DES LETTRES
DE M. DE VOLTAIRE.
LETTRE PREMIERE.
A M. HELVETIUS,« Paris.
A Ferney , 2 de janvier,
J E salue les frères , en i?6i , au nom de DIEU et --—
de la raison , et je leur dis: Mes frères , odi profamim. I76la
vulgus et arceo. Je ne longe qu’aux frères , qu’aux
initiés. Vous êtes la bonne compagnie ; donc c’est
à vous à gouverner le public, le vrai public devant
qui toutes les petites brochures , tous les petits
journaux des faux chrétiens disparaisïent, et devant
qui la raison relie. Vous m’écrivîtes , mon cher et
aimable philosophe , il y a quelque temps , que
j’avais palsé le Rubicon ; depuis ce temps je suis
devant Rome. Vous aurez peut-être ouï dire à quel-
ques frères que j’ai des jésuites tout auprès de ma
terre de Ferney ; qu’ils avaient usurpé le bien de
six pauvres gentilshommes , de six frères , tous
officiers dans le régiment de Deux-ponts ; que les
jésuites, pendant la minorité de ces enfans , avaient
A 2
DE M. DE VOLTAIRE.
LETTRE PREMIERE.
A M. HELVETIUS,« Paris.
A Ferney , 2 de janvier,
J E salue les frères , en i?6i , au nom de DIEU et --—
de la raison , et je leur dis: Mes frères , odi profamim. I76la
vulgus et arceo. Je ne longe qu’aux frères , qu’aux
initiés. Vous êtes la bonne compagnie ; donc c’est
à vous à gouverner le public, le vrai public devant
qui toutes les petites brochures , tous les petits
journaux des faux chrétiens disparaisïent, et devant
qui la raison relie. Vous m’écrivîtes , mon cher et
aimable philosophe , il y a quelque temps , que
j’avais palsé le Rubicon ; depuis ce temps je suis
devant Rome. Vous aurez peut-être ouï dire à quel-
ques frères que j’ai des jésuites tout auprès de ma
terre de Ferney ; qu’ils avaient usurpé le bien de
six pauvres gentilshommes , de six frères , tous
officiers dans le régiment de Deux-ponts ; que les
jésuites, pendant la minorité de ces enfans , avaient
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