, un traité
de thérapeutique aussi complet que l’époque le permettait et qui a été fréquemment
réimprimé durant le xve et le xvis siècle. #
Il nous faut franchir deux siècles et demi pour atteindre le deuxième nom qui ait
conquis une place dans la science. Ce nom est celui de Jacques de Partibus ou Des-
parts, de Tournai, qui, reçu docteur en médecine à l’université de Paris en 1409, et
1 Baluzii Capital. Reg. Franc, tom. I, p. 421.
2 Mansi Concil. tom. XXI, p. 459.
3 Ib , p. 528.