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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 2
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Jacquemart, Albert: Benjamin Fillon, L'art de terre chez les Poitevins: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0142

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L’ART DE TERRE

CHEZ LES POITEVINS

suivi d’une étude sur l’ancienneté de la fabrication DU VERRE EN POITOU
Par M. Benjamin FILLON

L peut Para^re banal de dire qu’un livre était impatiemment attendu ;
ici, pourtant, ce n’est point une phrase de prospectus, c’est la vérité
vraie. M. Benjamin Fillon annonçant, dans sa Lettre à M. Riocreux
la découverte du lieu où s’étaient fabriquées les faïences dites de
Henri II, avait mis en émoi le monde de la curiosité ; quelque confiance qu’inspirât
un savant dont les travaux sont toujours marqués du sceau de la conscience, on vou-
lait des preuves... Elles ont paru; la question appartient désormais à la critique;
nous allons tâcher de la faire connaître dans sa situation actuelle.

M. Fillon écrit en commençant : « Ge volume est simplement un recueil de notes
destiné à ceux qui s’occupent des origines de nos industries nationales; » on pourrait
donc s’étonner d’y trouver toute une théorie touchant l’influence de la constitution
sociale sur le goût et les produits de l’intelligence. Cette théorie, dont le point de dé-
part est une lettre du numismatiste Lelewel, est certes personnelle à l’auteur, et nous
ne voulons ni la discuter, ni la remplacer par d’autres considérations plus ou moins
contestables. Nous nous contenterons de protester, au nom de l’art môme, contre l’ac-
cusation de barbarie et de servilité que M. Fillon jette en masse à l’époque féodale.
N’ont-ils donc rien inventé, ces illustres maçons qui, dressant les cathédrales aux
voûtes hardies, aux tours élancées, trouvaient dans les plantes du sol français une
source nouvelle de décorations élégantes ? Leur génie substituait une végétation nou-
velle à l’acanthe grecque trop longtemps employée, de capricieux entrelacs aux méan-
dres monotones; il faisait plus encore, libre parmi tant d’esclaves, il savait fronder les
mœurs par des caricatures vengeresses, et les porches des églises et des monastères
montraient à tous, dans les tourments des flammes éternelles, le guerrier oppresseur,
le moine paresseux enclin à la luxure et à la gourmandise. .

L’auteur semble s’adoucir pour l’époque de la Renaissance; et vraiment, nous n’en
voyons pas la raison, car les mœurs et la liberté laissaient alors encore beaucoup à

1. La Chronique des arts, n° 7, page 07.
 
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