BERNARD VAN OR LE Y
La grande école de peinture que fondèrent les frères Van Eyck avait jeté un vif
éclat pendant tout le xve siècle, et fait connaître le nom des artistes flamands dans
tous les pays étrangers où l’art se trouvait en honneur. Mais, au commencement du
siècle suivant, le tour de l’Italie était venu. Léonard de Vinci, Michel-Ange et
Raphaël étaient apparus, comme des astres splendides, à l’horizon de l’art et atti-
raient à leur clarté les yeux de toutes les intelligences. Les Pays-Bas eux-mêmes ne
purent se soustraire à l’influence italienne, par laquelle la leur allait être remplacée
pour longtemps. Aussi bien le principe introduit par les deux illustres chefs de la
peinture flamande avait fait son temps. Le sentiment candide et naïf avec lequel ces
maîtres et quelques-uns d’entre leurs successeurs s’étaient appliqués à refléter dans
leurs tableaux tout le monde visible, toute l’œuvre de la création, ce sentiment ne
suffisait déjà plus à l’esprit du progrès. On s’étudia à affranchir de plus en plus
l'homme de la nature qui l’environnait, à mettre davantage en relief l’individualité