ROLAND DE LATTRE.
u xvie siècle, à cette brillante époque de réno-
vation où l’Europe sociale et politique, travaillée
jusque dans ses fondements, équilibrait, pour ainsi
dire, entre Gharles-Quint et François Ier, entre l’absolue puissance des papes et la
prépondérance rivale des dogmes réformistes qui allaient faire de Henri VIH le chef
suprême de l’Église anglicane, l’Europe intellectuelle, ébranlée dans ses croyances et
dans ses institutions, cédait aussi à ce besoin impérieux de régénérescence si univer-
sellement senti. La France, l’Angleterre et l'Espagne reprirent à l’envi le studieux
élan qui, trois cents ans plus tôt, semblait déjà préparer ce mouvement des esprits,
lorsqu’il fut arrêté tout à coup par les déchirements prolongés et les guerres inces-
santes dont ces contrées devinrent le théâtre. L’Italie, qui,seuleau milieudeces com-
motions profondes, de ces cahotements continus, avait en quelque sorte entretenu le
feu sacré des arts, l’Italie moderne, déjà fière de Dante, de Pétrarque, de Boccace, ce
puissant triumvirat qui la plaçait à la tête des nations civilisées, se leva la première,