GERARD E DE LINGE.
Les traditions des graveurs formés par les conseils de Rubens allaient s’affaiblis-
sant. Vers le milieu du xvne siècle, les artistes belges n’avaient déjà plus ni le grand
style ni la pratique habile qu’on admire dans les ouvrages exécutés sous les yeux de
ce maître illustre. A l’époque où Teniers fut chargé par l’archiduc Léopold d’Au-
triche, gouverneur des Pays-Bas, de faire graver les tableaux de la galerie de
Bruxelles, il se trouva si peu d’hommes de talent capables de coopérer à l’exécution
de cette entreprise, que l’œuvre commencée fut interrompue aussitôt après l’achè-
vement des planches consacrées à la reproduction des peintres de l’école italienne.
Parmi les noms qui se lisent au bas de ces planches, médiocres pour la plupart, on
remarque ceux de Jean Popels, de Tournai; Quirin Boel, d’Anvers; Conrad Lau-
wers, né à Leuze, dans leHainaut, très-inférieur à son frère, Nicolas Lauwers, qui
grava d’après Rubens plusieurs pièces importantes; Fr. Van den Steen, peintre et
graveur au service de l’empereur Ferdinand III; Rombaut Eynhoedts, d’Anvers,
artiste dont le dessin manquait de correction, mais qui travaillait d’une pointe ferme
et décidée. Tous n’étaient pas sans talent; il n’aurait pas été impossible peut-être de
les ramener dans la voie qu’avaient si glorieusement parcourue Vorsterman, Pontius,
Baillu et les autres maîtres de la même école; mais il aurait fallu qu’un homme
supérieur surgit, qui pût prendre sur eux assez d’empire pour les guider et pour
imprimer à leurs travaux une meilleure direction. Teniers, on doit le reconnaître,
était incapable de saisir et d’exercer utilement une pareille influence.
Les arts ont besoin de protection; il faut que (-eux qui les cultivent voient leurs