326
RECUEIL DES LETTRES
LETTRE C L X I.
A ÜVI, DAMILAVILLE,
30 de janvier.
-J e m’étais trompé , mon frère ; ce n’était point /e
1^62. JDejpotifine oriental que j’avais lu en manuscrit. Je
viens (le lire votre imprimé ; il y a de l’érudition et
du génie. 11 est vrai que ce systême ressemble un
peu à tous les autres ; il n’est pas prouvé ; on y parle
trop affirmativement quand on doit douter , et c’est
inalheureuscment ce qu’on reproche à nos frères.
D’ailleurs je suis très-fâché du titre; il indisposera
beaucoup le gouvernement, s’il vient à sa connaît-
tance. On dira que l’auteur veut qu’on ne soit gou-
verné ni par DIEU ni par les hommes ; on sera irrité
contre Helvétius à qui le livre est dédié. 11 semble
que l’auteur ait tâché de réunir les princes et les prê-
tres contre lui ; il faut tâcher de faire voir, au con-
traire , que les prêtres ont toujours été les ennemis
des rois. Les prêtres , il est vrai, sont odieux dans
ce livre, mais les rois le sont aussi. Ce n’est pas le
but de l’auteur, mais c’est malheureusement le résul-
tat de son ouvrage. Rien n’est plus dangereux ni
plus mal-adroit. Je souhaite que le livre ne fasse pas
l’esfet que je crains ; les frères doivent toujours res-
pecter la morale et le trône. La morale est trop blessée
dans le livre d’Helvétius, et le trône est trop peu res-
necté dans ce livre qui lui est dédié.
Les srères seraient bien abandonnés de dieu s’ils
RECUEIL DES LETTRES
LETTRE C L X I.
A ÜVI, DAMILAVILLE,
30 de janvier.
-J e m’étais trompé , mon frère ; ce n’était point /e
1^62. JDejpotifine oriental que j’avais lu en manuscrit. Je
viens (le lire votre imprimé ; il y a de l’érudition et
du génie. 11 est vrai que ce systême ressemble un
peu à tous les autres ; il n’est pas prouvé ; on y parle
trop affirmativement quand on doit douter , et c’est
inalheureuscment ce qu’on reproche à nos frères.
D’ailleurs je suis très-fâché du titre; il indisposera
beaucoup le gouvernement, s’il vient à sa connaît-
tance. On dira que l’auteur veut qu’on ne soit gou-
verné ni par DIEU ni par les hommes ; on sera irrité
contre Helvétius à qui le livre est dédié. 11 semble
que l’auteur ait tâché de réunir les princes et les prê-
tres contre lui ; il faut tâcher de faire voir, au con-
traire , que les prêtres ont toujours été les ennemis
des rois. Les prêtres , il est vrai, sont odieux dans
ce livre, mais les rois le sont aussi. Ce n’est pas le
but de l’auteur, mais c’est malheureusement le résul-
tat de son ouvrage. Rien n’est plus dangereux ni
plus mal-adroit. Je souhaite que le livre ne fasse pas
l’esfet que je crains ; les frères doivent toujours res-
pecter la morale et le trône. La morale est trop blessée
dans le livre d’Helvétius, et le trône est trop peu res-
necté dans ce livre qui lui est dédié.
Les srères seraient bien abandonnés de dieu s’ils