4'^2 RECUEIL DES LETTRES
LETTRE CCI
A M. DAMILAVILL IL
Le 2; de juin.
E S frères des Délices ont reçu les lettres du
"‘J“‘ j9 de juin de leur cher frère. Ils chercheront le
Contrat focial : ce petit livre a été brûlé à Genève
dans le même bûcher que le fade roman d'Emile s
et J. J. a été décrété de pnse de corps comme à
Paris. Ce CmtratJocial ou insocial n’est remarquable
que par quelques injures dites grossièrement aux
rois par le citoyen du bourg de Genève, et par
quatre pages insipides contre la religion chrétienne.
Ces quatre pages ne sont que des centons de Bayle.
Ce n était pas la peine d'ctre plagiaire. L’orgueilleux
Jean-Jacques est à Amsterdam , où l’on fait plus de
cas d’une cargaison de poivre que de ses paradoxes.
L’aflaire de mon frère m’intéresfe bien davantage;
mais, si monsieur le contrôleur général a promis à
un ancien ami , personne ne pourra s’y opposer,
ni être bien reçu à le solliciter. Tout ce qu’on doit
saire, à mon avis , c’est de remontrer fortement qu’il
èst de son intérêt et de son honneur d’employer
utilement un homme qui a été quinze ans utile ; et
je suis persuadé que, par cette voie , on pourra
obtenir un poste avantageux.
Je suis toujours en peine d’un Meslier envoyé à
mon frère pour IVT. le marquis d'Argence , en son
château de Dirac, près d’Angoulème : je prie mon
LETTRE CCI
A M. DAMILAVILL IL
Le 2; de juin.
E S frères des Délices ont reçu les lettres du
"‘J“‘ j9 de juin de leur cher frère. Ils chercheront le
Contrat focial : ce petit livre a été brûlé à Genève
dans le même bûcher que le fade roman d'Emile s
et J. J. a été décrété de pnse de corps comme à
Paris. Ce CmtratJocial ou insocial n’est remarquable
que par quelques injures dites grossièrement aux
rois par le citoyen du bourg de Genève, et par
quatre pages insipides contre la religion chrétienne.
Ces quatre pages ne sont que des centons de Bayle.
Ce n était pas la peine d'ctre plagiaire. L’orgueilleux
Jean-Jacques est à Amsterdam , où l’on fait plus de
cas d’une cargaison de poivre que de ses paradoxes.
L’aflaire de mon frère m’intéresfe bien davantage;
mais, si monsieur le contrôleur général a promis à
un ancien ami , personne ne pourra s’y opposer,
ni être bien reçu à le solliciter. Tout ce qu’on doit
saire, à mon avis , c’est de remontrer fortement qu’il
èst de son intérêt et de son honneur d’employer
utilement un homme qui a été quinze ans utile ; et
je suis persuadé que, par cette voie , on pourra
obtenir un poste avantageux.
Je suis toujours en peine d’un Meslier envoyé à
mon frère pour IVT. le marquis d'Argence , en son
château de Dirac, près d’Angoulème : je prie mon